Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Chaque lecture d’un livre de Mathieu Belezi me fait le même effet. C’est un véritable coup de poing littéraire ! Impossible d’oublier la voix d’Emma Picard.
Nous sommes en 1860, la France envoie des colons en Algérie pour travailler les terres. Emma Picard, veuve, décide de s’y rendre en espérant offrir une vie meilleure à ses 4 fils dans cette ferme avec 20 hectares à cultiver.
Dans un monologue, sans points, et en italique lorsqu’elle s’adresse à son plus jeune fils Léon, elle raconte son histoire dans une sorte d’urgence. Elle dit cette terre d’Algérie qui ne veut pas d’elle. Elle retrace leur descente aux enfers : la sécheresse, la famine, les sauterelles, les maladies, le labeur, la pauvreté. Est-ce de l’aveuglement ou de l’espoir ? Malgré son obstination, elle ne peut rien contre la nature.
S’il s’agit bien d’un drame, tout n’est pas sombre. Il y aussi les joies simples, la vie en famille, l’amour d’une mère pour ses enfants, son désir pour Jules son amant. Et puis il y a Mékika, « leur Arabe », qui travaille avec eux en échange d’un toit et d’un repas.
Dans l’avant-propos, Mathieu Belezi évoque le point de départ de son roman. Dans un récit de voyage de Maupassant en Algérie, « Au soleil », il y a un passage sur une femme, « une Alsacienne qu’on avait envoyée en ces pays désolés, avec ses quatre fils, après la guerre ». Il donne une voix à cette femme, il en a fait son Emma Picard.
L’auteur ménage un certain suspense jusqu’à la fin. On tourne les pages en sachant qu’un grand malheur s’abattra sur cette femme touchante. Dans ce roman sensoriel, on sent la chaleur nous écraser, on entend la terre craqueler, on tremble avec Emma.
Mathieu Belezi a été mis en lumière en 2023, récompensé par deux prix littéraires (le Prix Inter et Prix littéraire Le Monde) pour son roman « Attaquer la terre », où il écrivait déjà sur la colonisation algérienne, mais à ses débuts. « Emma Picard » est une réédition, déjà parue en 2015 aux éditions Flammarion, mais dont nous n’avions pas perçu l’importance. Frédéric Martin a entrepris de rééditer toute l’œuvre de Mathieu Belezi aux éditions du Tripode. Pour ma part, je m’en réjouis et je serai au rendez-vous pour chaque parution. L’écriture est absolument magnifique.
Merci aux éditions du Tripode pour l’envoi de ce livre et à VLEEL pour la lecture commune.
A noter, comme toujours, la magnifique couverture. Ce livre sera en librairie dès demain et vous l’avez compris, c’est un coup de cœur que je vous recommande, si vous avez le cœur bien accroché !
En littérature, comme dans la vie, il est des rencontres inattendues, absolument magnifiques et inoubliables. C’est le cas avec les Editions Le Tripode, l’un de leurs auteurs : Mathieu Belezi, et son roman : "Emma Picard", une découverte puisque j’étais passée à côté de sa première publication en 2015 sous un titre quelque peu différent.
Très sensible à la couverture d’un livre pour le choix de mes lectures, celle-ci, d’une beauté sans nom, ne pouvait que m’inciter à l’ouvrir. Et l’ouvrir, c’est ne le refermer qu’après le dernier mot. J’ai, en effet, lu ce roman d’une traite, presqu’en apnée et le cœur souvent serré, entraînée par un texte exempt de points, une litanie, un souffle, une suite de mots, une histoire hors du commun… Nous sommes dans les années 1860 et Mathieu Belezi donne la parole à Emma Picard, une femme veuve et maman de quatre fils à laquelle la France offre une ferme et vingt hectares de terre en Algérie. Elle accepte, pensant ainsi pouvoir échapper à la pauvreté et donner un avenir à ses enfants.
