Des idées, des pépites, de valeurs sûres pour vos cadeaux de fin d'année
Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d'élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d'une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours - le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l'envahisseur fasciste... Un roman inquiet et mélancolique qui constate l'inanité de toute conquête et proclame que seules l'humanité et la beauté valent la peine qu'on meure pour elles.
Des idées, des pépites, de valeurs sûres pour vos cadeaux de fin d'année
De Laurent Gaudé j'ai lu il y a quelques temps Le soleil des Scorta. J'avoue ne pas avoir aimé, ne pas avoir accroché à l'histoire. Je retente l'expérience avec cet auteur avec ce roman : Écoutez nos défaites.
Assem Graïeb, agent secret français et Mariam, archéologue irakienne. Leur deux voix alternent l'une après l'autre au cours du récit. Une nuit, rien qu'une nuit et cela va changer leur destin.
Et puis il y a Sullivan Sicoh, militaire blessé dans une embuscade. Et encore une multitude de personnages dont les histoires se mêlent et s'entremêlent.
Il m'est très difficile de résumer ce roman tant il est complexe. Il n'y a pas une histoire, mais des histoires qui s'embriquent, se passant à des époques différentes.
Ce qui m'a le plus marqué durant ma lecture, c'est l'écriture. Tout de suite j'ai été enveloppée par la jolie plume de Laurent Gaudé. Une plume exigeante, fine, lyrique et tellement belle. Je me suis plus laissée portée par ses mots que par l'histoire.
Assem agent de renseignement et exécutant est fatigué de sa vie errant. Lors d'un séjour, il rencontre brièvement Mariam archéologue Irakienne mais garde son souvenir dans son coeur.
Après plusieurs missions difficiles, il s'interroge sur les violences que tous les conquérants ont infligés aux hommes et dont les victoires guerrières ont provoqués tant de morts.
Maryam elle se bat pour sauver le patrimoine et les trésors que certains ont pillés et que les djiadistes détruisent actuellement.
Selon les époques, les conclusions sont toujours les mêmes!! et l'histoire se répète.
Une analyse fine des guerres, des défaites et des victoires. Tous les personnages, d'Hannibal aux deux héros sont attachants. Du grand Gaudé !
Échec ? Défaite? « Ce sentiment étrange que quelque chose se présente qui vous engloutira et à quoi on ne peut se dérober. »
Assem Graïeb est agent dans les Services depuis plus de dix ans. Est-il en guerre? Est-il victorieux en mettant en œuvre la vengeance de l’État français? A la veille de partir à Beyrouth sonder un ancien collègue sorti des rangs, il rencontre Mariam, une jeune irakienne chargée de sauver des œuvres d’art des musées et sites dévastés par les guerres du Moyen-Orient.
Ils sont tous deux à un tournant de leur vie, se posant des questions sur leur engagement, leur futur incertain.
« L’homme est allé si loin qu’il n’en était plus un. »
Laurent Gaudé ne se contente jamais d’une banale rencontre. Un souffle épique, l’odeur des champs de bataille inondent souvent son récit. Il convoque ici trois grandes figures de guerre. Hannibal entraîne son armée d’Ibères, de Gaulois et de Numides contre les troupes romaines.
Grant lutte à la fois contre l’alcool et les confédérés en pleine guerre de Sécession.
Hailé Sélassié, empereur d’Ethiopie s’élève contre l’Italie fasciste.
« comme la défaite est longue…Il faut la vivre totalement, jusqu’au bout, avec ces instants où l’on se prend à y croire encore, ces appels à l’aide auxquels on ne peut pas répondre, ces amis qui meurent, ces trouées superbes- le soleil parfois, la beauté des lieux…Comme c’est long…L’odeur de la poudre et du sang partout. »
La défaite, la violence des hommes lient tous ces personnages historiques et actuels. Chaque génération clame « Plus jamais ça! » puis perpétue la violence ignorant les leçons de l’Histoire.
Et pourtant, la voix du poète scande « Ne laissez pas le monde vous voler les mots »
Il ne peut y avoir de renoncement. Les romans de Laurent Gaudé sont comme des voix qui commencent par murmurer pour monter en puissance jusqu’à la consécration. Assem et Mariam, deux regards sur la Méditerranée, sur les anciens champs de bataille gorgés de sang se font face à des milliers de kilomètres, portés par l’espoir « de mondes sans pareil ».
Assem Graïeb est un agent secret français. Son personnage, son identité, ont été formées par des années d’obéissance aux ordres, de meurtres au nom de la patrie, de soumission à son destin. Mariam est une archéologue irakienne, qui consacre sa vie à la recherche et à la sauvegarde des trésors de l’art.
Une rencontre fortuite, en Suisse, au hasard de leurs déplacements professionnels. Une nuit qui les marque et les poursuit, les nourrit aussi.
Assem y trouve la compréhension muette, dans un moment de doute. Mariam le réconfort d’un homme sans question, après une rupture amoureuse qui l’a laissée hébétée, et l’annonce d’une grave maladie.
Ces deux-là ont en commun de n’avoir pas douté, de leur amour, de leur passion, de leurs choix de vie, jusqu’à ce qu’une rupture, une fatigue, des questionnements, les assaillent. Alors les esprits s’envolent, les réflexions pèsent, les enjeux se perdent… C’est le temps de la défaite.
On suit alors Assem dans une dernière mission, à la recherche d’un soldat qui a changé de camp, et qu’il est chargé d’évaluer afin de déterminer s’il pourra vivre, ou devra être éliminé. Mais ce soldat, devenu chef mafieux, n’est-ce pas lui qui va l’évaluer, et le faire se retourner sur son parcours, ses choix ou non-choix ?
J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans cette histoire, je m’y suis d’ailleurs reprise à deux fois. Mais la deuxième a été la bonne ! Il m’a fallu comprendre que je naviguais dans le temps et l’espace, entre Assem et Mariam dont les déplacements et les pensées se croisaient, mais aussi sur les traces de héros d’un autre temps, qui eux aussi ont connu succès puis défaite : le général Grant, victorieux de la guerre de Sécession aux Etats-Unis, poursuivie par la boucherie des combats ; Hannibal marchant sur Rome à la tête d’une armée gigantesque ; Haïlé Sélassié, dernier empereur éthiopien, luttant contre la domination de l’Italie fasciste… Autant de personnages affrontant, plus que des échecs, une défaite personnelle, contre laquelle ils ne peuvent rien.
Malgré tout, ce roman dit l’espoir, pour Mariam et Assem notamment, l’espoir d’une autre vie, de l’amour aussi qui, même s’il n’est qu’hypothétique, n’en demeure pas moins une lumière dans leur vie.
Un roman étrange, inattendu, qui m’a charmée après quelques efforts.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2018/04/01/ecoutez-nos-defaites-de-laurent-gaude/
Laurent Gaudé confirme sans cesse son grand talent avec des récits, des pièces de théâtre et surtout des romans comme La mort du roi Tsongor et La porte des enfers.
Avec Écoutez nos défaites, il réussit le prodige littéraire de mêler adroitement l’histoire de Mariam qui se bat pour sauver les trésors d’archéologie menacés par l’État islamique, et d’Assem qui travaille pour les services secrets, faisant office de chasseur, de tueur de la République, avec Hannibal, Hailé Sélassié et le général Grant.
Alors que rien ne semble réunir ces personnages historiques, l’auteur nous plonge dans les moments les plus importants de leur vie, succès ou défaites : « celle du temps qui nous fait doucement plier, celle de la vigueur que l’on sent s’amenuiser et disparaître. »
Tout commence à Zurich avec la rencontre de Mariam et Assem. Elle parle de ses fouilles en Égypte et de son travail d’archéologue. Avant de le quitter, elle lui confie, à son insu, une précieuse statuette du dieu Bès.
Brutalement, Laurent Gaudé nous plonge en pleine guerre de Sécession, dans les pas de Grant puis c’est Hailé Sélassié, le Négus, en Éthiopie, qui fait face aux troupes de Mussolini et enfin Hannibal qui, depuis Gibraltar, l’Hispanie et les Pyrénées, vole de victoire en victoire pour renverser Rome.
Nous suivons Mariam et Assem au Proche-Orient, en Afrique du nord, autour de cette Méditerranée qui concentre tant d’Histoire tout en ne perdant pas de vue les batailles menées par Hannibal, Grant et Hailé Sélassié. C’est précis, documenté, passionnant et très instructif.
Les belles pages de nos livres d’Histoire, ces batailles notées en caractère gras ou simplement évoquées avec un brin de nostalgie ou de fierté se sont avant tout soldées par des montagnes de cadavres, de vies brutalement interrompues pour qui, pour quoi ?
Depuis toujours, on élimine, on supprime des adversaires gênants : « On ne peut partir au combat avec l’espoir de revenir intact. » Pendant ce temps, Mariam apprend qu’ils ont pris Mossoul et qu’ils détruisent les trésors de l’archéologie à la disqueuse, à l’explosif, saccageant les musées et les sites, reflets d’une civilisation depuis longtemps disparue.
Grant, on l’appelle « Le Boucher » : « La boucherie, voilà ce que c’est la guerre. ». Hannibal fait massacrer 15 000 hommes puis 45 000 : « 45 000 corps qui mettent des jours, des semaines à se décomposer. Elle est là, sa victoire, laide comme une boucherie sans nom. ». Le Négus fuit son pays, signe la fin de la Société des Nations incapable d’arrêter l’invasion de son pays : « Les empires croissent, prospèrent et tombent. »
On massacre, brûle, détruit depuis que l’homme est sur terre comme lors de cette guerre civile entre Nordistes et Sudistes pour enfin en finir avec l’esclavage. Lincoln appelle à la réconciliation car « On ne fête pas la victoire dans une guerre civile. L’ennemi d’hier est le voisin de demain. »
À Canne della Battaglia, des vignes ont poussé là où 45 000 Romains ont été tués. Khaled al-Assaad a été martyrisé à Palmyre alors qu’il défendait son musée… Mariam pense à lui et à Assem dans le cimetière marin de Sidi Bou Saïd, proche de Carthage et du musée du Bardo qui revit sans oublier le drame. Alors, écoutez nos défaites pour apporter, enfin, douceur et sérénité.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2019/08/ecoutez-nos-defaites-par-laurent-gaude-actes-sud-lemeac-2016-281-pages-babel-2018-288-pages-laurent-gaude-photo-ci-contre-confirme-s
Très fort, comme toujours.
Mon premier Gaudé. Pris au hasard sur une table, dans une librairie. Je connaissais l'auteur de nom, mais seulement. Une première rencontre foudroyante. On suit six destins, trois contemporains et en parallèle trois autres destins historique, plongés dans l'Histoire avec un grand "H" et dans l'histoire actuelle. Le récit est clair, on ne trébuche pas sur les phrases. Ce roman a été mon coup de cœur de février 2017.
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