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Le narrateur de ce roman s'appelle Paul Gauguin. Comme celui qu'on connaît, il est peintre et décrié. Mais à la différence du chef de file de l'école de Pont-Aven, il naît le 7 juin 1968, et s'envole vers la Thaïlande au début des années 1990, à Bangkok précisément, pour créer et se refaire une vie loin des Beaux-Arts d'Occident. Comme le postimpressionniste toutefois, ce sont des femmes qu'il peindra, et certaines sont très jeunes. Pour cela, bientôt, on le vouera aux gémonies. En attendant, il nous raconte son histoire.
Son histoire, c'est d'abord celle d'un enfant, fils d'un père animal et d'une mère plus tendre, qui grandit à Noisy dans la banlieue est de Paris, étudie, se met à peindre, se creuse une place dans l'art jusqu'à son premier voyage vers l'Asie du Sud-Est dont il ne reviendra jamais. Son histoire se mêle alors à celle de Bangkok, ville aux mille récits que ses habitants, locaux, prostituées, touristes ou artistes réfugiés, écrivent jour et nuit. Celles de ses quartiers, ses districts, et que Paul nous rapporte comme des contes urbains, fables parfois mystiques. Mais son histoire, surtout, c'est celle de Tip, prostituée royale dont il tombe amoureux et dont la peau semble faite d'une lumière qu'il lui faudra rendre sur la toile et le film - ou bien crever à jamais. C'est celle des femmes d'après, qu'il croquera sans cesse pour traduire, par les pigments, les vidéos, les gestes, les regards et les airs, l'Art qu'elles incarnent - et qui ailleurs est mort.
De 1990 à nos jours, on le suit, dans les ruelles de cette ville violente et sensuelle, les récits de ses anonymes ou ses stars de bars, ses oeuvres et ses passions. C'est un voyage lointain, le récit d'un Ulysse singulier, exilé en terre thaïlandaise, dont les pinceaux sont les armes, comme les mots celles de Jean-Noël Orengo. Réflexions sur la culture de l'effacement, tentative d'épuisement d'un lieu mythique, roman intime et chef d'oeuvre de style, Femmes sur fond blanc signe son grand retour. Après La Fleur du Capital, il revient en Asie pour peindre avec minutie la fresque flamboyante d'un peintre admiré puis maudit.
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