Les lecteurs ont adoré son roman "Je dansais", et si on suivait les conseils de Carole Zalberg ?
Le récit d'exil d'un père et sa fille, dont les deux voix, mues par une énergie d'entrailles et tissées sur le fil du rasoir, disent l'abîme qui les sépare : la rage urbaine de la jeune Adama face au mutisme résigné de son père, qui voit comme une malédiction la mort arriver par la main de sa fille inculpée pour un incendie dans la cité.
Les lecteurs ont adoré son roman "Je dansais", et si on suivait les conseils de Carole Zalberg ?
Feu pour feu est un tout petit roman percutant, en forme de confession d’un père immigré à sa fille adolescente, Adama, qui va fouiller au plus profond de l’être. C’est vraiment étonnant et ça ne s’oublie pas.
Dès les premières lignes, on sent bien que ce roman est un aveu qui ne laissera pas insensible. On nous balance la puanteur, les cadavres, le grouillement des bêtes, les rapaces qui rôdent en pleine tête, en quelques mots.
Le père, le narrateur de l’histoire, se souvient de toutes les difficultés rencontrées quinze ans plus tôt pour quitter son pays d’origine et se rendre – dans des conditions où la notion même d’humanité semble se poser – dans un autre pays d’un prétendu Eden occidental, pour donner à sa fille toutes les chances de réussir dans la vie. C’est à elle qu’il s’adresse ; il fouille au plus profond de ses souvenirs, fait ressurgir des moments qu’il aurait souhaité oublier, lui rappelle « tu ne sais rien ».
Mais bientôt, elle saura tout. A l’époque, elle n’était qu’un bébé, aujourd’hui, c’est une adolescente qui bouillonne d’une rage enflammante, qui s’exprime avec les mots et agit avec les codes de la banlieue où ils vivent désormais, déracinés.
Ce texte court de Carole Zalberg (une soixante de pages) est un monologue intérieur, tragique et poétique, au style envoûtant et puissant, dont la beauté et la force est mis avant par les quelques dialogues de rue à peine compréhensibles d’Adama, qui n’a pas su réagir avec les mots à ses combats d’ado, mais avec de stupides actes de vengeance : Oeil pour oeil, feu pour feu. Comment revenir de l’irréversible ?
Découverte de Carole Zalberg dans un opuscule "Feu pour Feu". Monologue lancinant d'un père qui a fuit le génocide de son pays d'Afrique avec sa femme et ses enfants. Seul survivant avec sa fille alors bébé.
Adama a quinze ans, et elle créée le drame avec d'autres filles de sa cité occidentale. Son père lui a caché la violence dont elle est issue et sans le savoir elle répond par la violence, alors que son père s'est efforcé de tout faire pour qu'elle réussisse sa vie.
Mais ici, ce n'est pas le sujet évoqué qui est primordial, non, c'est l'écriture qui fascine. Elle est ciselée comme le travail d'un orfèvre.
Chaque verbe, mot, adjectif est à sa place unique, inamovible.
Totale épure qui nous fait ressentir, vibrer, l'auteur ne fait pas dans la démonstration.
C'est ça le talent de Carole.
Bravo, une autre auteure dans ma liste des "A Suivre".
Je vais donc lire les précédents, trois sont déjà dans ma PAL.
Ce petit roman vous transperce comme une évidence, constat impitoyable d'un monde qui n'est pas fait pour tout le monde, où la barbarie sous toutes ses formes guette les plus faibles. De la violence physique de son pays de départ à la violence morale et quotidienne dans son pays d'exil, cet homme, pourtant honnête et courageux, voit ses pauvres espérances d'une toute petite vie meilleure anéanties par des sociétés pleines de préjugées et d'indifférence. 70 pages suffisent à une formidable écrivaine pour exprimer les plaies béantes d'un monde de plus en plus fou.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !