"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ekoué-Yamba-Ó est le premier roman d'Alejo Carpentier. Il l'écrivit en quelques jours, en 1927, lors d'un emprisonnement pour motifs politiques. Il y raconte l'histoire de Menegildo Cué et de sa famille, des rituels magiques des Noirs de Cuba et de leur vie à la campagne et en milieu urbain. Le récit est plutôt linéaire, encore que l'auteur y établisse parallèlement, en bon musicologue, une sorte de contrepoint de temps et de paysages, réalités vitales dans un milieu où les hommes et leur destin dépendent de forces supérieures cyclopéennes - institutions, croyances -, apparemment sans rapport entre elles du fait de leur diversité, mais reliées par l'affirmation de l'autochtone, du tellurique et du primitif qui régit l'essence la plus profonde du quotidien antillais. Ekoué-Yamba-Ó annonce la théorie du réel merveilleux chère à Carpentier et constitue le premier témoignage de la problématique traitée dans ses romans de la maturité. Histoire de lunes a été écrit et publié pour la première fois en français dans le courant de l'année 1933, sous l'égide de Georges Ribemont-Dessaignes, dans les Cahiers du Sud. Carpentier y reprend les thèmes essentiels de l'afro-cubanisme, déjà traités dans des articles parus dans des revues surréalistes françaises (Bifur, Documents), et qu'on retrouve, transposés, dans Ekoué-Yamba-Ó.
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