C’est un roman mélancolique où l’on suit une femme mariée, Maria, dévorée par le craving et la consommation d’alcool ainsi que le délitement de son couple. Il y a parfois quelques longueurs mais le rythme est là, des redites comme une musique lancinante, qui martèle l’inévitable : la fin de tout.
La violence est sous-jacente, perceptible, mais moins exposée que d’habitude dans les œuvres de DURAS. Maria se met à vouloir sauver celui qui a tué sa femme et son amant, elle a un comportement ambigu et destructeur pour son enfant de 4 ans, elle oscille entre l’amitié et le rejet pour Claire, sa meilleure amie partie en vacances avec eux en Espagne, et l’image qu’elle lui renvoie d’elle quand elle était encore belle et désirable. Maria a baissé les bras. Parfois elle a l’air d’un animal, d’une sauvagerie primaire, d’une tristesse abyssale. Maria ne pense-t-elle pas d’ailleurs que même « les étoiles donneraient à pleurer » ? (p.418, édition du Club France Loisirs).
L'eau, comme des larmes, la recouvre tout le temps : l'orage, la sueur, la douche. Les répits sont rares.
Pourtant, c’est elle qui agit devant la lâcheté de Pierre qui hésite entre le confort de sa vie de couple (et sûrement une certaine fascination pour une Maria incroyablement vivante et rêveuse entre deux manzanillas ou cognac) et l’ersatz de Maria représenté par Claire. Ce même homme qui lui dit qu’on peut arrêter de boire si on en a la volonté.
Dix heures et demie du soir en été, c’est le moment de bascule : Maria entre en contact avec l’assassin conjugal. Va-t-elle le sauver ? L’aimer ? Le tuer ? Rien, évidemment rien de tout cela, jamais rien de romanesque avec DURAS.
Relation triangulaire comme souvent chez Duras. La perte lente de l'être aimé, la violence de la jalousie et de l'irruption de la nouvelle femme au sein d'un couple. Un crime. L'été décrit par Duras une bonne fois pour toute, et depuis tous les écrivains, petits et grands, s'y collent !
C'est l'été, c'est les vacances en Espagne. Un couple, leur petite fille, et une amie, passent la nuit dans l'hôtel d'un petit village, coincés par un orage qui n'en finit pas, à une journée de voiture de Madrid. Un crime passionnel a lieu au même moment. Il fait chaud, il fait moite, on boit des manzanillas à n'en plus finir, on transpire... C'est l'histoire de la fin d'une histoire d'amour, les prémices d'une autre. Ce moment où rien n' a encore eu lieu, mais où déjà les cartes sont jouées. Maria, spectatrice de la fin imminente de son couple, se lance à corps perdu dans le sauvetage de l'homme que tout le village recherche. Le temps est court, 24 heures. L'atmosphère étouffante. Les choses ne sont pas dites, on mange plutôt des langoustines sous l' harassant soleil madrilène. J'en suis ressortie au bord de l'insolation et la peau salée. Mon premier Duras, sous les conseils de Solange te parle!
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