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J'ai mis en route l'enregistreur et Wally a parlé durant des heures, comme si une digue s'était rompue et que les mots pouvaient enfin remonter le cours de son histoire. L'histoire d'une famille juive polonaise venue s'installer en banlieue parisienne en 1926, qui s'est trouvée emportée par les tourments du milieu du XXe siècle. Wally s'est rappelé ces années où elle a dû se cacher avec ses soeurs dans un village proche de Grenoble.
Une vie de faim, de froid, d'attente de ses parents et de son frère déportés. Elle s'est également souvenue de ces jours où elle a découvert la montagne, la nature, l'amitié et l'amour.
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C'est à vous de désigner pour votre BD préférée !
Aujourd'hui je vous présente un album traitant de la seconde guerre mondial et du chemin de croix d'une famille juive alors que les rafles se font de plus en plus nombreuses en France.
Si je devais classer ce roman graphique je dirai que c'est un documentaire illustré. En effet il relate un témoignage historique et non une histoire en temps que telle.
De Paris à Grenoble c'est avec wally comme voix off que nous allons découvrir ses planches à l'aquarelle. Avec une colorisation sombre au moment du moment retranscrire les durs évènements vécus et beaucoup de couleurs lors des quelques moments de plaisir de wally le choix du dessinateur s'avère très juste.Ces planches chargées d'histoire et d'émotions m'ont captivé, j'ai suivi avec beaucoup d'attention le déroulé des événements qui furent en plus très instructifs.
Car oui, comme un petit bonus, de nombreuses recherches réalisées par l'auteure sont présentes en fin d'album pour compléter le récit. Et ça je valide !
En bref cette BD historique propose une adaptation réussi. Charges en émotions mais aussi très enrichissante elle plaira à coup sur aux fans d'histoire ... comme au lecteur qui souhaite vivre une bouleversante aventure.
Deux hivers un été est une magnifique BD qui raconte par la voix de Wally, le destin de sa famille juive polonaise, et notamment les années, sous l’occupation, où elle et ses sœurs, envoyés par leurs parents, ont dû se cacher dans un village proche de Grenoble, Corenc.
Herman Danzig fait du tourisme à Paris, le 3 août 1914, le jour où l’Allemagne déclare la guerre à la France. Austo-hongrois, il est considéré comme ennemi. Il est fait prisonnier civil et enfermé dans un camp d’internement. Libéré, il rentre à Leipzig. Il se marie bientôt avec Chana. Tous deux sont originaires de Brody en Pologne. Wally naît le 20 mars 1926. Avant elle, sont nés son frère Béno en 1921, ses sœurs Marie-Erna en 1923 et Bella en 1924. Wally n’a que 6 mois quand la famille part s’installer en France. Son père malgré son internement est resté nostalgique de notre pays, attiré par la culture, la littérature et la cuisine. Par souci d’intégration, ils franciseront même leurs prénoms et en 1932, naîtra la petite Jackie.
À force de travail, ils parviennent à faire prospérer leur activité de confection et à acquérir une relative prospérité économique, se créant une nouvelle vie, jusqu’en 1940. Ce sont cependant des années malheureusement jalonnées d’événements qui conduiront à l’irrémédiable. Ce sont Janvier 1933 où Hitler est nommé chef du gouvernement en Allemagne, Août 1934 où il proclame l’avènement du IIIe Reich, la terrible « nuit de cristal » du 9 au 10 novembre 1938 et enfin l’invasion de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre 1939, avec pour réaction la déclaration de guerre de la France et l’Angleterre à l’Allemagne le 3 septembre 1939.
Dès 1940, les Allemands ordonnent un recensement des Juifs et « Interdits après interdits, notre monde rétrécit. » et « Insidieusement, le piège se referme sur nous. » Une pleine page illustre d’ailleurs cette réflexion sous une forme très explicite.
En 1941, tout s’accélère, les mesures anti-juives tombent en cascade et les rafles commencent.
À partir du 7 juin 1942, le port de l’étoile jaune pour les Juifs devient obligatoire. C’est peu après que les parents décident d’envoyer Wally et ses sœurs dans le petit village de Corenc, au-dessus de Grenoble.
Ce sont principalement ces années hantées par la frayeur quotidienne que Wally a mis du temps à raconter qui nous sont contées grâce à l’auteure Valérie Villieu à qui elle a accepté de se confier pour nous transmettre cet indispensable témoignage. Si ce livre raconte la vie des sœurs Danzig lors de ces terribles années, il a également une portée universelle, leurs vies pouvant être comparées à celui d’une multitude d’autres familles juives de France ayant subies le même sort.
La force de ce récit tient justement au fait que la petite histoire est imbriquée dans la grande et plus particulièrement à celle de la résistance iséroise.
Quant au dessin d’Antoine Houcke, il est tout simplement fabuleux dans le rendu des deux sentiments très forts qui animent Wally durant ces deux hivers et un été où elle devra vivre cachée dans ce village montagnard au cœur de la nature. Dès son arrivée, elle est partagée entre l’inquiétude pour sa famille et le bonheur de la découverte de la montagne « C’est si beau, rassurant, apaisant ». Elle essaie d’y trouver des raisons d’espérer. Et ça, le dessinateur l’a fort bien rendu, utilisant un trait réaliste, noir, et un univers tout en grisaille pour illustrer cette horrible période de l’histoire et s’emparant des couleurs une fois que Wally a passé la ligne de démarcation. Étonnamment d’ailleurs, quand elle repense à cette période de Corenc, « Il m’arrive de me dire que c’était un des plus beaux moments de ma vie » et cela parce que « Tout était encore possible ». Une éblouissante double-page avec des taches de pastel rappelle la magie de l’automne et d’autres pages encore sont là pour rappeler la beauté que recèle la nature loin des noirceurs et de l’obscurité de cette horrible période de l’histoire. Nul doute que le décor environnant ait pu contribuer à apporter une aide à Wally pour faire face au froid, à la faim aussi, à l’inquiétude quant à ses proches et au doute quant à l’avenir, et lui faire respirer comme une bouffée d’air pur, bienvenue.
Les textes puissants et émouvants, pleins de sensibilité de Valérie Villieu alliés aux dessins splendides et tellement évocateurs d’Antoine Houcke touchent le lecteur en plein cœur et rendent le témoignage de Wally absolument bouleversant et plein de pudeur, un récit nécessaire afin de ne pas oublier l’ignominie dont ont pu faire preuve des hommes à une époque pas si éloignée que ça.
En appendice de cet album, sont donnés des repères historiques nous permettant de bien resituer certains faits, de même que les originaux de deux lettres de Béno, frère de Wally depuis le camp de Drancy et de celui de Royallieu-Compiègne ainsi que d’autres documents. En fin d’ouvrage, l’album photos de Wally, avant et après Corenc.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Avant de se plonger dans la lecture de cet ouvrage, on hésite. On se dit: "Encore un énième opus sur un thème maintes fois traité..."
Puis, on ne regrette pas notre choix. Un récit à trois mains: Wally-Valentine, narratrice par procuration sous la plume de Valérie Villieu, le tout magnifiquement illustré par Antoine Houcke.
Deux hivers, un été donc pas de printemps ni d'automne. Les faits relatés apparaissent sans transitions, tels quels, dans la brutalité de l'horreur et dans la douceur d'une certaine insouciance. L'atmosphère, bien rendue par un graphisme sobre, est portée intelligemment par l'alternance du gris/ noir et blanc et de la couleur aux douceurs pastel, presque aquarelle. Le récit, poignant et émouvant, ne sombre jamais dans le pathos; ce qui le rend vraiment digne d'intérêt. A recommander et à mettre entre toutes les mains !
Chers lecteurs/lectrices,
Je vous invite à lire et découvrir sans tarder cette bande dessinée à la tranche épaisse, à la couverture particulière et accrocheuse !
Les illustrations sont jolies et réalistes, de couleur foncée pendant la période hivernale et colorée pendant
l'été .
Le lexique présent à la fin de l'histoire, pour mieux situer le récit, est le bienvenu .
Peu de texte .
On imagine tout à fait l'ambiance pesante de part les couleurs sombres des vignettes .
L'amour de notre pays est évoqué.
Les personnages décrits sont attachants.
Nous suivons la vie des soeurs et de leurs amis à travers l'ouvrage.
Tristesse, peur, plaisirs simples, joie, s'y alternent, sans oublier l'amour et l'amitié.
On peut éprouver de la compassion, de l'empathie ... C'est une période extrêmement difficile à tous points de vue ...
La BD permet de pointer du doigt les horreurs et atrocités de la Guerre ; de mettre à nu la vulnérabilité des protagonistes .
C'est dur, prenant et touchant à la fois .
Je vous laisse le soin de la découvrir sans plus tarder et vous souhaite une agréable lecture !!
Avec Deux hivers un été, La Boîte à Bulles a édité un album magnifiquement émouvant, terriblement vrai, absolument nécessaire pour ne jamais oublier toutes ces vies emportées par la barbarie nazie avec la complicité de l’État français, le gouvernement de Vichy.
Aux vies emportées dans de terribles souffrances, s’ajoutent la peur, les nuits sans sommeil, la faim, la fuite, les ruptures familiales, tout ce qu’ont enduré celles et ceux qui ont réussi à échapper aux rafles, aux dénonciations, aux arrestations.
Dans son émouvante préface, Annette Wievorka, historienne et directrice de recherche au CNRS, rappelle ce que vécurent ces familles venues des pays de l’Est pour s’installer en France. Juifs pratiquants ou non, ces gens se sont intégrés en travaillant dur et n’ont pas compris ce qui leur arrivait lorsque la persécution a commencé.
Wally Danzig a vraiment raconté pour la première fois son histoire et celle de sa famille à Valérie Villieu qui a su mettre en forme des textes remarquables.
De son côté, Antoine Hourcke a consacré six années de travail pour dessiner, mettre en images une histoire qui traverse les plus terribles événements du XXe siècle. Du plus sombre au plus gai, des camps d’internement de Drancy aux vues de Belledonne, à Corenc, près de Grenoble, le résultat est varié, très impressionnant.
Avec beaucoup de simplicité, Wally présente Herman Danzig, son père, austro-hongrois, touriste à Paris, pris au piège au moment où l’Allemagne déclare la guerre à la France, le 3 août 1914. Déjà, le voilà dans un camp d’internement où il apprend le français et, c’est admirable, aime encore plus notre pays.
Libéré à la fin de la guerre, il rentre à Leipzig où il épouse Chana qui l’attendait. Les enfants ne tardent pas à naître : Béno, Marie-Erna, Bella et Wally (20 mars 1926). C’est justement en octobre de cette année-là que toute la famille vient vivre en France. Béno devient Bernard, Marie-Erna, Marcelle, et Wally, Valentine. Herman se transforme en Henri et Chana en Anna. Seule Bella garde son prénom.
Au fil des pages, l’Histoire défile avec les dates terribles : 1933 (Hitler chef du gouvernement, l’incendie du Reichstag) et la montée inexorable du nazisme. La famille Danzig vit heureuse dans Paris, un peu plus à l’aise grâce au travail de la mère qui crée des ornements à chapeaux et à boutonnières que vend le père. En 1932, c’est la naissance de Jackie et il faut se serrer dans le petit appartement.
Depuis le début, le gris et le noir dominent et ça ne va pas s’arranger avec le début de la Seconde guerre mondiale. Herman s’est engagé dans l’armée française et il est appelé comme réserviste.
Très vite, les Juifs sont persécutés et les rafles commencent. 14 mai 1941 : rafle du « billet vert » avec 3 700 hommes arrêtés. L’engrenage infernal est lancé et c’est bien raconté.
Passage en zone libre pour Marcelle, Bella et Wally et voici la couleur pour l’arrivée à Corenc, près de Grenoble. Les images superbes n’enlèvent pas la tension, le danger qui rôde mais Wally reconnaît avoir vécu des moments de bonheur, rendant hommage à Pierre et Madeleine Flandrin ainsi qu’à Louis et Suzanne Le Cazoulat, « Justes parmi les Nations » qui leur ont évité l’arrestation et la déportation. Wally et ses sœurs ont vécu là, Deux hivers et un été complet mais c’est là aussi qu’elles ont appris l’arrestation de leur père après celle de Béno.
En mars 1944, il faut partir, quitter la région grenobloise devenue trop dangereuse. Puis, c’est la Libération et l’attente du retour des camps d’extermination avec toujours l’espoir mais c’est le silence qui l’emporte…
Pour finir, les auteurs ont ajouté cinq pages de repères historiques avec la reproduction des lettres de Béno et de Chana écrites à Drancy, bouleversantes à lire. Les cartes d’identité de Marcelle et Wally, retrouvées à Corenc en 2015, figurent aussi avec le coup de tampon JUIF, bien visible. Enfin, Wally a eu la délicatesse de publier son album photo permettant de voir toute cette famille dans des moments de bonheur, famille que Wally a réussi à réunir à nouveau dans ces pages si émouvantes et nécessaires.
Je remercie très chaleureusement Lecteurs.com et La Boîte à Bulles qui m’ont permis cette découverte d’un si précieux témoignage en bande dessinée, témoignage graphique remarquable en lice pour le Prix BD Lecteurs.com 2021.
Chronique illustré à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Une histoire émouvante. Valérie Villieu a su faire avec coeur un gros travail d investigation avec sa patiente . Je recommande chaudement.
C'est effectivement une petite histoire dans LA grande . BD imparfaite dans les dessins mais elle reflète la vérité de ce qui s'est déroulé
Wally-Valentine Danzig est née le 20 mars 1926, au sein d’une famille juive d’origine allemande, immigrée en France. Elle vit une enfance heureuse, entourée par ses parents, son frère et ses sœurs, ainsi que par ses amis.
Mais, plus les années passent, et plus le quotidien de la famille de Wally s’avère difficile.
L’antisémitisme, les discriminations, les privations et les violences ne cessent de s’accroître progressivement, en France comme en Europe, jusqu’à ce que la Seconde Guerre Mondiale ne soit officiellement déclarée. Pétain et son gouvernement ne tardent pas à prendre le pouvoir, accentuant encore davantage les mesures à l’encontre des Juifs.
Dès lors, la famille de Wally est contrainte de se séparer pour survivre. Wally et ses sœurs bénéficient des relations de leur père et parviennent à fuir les rafles de la capitale sans se faire prendre, en se cachant dans des endroits reculés des villes, quitte, parfois, à traverser le pays pour trouver un refuge sûr.
"Deux hivers, un été", nous relate cette période de fuite et de peur incessantes, principalement centrée à Corenc, un village près de Grenoble.
Cet endroit nous est d’abord présenté comme étant idyllique et en plein cœur de la nature. Toutefois, le contexte de guerre et de rafles fréquentes le rend rapidement oppressant.
Par ailleurs, si Wally et ses sœurs réussissent tant bien que mal à survivre, tous les membres de la famille n’auront pas cette chance…
L’histoire de Wally et des Danzig se mêle à la grande Histoire, en donnant un aperçu de toute l’ignominie dont les hommes sont capables, en temps de guerre comme dans la vie courante.
Mais cet ouvrage fait également la part belle à l’amitié, l’amour, et à la solidarité, sans sombrer dans un manichéisme trop outrancier, même en plein cœur de la Seconde Guerre Mondiale.
Ce récit est d’autant plus puissant lorsque l’on sait qu’il s’agit là de la retranscription d’un véritable témoignage de Wally, et non d’une simple fiction. L’ouvrage présente peut-être le défaut de ne pas assez laisser de place à l’action, en se centrant davantage sur des descriptions factuelles que sur des dialogues plus animés. En ce sens, il s’agit plus d’un témoignage illustré, voire d’un documentaire historique, agrémenté de photos d’archive et d’un lexique final, que d’une bande-dessinée au sens classique du terme. Cependant, la richesse et la précision de la retranscription de Valérie Hillieu, ainsi que son soin à rendre hommage à la vie de Wally, doivent être salués.
Le tout est sublimé par un dessin splendide, fin et réaliste, tout en étant profondément poétique. Les paysages et les couleurs de la nature sont particulièrement magnifiques. Antoine Houcke a d’ailleurs passé près de six ans à achever ses illustrations, et son travail mérite d’être amplement récompensé.
"Deux hivers, un été" a bénéficié du soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, permettant ainsi de donner plus de poids et de visibilité à cette histoire, à la fois hors du commun, et pourtant « si semblable à celle de nombreux Juifs de France »...
Après des années, Wally parvient, enfin, à sortir de son silence, en nous léguant ce témoignage comme un cri en hommage à la vie, et à la mémoire.
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