"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cela commence par un enterrement. Cela finit par un enterrement. Entre les deux deux, le mort raconte sa vie. Et quel enchantement ! Des années 1970 à nos jours, toute son entreprise va précisément consister à esquiver la vie et ses contraintes. Et ce jeune, puis moins jeune, puis vieux fils de famille va de maison en maison, de campagne en ville, et d'une ville dans une autre ville, véritable gitan de luxe qui promènera à travers la France sa grande intelligence offusquée par la vulgarité des temps.
Mélancolique et satirique, virtuose et touchant, voici l'éblouissant premier roman d'un jeune homme qui semble avoir mille ans.
Né en 1960, mort en 2009, le narrateur entreprend de raconter sa vie entre ces deux dates. Facilement misanthrope, en décalage par rapport à son époque, il déroule le fil d’une existence sans réel relief, oisive, oiseuse, inutile. Des images lui reviennent, des vacances familiales dans un château solognote, de son enfance parisienne, de ses escales à Strasbourg ou Brest ou Lyon. Sa famille, ses rencontres, ses amours homosexuelles, sa recherche constante d’un sens à tout cela, d’un supplément d’âme à une vie sans souffle héroïque, sans révolution, sans évolution.
Une curiosité littéraire qu’on entame avec allégresse avant de s’enfoncer dans le gouffre sans fond des délires stylistes d’un auteur qui se prend au sérieux. Ecrit avec un dictionnaire des synonymes et le pari (tenu) de gagner le concours de la phrase la plus longue, Du temps qu’on existait ne s’embarrasse ni d’une intrigue, ni de susciter l’intérêt d’un lecteur anesthésié à force de descriptions à rallonge, de métaphores ésotériques, de digressions insupportables. Le style se veut flamboyant, proustien, il est juste alambiqué.
A titre d’exemple : "Je préférais pourtant distraire les attentions sur les flutas dans les bocaux, le visage de formosan battu de mon oncle, sur les passacailles que nous dansâmes, sur le pekoe qu'on but, le peppermint".
Et c’est ainsi tout au long des 359 pages. Une succession de phrases souvent incompréhensibles. Une lecture épuisante et vaine. A fuir !
c est un très longue litanie de mots, de phrases décrivant des lieux , des paysages, des personnages et des états d'âme du narrateur. Des retours en arrière incompréhensibles ; des dates des lieux tout se mélange dans cette suite de phrases décousues. Est ce une performance littéraire ?
J'ai en mémoire la chronique du "Masque et de la plume", qui saluait la précocité d'un talent si prometteur que certains critiques laissaient échapper des comparaisons à Proust. Du Temps qu'on existait est un assemblage maladroit de mots plus ou moins recherchés qui participe à la construction d'un récit du non-sens et se complaît dans une poétique bancale et atonale. Depuis cette chronique de l'émission de France Inter évoquée plus haut, je ne tiens plus compte des critiques de Monsieur Garcin...
Pour un premier roman, de plus écrit à 15 ans, c'est incroyable la richesse de la langue. Malgré tout quelques défauts demeurent dans les premières pages mais elles s'estompent assez vite pour laisser place à une contemplation sur le temps qui passe, sur les magnifiques passages bucoliques. On ne peut faire autrement que de penser à Proust en lisant ce livre, un auteur qu'il n'avait pourtant pas lu durant la rédaction de ce roman qui pourrait paraître anachronique tant il est aux antipodes de ce qui se fait aujourd'hui en littérature ou c'est le minimalisme qui prime bien souvent. Les dernières pages qui traitent de l'enterrement sont grandioses.
Un texte époustouflant, des mots imbriqués comme un kaléidoscope qui créent une poésie inouïe, donc on ressent un intense plaisir à lire, à passer de mot à mot et à recevoir des images nouvelles, inattendues et subtiles, malheureusement l’histoire est lourde de décadence et de désespoir, le roman n’est pas parfaitement structuré et on se perd dans un dédale temporel et géographique, (néanmoins à l’image du héros me direz-vous). L’auteur, 19 ans aujourd’hui, a écrit ce roman à 15 ans, époustouflant tout de même… A suivre
Habitant en région centre, je ne pouvais pas rater la lecture de ce roman écrit par un jeune prodige orléanais de 19 ans. Prodige par son style littéraire, d'autant plus qu'on apprend qu'il a commencé à écrire ce roman vers 15 ans.
Marien Defalvard connaît et maîtrise les figures de style et le vocabulaire . Il joue avec les mots et les expressions.
Le narrateur nous entraîne dans son sillage depuis sa douce vie enfantine à Sacierges, grande demeure et vie bourgeoise qui resteront le regret de sa vie jusqu'aux différentes villes du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest de la France.
Ses descriptions de Paris, Brest, Strasbourg et Lyon sont d'une grande précision, d'une réalité enrichie des observations des rues, des monuments et des climats.
Il nous dévoile aussi ses rencontres avec Paul Bonhomme ou François qui ajoutent encore du relief à ses villégiatures. Il évoque peu sa famille, ses parents, une de ses soeurs, un des ses frères mais l'on perçoit une faillite familiale, des regrets, des incompréhensions. Le concret est un peu flou dans cette trop grande volonté de description spatiale.
L'auteur gagnerait à maîtriser davantage ses élans littéraires, fougue de jeunesse peut-être.
Même si je me suis régalée de cette description du jeu de Monopoly sur cinq pages ou des peintures hautes en couleur des villes et des paysages, j'aurais aimé davantage de fond dans l'histoire de sa vie.
Si le lecteur cherche des faits, une histoire, ce ne sera pas vraiment dans ce premier roman. Ici, c'est le style qui prime et le sentiment pessimiste et mélancolique l'emporte.
Ce roman va enthousiasmer certains et en décevoir d'autres. Quant à moi, je reconnais le potentiel littéraire, j'apprécie la richesse du style mais j'espère que la maturité apportera à l'auteur la maîtrise de ses envolées littéraires et lui permettra de nous offrir une histoire plus concrète. C'est indéniablement un auteur à suivre.
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