Et là, dans le roman, elle raconte, se raconte le temps d’une nuit. Elle parle sans même respirer à son unique fils survivant. Elle s’adresse à lui, par bribes régulièrement intercalées dans sa logorrhée. L’écriture de Mathieu Belezi est une merveille, un chant funèbre et poignant ponctué de rares moments joyeux. L’auteur décrit une Emma volontaire et courageuse qui remet régulièrement l’ouvrage sur le métier. Une Emma qui s’acharne malgré les difficultés. " [elle] qui ai[t] eu le malheur d’écouter ce qu’un homme à cravate assis derrière son bureau de fonctionnaire [lui] conseillait de faire pour sortir du trou dans lequel je me débattais depuis la mort de Gustave…" Les cultures sont brûlées par le soleil d’été, qu’à cela ne tienne, elle arrache, elle replante et la vie repart. Il n’y a plus d’eau dans le puits, qu’à cela ne tienne, Mékika, son "fidèle arabe", attelle l’âne et va à la source lointaine remplir des seaux. Les mots dessinent une Emma têtue, qui s’obstine, jour après jour, à défier les éléments qui persistent à lui mener la vie dure. Elle enjolive une vie d’esclave qui, par moments, réussit à trouver des fleurs au milieu des orties, un peu d’amour au milieu de l’horreur, un peu de vie au sein de la mort. "Emma Picard" est un roman à nul autre pareil, une voix venue de l’enfer, un roman inoubliable.
Ce fut un coup de foudre plus, plus, plus.
Un énorme merci à VLEEL et aux Editions du Tripode pour cette lecture.
https://memo-emoi.fr
En avant propos, l’auteur nous confie avoir été inspiré par un percutant récit de voyage de Maupassant (en Algérie) Et qu’il a fait, de la vieille femme – dont parlait le grand écrivain – une Emma Picard, un peu plus jeune … À cette époque, 17% de la population (colons et algériens confondus) avait été décimée, après une suite inimaginable de catastrophes. La réalité dépassant la fiction …
Emma Picard, veuve et mère de quatre garçons (Charles et Joseph adolescents, Eugène et Léon, les plus petits) bernée par l’État français qui lui a offert – en Algérie – vingt hectares d’une terre (aride et pratiquement incultivable) débarque à Mascara puis à Mercier-le-Duc (près de Siddi Bel Abbès) vers 1860. Dès leur arrivée, « leur Arabe Mékika » (qui restera loyal à la famille du début jusqu’à la fin …) les a pris en charge et leur a offert une disponibilité totale et gratuite, en échange du gîte et du couvert. Alors que le pays est censé être pacifié et les colons en sécurité, la violence et le danger sont latents … L’horreur des étés brûlants et des hivers rigoureux sont également autant d’épreuves douloureuses … Et ce choix têtu, malgré l’amour sincère – et pourtant partagé – que lui porte ce révolutionnaire-intellectuel (parisien exilé) Jules Letourneur la culpabilisera définitivement …
C’est auprès de Léon, son petit dernier et unique (survivant ? …) que la pauvre femme va s’épancher sans répit. Se remémorant – encore et encore – de bien pénibles souvenirs. Le prenant « compulsivement » à témoin, au bord de la folie …
Tout est magnifique dans ce formidable roman : aussi bien le phrasé que l’intrigue ou encore la puissance des sentiments exprimés. On lit les premières pages et on ne le lâche plus. C’est beau, c’est fort, c’est poétique. Une de mes plus belles découvertes de l’année. Immense coup de coeur pour cette sublime narration !
À noter qu’il s’agit d’une ré-édition (et un titre raccourci) d’une oeuvre sortie en 2015 (dont je n’avais jamais entendu parler …)
Algérie 19ème siècle, la colonisation. Deux voix. Celle de Séraphine, femme de colon et celle d'un soldat dont on ne connaitra pas le nom. Deux témoins qui ne se rencontreront pas, deux récits pour décrire l'HORREUR !
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