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Rompant avec une tradition qui décrit latmosphère monacale des ateliers de copistes du Moyen Âge, ce roman met en scène un scribe très laïque, Raoulet dOrléans personnage réel, il fut lun des copistes attitrés de Charles V , bon vivant, hâbleur, peu chatouilleux sur les mystères de la religion.
Animant un atelier familial au cur de Paris, actuelle rue Boutebrie, il a pourtant copié des bibles à tour de bras mais, incapable détablir le silence et de se concentrer très longtemps sur ses rectangles de parchemin, il a pour habitude de fréquenter les tripots des barrières, ceux de Montfaucon notamment, le grand gibet de Paris.
Au-delà de lintrigue qui se noue autour dun mystérieux faussaire venu simmiscer dans les commandes royales de Raoulet, ce roman en fome de parabole médiévale restitue lombre de limprimerie qui plane sur le siècle et suggère une méditation sur lavènement contemporain du numérique.
Dès les premières pages de ce livre, Michel Jullien nous plonge au coeur de ce Moyen-Age impitoyable. Le décor planté, il nous présente Raoulet d'Orléans et nous emmène dans son atelier. Ecrivain, copiste, calligraphe honnête, cet homme tient plus que tout à rendre un travail correct et veille sur sur ses scribes avec autorité, mais aussi bienveillance, avec l'aide de Maroise, son épouse. Aussi quand il se voit confier l'écriture de deux nouveaux ouvrages, autres que des Bibles, travail qui le lasse un peu, il tient à mener à bien cette tâche.
Je ne pouvais ne pas aimer ce livre, puisqu'il évoque la calligraphie, cet art de la belle écriture si difficile à apprendre.
J'ai été impressionnée par toutes les sensations que relate l'auteur, sensations qu'éprouvent ces copistes, douleurs, concentration, endormissement, comme si lui-même s'y était collé et les avait connues, à son tour.
L'atelier, je le voyais, j'y étais presque, les odeurs remontaient, je sentais l'atmosphère qui y régnait, l'application des scribes, leur savoir-faire, le toucher du vélin, j'entendais crisser les calames.
C'est un rendu puissant et très juste.
Certains passages, relatant le quotidien de cet atelier, sont très drôles. J'ai retenu notamment l'invasion de moustiques et autres moucherons, que la Maîtresse d'atelier cherche à tout prix à éloigner.
C'est un bond dans le passé où le Collège se portait garant des emprunts des livres des étudiants, où tel ou tel ouvrage s'échangeait moyennant un autre de même valeur, où on pouvait aussi "louer" seulement quelques pages, puis revenir pour obtenir la suite... Ce temps si lointain où l'écriture portait la signature du calligraphe, de par sa "façon", où une page pouvait ne ressembler à aucune autre... Une époque menacée bientôt par l'invention de Gutenberg...
Le vocabulaire est très riche, voire ardu, mais après quelques pages on s'habitue.
J'en resterai à ces très belles impressions, ce livre a été pour moi un véritable coup de coeur.
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