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Le récit poignant d'une veuve et mère de quatre enfants, prise au piège de l'enfer colonial. Mathieu Belezi dévoile ici une autre facette de son talent, aux antipodes de
Moi, le Glorieux. Le livre pourrait se comparer à
Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras et nous offre un portrait de femme mémorable, proche de la Séraphine d'
Attaquer la terre et le soleil.
Dans les années 1860, la France, peinant à peupler le territoire colonisé, offre à la veuve Picard une ferme et 20 hectares de terre en Algérie. Pour échapper à la misère et donner un avenir à ses quatre fils, elle accepte et s'engage à corps perdu dans l'aventure.
Roman de l'obstination et de l'espoir, Emma Picard est la litanie entêtante d'une femme qui, durant toute une nuit, raconte au dernier fils survivant leur descente aux enfers. La pauvreté, le travail acharné, la famine, les sécheresses, les invasions de sauterelles... mais aussi les joies, les rires perçants, l'amour infini d'une mère pour ses enfants, et celui sans illusions d'une femme esseulée pour son amant. Personnage tragique et noble, Emma Picard porte à bout de souffle son destin sur " cette terre d'Algérie qui n'a jamais voulu et ne voudra jamais de nous ".
En avant propos, l’auteur nous confie avoir été inspiré par un percutant récit de voyage de Maupassant (en Algérie) Et qu’il a fait, de la vieille femme – dont parlait le grand écrivain – une Emma Picard, un peu plus jeune … À cette époque, 17% de la population (colons et algériens confondus) avait été décimée, après une suite inimaginable de catastrophes. La réalité dépassant la fiction …
Emma Picard, veuve et mère de quatre garçons (Charles et Joseph adolescents, Eugène et Léon, les plus petits) bernée par l’État français qui lui a offert – en Algérie – vingt hectares d’une terre (aride et pratiquement incultivable) débarque à Mascara puis à Mercier-le-Duc (près de Siddi Bel Abbès) vers 1860. Dès leur arrivée, « leur Arabe Mékika » (qui restera loyal à la famille du début jusqu’à la fin …) les a pris en charge et leur a offert une disponibilité totale et gratuite, en échange du gîte et du couvert. Alors que le pays est censé être pacifié et les colons en sécurité, la violence et le danger sont latents … L’horreur des étés brûlants et des hivers rigoureux sont également autant d’épreuves douloureuses … Et ce choix têtu, malgré l’amour sincère – et pourtant partagé – que lui porte ce révolutionnaire-intellectuel (parisien exilé) Jules Letourneur la culpabilisera définitivement …
C’est auprès de Léon, son petit dernier et unique (survivant ? …) que la pauvre femme va s’épancher sans répit. Se remémorant – encore et encore – de bien pénibles souvenirs. Le prenant « compulsivement » à témoin, au bord de la folie …
Tout est magnifique dans ce formidable roman : aussi bien le phrasé que l’intrigue ou encore la puissance des sentiments exprimés. On lit les premières pages et on ne le lâche plus. C’est beau, c’est fort, c’est poétique. Une de mes plus belles découvertes de l’année. Immense coup de coeur pour cette sublime narration !
À noter qu’il s’agit d’une ré-édition (et un titre raccourci) d’une oeuvre sortie en 2015 (dont je n’avais jamais entendu parler …)
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