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Aaahhh Nice… son soleil, sa chaleur, sa mer, ses hôtels de luxe, ses bolides rutilants, ses yachts, ses nuits enfiévrées…
Ouaip… oui mais non… chaînes en or qui brillent, mafia, corruption, trafics, rackets, prostitution, drogue, règlements de compte, gros calibres et petites frappes… l’Italie n’est pas loin et ça se sent… le sang coule…
C’est un roman qui fleure bon toutes les réminiscences d’une filmographie à la Scorcese, Coppola et autre de Palma!
Une plume toute masculine pour un monde d’hommes, rugueuse, sanglante et violente! Mais un point positif pour la lectrice que je suis, même si les femmes, ici, ne sont guère mises positivement en avant, le récit n’est jamais vulgaire!
Un milieu d’hommes, donc, avec la mentalité bien méditerranéenne et propre à la pègre: on canarde et on parle ensuite ou on palabre mais on finit toujours par canarder!
La première partie de ce roman s’attache à nous plonger dans la Famille. La « Famiiillia », avec le geste de la main et l’accent, s’il vous plaît! Les Ranzotti. Originaire de Calabre, bien implantée dans la région niçoise, avec des accointances étroites avec le Milieu sicilien. Avec les anciennes générations fidèles au Code de l’Honneur, dans le respect du travail, même totalement illégal, respectueux d’une certaine éthique.
Avec les nouvelles générations, jeunes loups fougueux, plus prompts à étaler et dépenser leur fric, blasés et plus enclins à satisfaire la moindre de leurs envies qu’à respecter les valeurs de la Famille.
Mais tous laissent parler leur rage et leur volonté aveugle de vengeance après le décès par overdose de la jeune Maria. Vendetta, omerta, l’hécatombe peut démarrer…
Et quand une grosse bavure est commise en l’assassinat sauvage d’une mère et de sa toute petite fille, le paradis niçois n’est plus… A fortiori quand ce sont la fille et la petite-fille du Maudit, exécuteur aux yeux d’acier, qui abandonne son jardin de prédilection, l’Amérique Latine, pour fouler à nouveau le sable de la baie des anges… et pas pour la bronzette!
Pour ceux qui me connaissent, ils savent que peu de choses trouvent grâce à mes yeux quand ça vient du sud: j’en déteste la chaleur, la mentalité, le maquis sec, les grandes gueules et le sang aussi brûlant que le cagnard abrutissant… etc… Et lire une 4ème de couv’ annonçant la couleur du sud me tire une grimace…
Oui, vous là, je sais que vous ne pensez qu’à vos vacances au soleil, mais ne me frappez pas, nous ne sommes pas tous sortis du même moule!
Mais comme j’ai adoré le dernier roman de Jacques-Olivier Bosco, Quand les anges tombent, je voulais en connaître davantage… d’où cette immersion contre-nature!
Et bien je ne suis pas déçue car Jacques-Olivier Bosco ne s’est pas contenté de faire parler la poudre et couler l’hémoglobine. C’est un roman noir sur les liens de sang, l’amour, la loyauté, la rivalité, la trahison et surtout… la vengeance!
L’auteur a su nous présenter toute une famille aux caractères bien trempés et bien analysés pour susciter toute une gamme d’émotions. Qu’on les trouve sympas ou qu’on les déteste, ce sont des êtres humains, aux motivations certes douteuses et condamnables, mais avec un ego, un cœur, un honneur. Et qu’importe qu’ils aient le cerveau greffé sur leurs flingues, toutes les petites histoires familiales entre en cohésion pour cimenter le clan redoutable des Ranzotti.
Mon personnage préféré aura été le Maudit, Lucas Murneau pour l’état civil.
Parce que rien n’est plus beau (livresquement parlant car je ne vous veux pas de mal, messieurs… quoique… des fois…) qu’un homme blessé, ayant perdu ceux qu’il aimait, et qui se vengera.
Le Maudit est loin d’être un ange, son sillage est sanglant, son autre surnom est La Muerte, la Mort. C’est tout dire!
Mais j’ai adoré cet homme dur, froid, au regard assassin, à l’allure imperturbable, au sang-froid à toute épreuve, qui alimente sa patience pour servir sa vengeance. Cet machine à tuer est un homme, avec sa sensibilité, cet amour qu’il devait enfin vivre auprès de ses « femmes », sa fille, sa petite-fille, qu’ils n’avaient jamais vues, pour les protéger. Et toutes ses belles émotions en devenir ont rendu l’âme sous le feu des balles.
C’est un être complexe, fascinant, un roc au cœur en berne. Un être charismatique qu’aucune violence n’effraye mais submergé par la peur, l’angoisse et l’émoi devant ces petits bouts de femmes fragiles.
La vengeance est redoutable, tendue, bien orchestrée. L’auteur nous prend aux tripes, le récit est puissant et noir.
Alors merci Jacques-Olivier Bosco, je suis réconciliée avec le Sud… le temps d’un roman!
Et quand je pense que c’était un premier roman, je suis sous le charme… et j’en redemande… surtout sachant que le Maudit revient dans Aimer et laisser mourir… tout un programme!
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