"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Esther, c'est une histoire d'amour(s) au temps des robots. Un roman à mi-chemin de Blade runner et d'un film de Chabrol.
Anton et Maxine forment un couple sans histoires, doucement consumé par la routine. Une nuit, en rentrant d'un dîner, ils découvrent par hasard une lovebot, poupée sexuelle animée et douée d'intelligence artificielle, abandonnée aux ordures. L'irruption dans leurs vies de ce corps, programmé pour le plaisir mais martyrisé dans sa chair synthétique, va bien vite bousculer leur intimité. Mais tandis que la créature retrouve peu à peu vie et révèle des fragments de son passé, ils ne se doutent pas encore que les épreuves qu'elle a traversées la rendent exceptionnelle, et en font la proie d'une traque insoupçonnée.
Ce roman d'anticipation se base sur des questions déjà bien connues des amateurs de romans de science-fiction. La place des robots dans notre société, leur autonomie, peuvent-ils se retourner contre leurs créateurs ? Un robot peut-il ressentir des émotions? Sous prétexte qu'il n'est pas humain, peut-il servir de défouloir ? Ces questions se retrouvent en littérature, on pensera évidemment au fameux cycle des robots d'Isaac Asimov mais aussi au cinéma par exemple dans le film I, Robot. L'auteur se place donc ici sur un sujet déjà bien connu et il faut alors éviter le piège qui consiste à donner au lecteur une impression de déjà lu / vu.
Il faut d'emblée dire qu'Olivier Bruneau s'en sort vraiment bien sur ce plan. Evidemment que ce roman ne viendra pas surprendre les amateurs du genre mais il est parfaitement maitrisé, agréable à lire et, au-delà des questions habituelles, d'autres sujets moins courants émergent au fil du récit. C'est notamment le sujet du couple et de son évolution qui se retrouve rapidement au centre du roman. La routine qui s'installe, les liens avec la famille proche, un ado un peu en crise, une vie sexuelle qui va battre un peu de l'aile... Des situations de la vie de tous les jours qui sont parfaitement mises en lumière par l'auteur.
Les protagonistes sont bien décrits et l'ensemble est parfaitement crédible. C'est la même chose pour un certain nombre de situations relevant de la science-fiction, ce n'est jamais complètement loufoque et c'est donc un livre qui pourra brasser large en intéressant des lecteurs pas forcément initiés à la littérature de genre.
Bien évidemment, la vie des deux protagonistes principaux va être bouleversée par un évènement perturbateur qui correspond ici à l'arrivée d'une lovebot (un robot fait pour être utilisé dans le cadre d'activités sexuelles). Cette lovebot a un passé plutôt trouble et développe très vite des facultés hors du commun. A ce titre, elle va être activement recherchée par l'entreprise ayant créé ces robots (entreprise et dirigeant qui rappelleront sans doute certaines sociétés, encore une fois c'est bien vu !). Avec cette trame narrative, on oscille donc entre le roman de science-fiction, le roman policier, le roman d'action mais aussi le roman engagé par moment.
Forcément, vu l'utilité prévue pour certains robots, on s'attend à ce que plusieurs passages tournent autour du sexe. C'est toujours assez dangereux car c'est un thème délicat à manier dans la mesure où l'on peut rapidement tomber dans l'excès ce qui pourrait rendre la lecture laborieuse. Pas du tout ici, l'auteur n'en fait jamais trop, c'est bien intégré dans la trame narrative du récit, ce n'est jamais trop grossier. L'équilibre est bien trouvé et cela mérite d'être signalé car c'est loin d'être évident.
On notera également quelques éléments appelant réflexion en montrant ce que pourrait devenir notre société, je pense notamment au travail dans les call-center et à cette entreprise tentaculaire... C'est vraiment bien vu et un peu glaçant évidemment bien que le style du roman ne soit jamais oppressant, c'est plutôt tourné en dérision.
L'ensemble tient donc vraiment la route, c'est rythmé, ça fait réfléchir, c'est très agréable à lire, bref c'est une belle surprise. Les éditions du Tripode m'ont habitué à ce genre de roman sortant de l'ordinaire et c'est encore une réussite. Alors, certes les thèmes abordés ne sont pas nouveau loin de là, il y a sûrement des passages un peu faciles dans le récit mais globalement ça m'a bien plu et c'est un roman que je recommande aux amateurs du genre ou bien aux néophytes car tout le monde peut y trouver son compte.
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