Spécial Rentrée littéraire 2014 avec les Explorateurs... Les Explorateurs ne sont pas d’accord, mais pas d’accord du tout sur certains romans de cette rentrée, et ils le font savoir, arguments à l’appui. Le Pour-Contre (épisode 5/5) de Jean-François et Dominique au sujet du livre Du Sexe de Boris Le Roy, éditions Actes Sud
Tout au long de ce roman, nous suivons les utopies d’Eliel, un statisticien bien étrange. Eliel, qui porte un prénom qui signifie « Dieu est Dieu ». Le lecteur comprend alors très vite que ses parents, ou l’auteur, l’ont tout de suite placé bien haut.
Son frère Simon, très fils à sa mère, une « féministe de la deuxième génération », est un politicien qui vient d’apprendre son inéligibilité. Il doit trouver un moyen de vivre, et décide de vendre l’appartement qu’il a en copropriété avec Eliel. Celui-ci refuse, jusqu’au moment où il rencontre Hana, la fille secrète du président en exercice. Et surtout, lorsqu’il décide de monter une équipe gagnante pour les prochaines élections, équipe qui va prôner la parité complète en politique et dans la vie publique, et qui devra être composée de Simon et Hana.
Car en fait, la voilà cette super idée : Et si son frère et Hana se présentaient ensemble au même poste ? L’égalité parfaite dans la fonction partagée, la complémentarité, l’union des deux sexes.
Et ces deux sexes, par ailleurs, ils s’agitent, se vautrent, s’accouplent, de bien des façons, car Eliel est accro au sexe, avec toutes les femmes qu’il rencontre, depuis toujours, partout et de tout le temps.
L’essentiel du roman tient dans la mise en place de cette idée farfelue et novatrice que pourrait être la complémentarité absolue « homme-femme » dans la vie publique.
Au fil des pages on découvre les rencontres entre Eliel et les femmes, entre Simon et Hana, Simon, Eliel et leur mère, si présente et pourtant en apparence si égoïste, Hana et son père, ce président en exercice (toute ressemblance avec des situations existantes, etc., etc.). Amour entre les personnages, haine parfois, sentiments étranges et peu partagés, ou si mal, tout s’emmêle un peu. Mais on y comprend la difficulté des sentiments, femme et homme, mère et fils, père et fille, qui sont parfois exagérément poussés dans leur complexité, et en même temps qui auraient vraiment gagné à être plus fouillés.
Et surtout, et toujours, ces scènes de sexe qui viennent s’intercaler au milieu, plutôt torrides, sans retenue, dont on se demande parfois ce qu’elles viennent faire là, si ce n’est qu’elles sont le fil conducteur du roman.
J’ai eu un mal fou à rentrer dans cette histoire et surtout à finir ce roman. Je me suis surprise à piquer du nez sur ces pages bien souvent…Le style ne m’a pas plu. Trop alambiqué. C’est également compliqué de suivre ces personnages parfois appelés par leurs prénoms, puis l’ainé, le cadet, le chef d’entreprise, l’amant, ou qui parfois paraissent indéterminés, et cela change sans cesse, y compris dans le même paragraphe ou le même chapitre. Les phrases sont souvent longues, le rythme peu agréable dans l’ensemble.
C’est un livre qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Dommage car la trame de la parité absolue portait une promesse à mon avis non tenue.
Si la parité homme-femme n’existait pas, il faudrait la créer. Deux hommes amoureux de la même femme, fille cachée du président de la République, recourent à l’outil politique pour atteindre leur objectif.
Le sexe, l’économie et la politique sont les outils en trois dimensions de ce livre.
Le sexe, décrit dans sa bestialité, est omniprésent à commencer dans toutes les têtes faisant du monde une machine à désirs.
La politique y apparaît dans ce quelle a de plus manipulatrice, la séduction, la mauvaise foi et l’ironie étant ses bras armés.
L’économie est un modèle à une équation sexuelle, chaque acteur devenant client et/ou commerçant. La généralisation planifiée de la parité se transforme en une utopie totalitaire.
L’amour est ramené à un reflet narcissique d’un homme à la recherche d’un autre soi-même. De malentendus en fantasmes ratés, en dépit de quelques clins d’œil sympathiques, « Du sexe » apporte plus de signaux de désillusion que de moments jouissifs, loin des relations amoureuses idéalisées. Un livre à prendre au second ou au troisième degré, très inégal, balançant entre érotisme, réalisme, et course au bonheur !