Démobilisé à la fin de la deuxième guerre mondiale, après avoir servi dans la marine et participé à la bataille d'Okinawa, Philip Bowman arrive à New-York prêt à se lancer dans la vie professionnelle. D'abord tenté par une carrière de journaliste, il déchante très vite devant le manque d'offres...
Voir plus
Démobilisé à la fin de la deuxième guerre mondiale, après avoir servi dans la marine et participé à la bataille d'Okinawa, Philip Bowman arrive à New-York prêt à se lancer dans la vie professionnelle. D'abord tenté par une carrière de journaliste, il déchante très vite devant le manque d'offres d'emploi. C'est finalement la maison d'édition Baum qui lui donne sa chance en l'embauchant comme lecteur, puis directeur de collection. Très heureux dans sa nouvelle vie, il concrétise son bonheur en épousant Vivian, une virginienne issue d'une riche famille de propriétaires terriens. Le mariage tourne court, Vivian le quittant sans faire de bruit, énonçant l'évidence : ils n'ont rien en commun. Suivront d'autres femmes, parfois libres, souvent mariées. Il sera aimé, quitté, trahi, il aimera, quittera, trahira. Mais ses liaisons ne seront finalement que de simples péripéties dans une existence bien remplie, faite de voyages en Europe, de rencontres avec les auteurs, les éditeurs, de soirées, de sorties, de week-ends à la campagne.
Un héros désincarné qui, s'il éprouve des sentiments, semble loin de toute passion, des femmes objets toujours belles, les pommettes hautes, le nez long, souvent froides, dont on ne connaît jamais les pensées, du sexe à gogo, une cruelle absence des livres -on évolue tout de même dans le monde de l'édition!-, beaucoup de bavardages, de digressions, de détails inintéressants, il faut vraiment faire preuve de bonne volonté pour arriver au bout de cette longue succession d'anecdotes sans grand intérêt. Misogyne, ennuyeux, mondain ...Et rien d'autre ? Ma foi, non !
Né en 1925, l’Américain James Salter est l’un des plus vieux écrivains en activité. Il est acclamé un peu partout dans le monde et notamment en France où plusieurs de ses livres ont été traduits (L’Homme des hautes solitudes, les deux tomes de ses mémoires (Un bonheur parfait et Une vie à brûler), Cassada…). Et rien d’autre, paru l’an dernier aux Etats-Unis, est un roman extrêmement classique, à l’ancienne, presque désuet, qui raconte la vie d’une poignée d’Américains au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Le personnage central est Philip Bowman, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, qui mène une existence sans grand relief: reçu chez lui, dans le New Jersey, comme un héros (statut qu’il réfute), il épouse Vivian, une file de Virginie, rencontre d’autres couples, passe les fêtes en famille, voyage à Londres (où il séduit une femme qu’il retrouvera par la suite), se sépare de son épouse, connaît une nouvelle vie amoureuse, mais aussi des déceptions, des revers, etc. S’il est le fil conducteur du roman, Bowman n’en est pas l’unique protagoniste, loin s’en faut. Autour de lui gravitent d’autres personnages qui, eux aussi, se marient, se séparent, voyagent, ont des difficultés, meurent… Si la lecture du roman est plaisante, elle n’est guère enivrante. Tout ronronne dans cette alternance de longs passages dialogués (volontiers insipides, où l’on parle de tout et de rien, plutôt de rien) et de descriptions fourmillant de détails anecdotiques (descriptions de lieux, de gens, de leurs habitudes, de leurs activités, etc.). Pourquoi pas? La mise en scène du quotidien d’hommes et de femmes qui ne sont les héros que de leur propre vie peut en effet donner lieu à de grands livres. Mais encore faut-il que l’on s’attache à eux et que ces petites choses qui forgent leurs existences, qui ressemblent souvent aux nôtres, soient révélatrices ou formatrices de quelque chose de plus grand. Or, ce dépassement humain, qui me semble être l’objet même de la littérature, sa richesse et sa grandeur, je ne l’ai pas retrouvé sous la plume de James Salter, hélas.