"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un soleil nouveau s'est levé sur la France. Est-ce Austerlitz ? Ou bien le sacre ? Au printemps de l'an de grâce 2017, Emmanuel le Magnifique est entré dans l'histoire, costume de banquier et sceptre à la main : jeune prince à la voix grêle, aux régiments start-up, annonçant un monde rénové. Fini, les rois fainéants ! Adieu, les rois chevelus ! Aux oubliettes, François le Petit, gaffeur, trempé, roi de la parlotte à l'embonpoint d'employé modèle. Aux barbaresques, Nicolas le Flambard, et son cortège d'embrouilles à talonnettes !
Après le dernier règne socialiste, voici la nouvelle saison du Royaume made in France : inattendue, pleine d'espoirs, impérieuse. Make France great again ! Dans le temps nouveau, Arcole est sur le câble, et les ennemis se nomment Plenel et Bourdin, non Mélenchon et Olivier Faure...
Entre House of cards et Game of thrones, voici la chronique facétieuse, attendue, hilarante, d'un règne si neuf qu'il ressemble au précédent. Petit guépard deviendra peluche ?
Chaque président espère sa chronique par notre grognard de la littérature : Voici le président Macron servi !
Avec cet opus, Emmanuel le Magnifique (chronique d'un règne), Patrick Rambaud excelle dans l'art de nous présenter Emmanuel Macron en Prince.
Cet auteur, membre de l'Académie Goncourt, avait déjà conté dès 2008, en six tomes, le Règne de Nicolas 1er, alias Nicolas Sarkozy. Puis ce fut au tour de François Hollande avec François le Petit, en 2016.
Ici, donc, pour la troisième fois, il remet ça et nous raconte la campagne électorale et l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Pour comprendre cet homme, l'auteur se réfère à son enfance disant d'ailleurs à ce propos : « Il n'avait jamais été enfant. » En fait, tout son parcours est fortement influencé par les Jésuites d'Amiens et ensuite par Paul Ricoeur. C'est un homme seul qui a toujours eu une ambition démesurée.
Les débuts du règne d'Emmanuel Macron n'ont été que gloire et succès. Tout semblait lui réussir. Mais voilà que quelque bourdes de ministres et l'arrogance de Notre Prince vont faire que Son Peuple n'est plus du tout content et le livre qui s'arrête à l'été 2018, laisse deviner une suite plutôt orageuse.
Patrick Rambaud peut être qualifié de véritable portraitiste caricaturiste doté d'une ironie mordante et d'une grande subtilité, ni bienveillante, ni malveillante. C'est un livre qui se lit comme un roman, un roman désopilant. L'écriture est vraiment truculente. L'écrivain, d'un mot, d'un adjectif nous décrit le personnage lors de ses différentes actions.
C'est ainsi que tout au long de l'ouvrage, Emmanuel Macron va être affublé de plus d'une vingtaine de sobriquets, tous plus ravageurs les uns que les autres, de Notre Tendre Monarque, Notre Fracassante Majesté, Notre Incorruptible Seigneur, Notre Intrépide Potentat, Notre Turbulent Maître, Notre Incandescent Monarque, Notre Roublarde Altesse à Sa Majesté Intempestive.
Emmanuel-le-Majestueux va d'ailleurs recevoir Buffalo Trump, alias le Gros Matamore, ainsi que Vlad le Terrible. N'oublions pas qu'avant d'être élu, il aura eu affaire à Nicolas Sarkozy, alias Nicolas-le-Nerveux, Nicolas-le-Bouillant, Nicolas-le-Perfide, Nicolas-le-Teigneux, au duc de Sablé, François Fillon, à Jean-Luc Mélenchon, le baron de la Méluche, à Marine le Pen, Mademoiselle de Montretout, sans oublier le Monarque enfariné, François-l'Indécis, M. Hollande, et qu'il prendra comme Premier Valet de Chambre, le Duc de Normandie, duc du Havre, Édouard Philippe. J'allais oublier que la baronne d'Auzière était devenue la Princesse Brigitte.
Avec ces mots et qualificatifs bien sentis, Patrick Rambaud bouscule tout sans oublier de pointer les dérives de l'époque. Il a très bien su décortiquer chaque phase de ce Règne. C'est un roman qui se lit d'une traite, qu'il faut absolument lire si on s'intéresse un tant soit peu à la vie politique de son pays et à ses dirigeants.
NB : À noter le bandeau de couverture magnifique qui est un montage construit sur l'image du prince Balthazar-Charles d'Autriche (1629 -1646) que Velasquez représenta enfant sur un cheval. Ici, la figure du jeune prince est remplacée par le visage d'Emmanuel Macron qui brandit un sabre laser.
Patrick Rambaud reprend le principe mis en place avec Nicolas Sarkozy et François Hollande : raconter, telle une chronique du siècle, le « règne » du Président français.
A l’égal d’un Saint-Simon, d’un La Rochefoucauld ou d’une Mme de Sévigné il narre dans ce volume la première partie du règne d’Emmanuel Macron : l’ascension, l’installation à l’Elysée et la bienveillance dont il bénéficie à ses débuts.
Pas de grandes découvertes ni d’analyses politiques dans ce livre qui reste très linéaire dans la narration. C’est plutôt le ton et le style qui font la différence même si je m’attendais à plus de mordant et de satire. Il ne suffit pas d’affubler les ministres ou les proches du Prince de titres de noblesse pour faire de ce récit la critique acerbe qu’on attend. Certes quelques passages sont assez enlevés mais on sent plutôt une certaine bienveillance envers le monarque.
Moins plat toutefois que le livre de Philippe Besson, Un personnage de roman, il manque au livre de Patrick Rambaud un peu plus d’impertinence. Peut-être cela viendra-t-il dans le second tome ?
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