"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Jacky a débarqué hier soir. Tel qu'en lui-même. Avec sa nouvelle femme, Cécile, une beauté mais pas une beauté tragique comme Véro, Cécile est plus conte de fées. Il a commencé par exécuter tous les mannequins de Nedim à la faux, décapités, avant qu'on rentre. Et tout dévasté son atelier. Tu le connais, il est sanguin. À notre arrivée il s'est calmé, même pas fâché, hospitalité par-ci hospitalité par-là, notre vieille amitié et tout le tralala. Il a aidé Nedim à nettoyer le bazar avec tout le monde. Mais Babette n'a pas confiance. Et quand Babette doute de quelque chose, elle n'a pas besoin de me donner ses motifs, je me range à son avis. ».
Depuis que son épouse s'y est jetée du quatrième étage, Jacky n'a pas remis les pieds à La Vaquerie. Ses retrouvailles avec la propriété familiale sont explosives. Comme avec Tom, son vieil ami, aux prises avec des dettes de jeu. Le passé ressurgit.
La violence aussi, comme un engrenage. Celle d'hommes qui jouent avec les femmes comme le chat avec la souris. Et qui, de leur corps, font un champ de bataille.
Il y a Tom, physique de quasimodo, force de la nature qui a un petit faible pour les jeux de hasard et la mythologie grecque. Il y a Jacky, trapus et sournois, fils d’un richissime promoteur et d’une alcoolique au dernier degré. Il y a aussi Nedim, réfugié syrien, qui enchante la Vacquerie de ses manières et de son mystère. Au milieu de ces hommes, il y a des femmes, Cécile, Babette, Lydie, Géri et le fantôme de Véronique pour laquelle les amis d’enfance s’entredéchirent, des années après le drame. Quel drame ? C’est ce que le lecteur apprendra au fil du récit, à coups de flashbacks et de scènes de ménage à sept. Les mâles réagissent à l’ancienne, ce monde qui change les déboussole : « (…) une jolie femme comme vous, on ne vous embête pas trop parce qu’avec la loi sur le harcèlement, on ne sait plus comment faire un compliment ». Sauf que la torgnole n’est jamais loin du compliment. L’émancipation, l’égalité des sexes, c’e n’est pas trop leur truc, aux gaillards du coin. Ils préfèrent le marivaudage à l’ancienne, et les embrouilles qui vont avec. Et les épouses ? Sous emprise. Dans le roman de Michel Quint, n’est pas le méchant celui qu’on croit. Dans une écriture âpre, sacrifiée sur l’autel des émotions brutes, l’auteur explore la maltraitance féminine. Ses victimes sont émouvantes, elles passent leur vie à effacer leurs bêtises ou à retrouver le gentleman que fut leur homme avant de les tabasser.
L’histoire m’a convaincue. Le huis-clos est poisseux comme il faut, les personnages bien trempés. Mais si j’en apprécie l’énergie, je ne suis pas fan du style de Michel Quint. Il a tendance à lâcher ses mots comme on balance un pourboire sur un comptoir, avec lassitude et reconnaissance. Tant pis pour la syntaxe, dommage pour les phrases.
« Femmes au bord de la nuit » reste un bon roman, genre polar, avec quelques scènes d’anthologie (ex : premier chapitre, final du mariage au « Burlesque »).
Bilan :
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !