"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ouvrage polyphonique où des centaines de destins d'enfants de la Seconde Guerre Mondiale se croisent pour former un choeur tragique qui donne de la guerre, de toutes les guerres, une vision émouvante jusqu'à l'insoutenable.
De tous les textes de Svetlana Alexievitch, celui-ci est le plus déchirant. Car qu'y a-t-il de plus terrible que l'enfance dans la guerre, de plus tragique que l'innocence soumise à l'abjection de la violence ? Les personnages de ce livre ont entre trois et douze ans. Garçons et filles, ils ont grandi au coeur des ténèbres du plus inhumain des conflits ; cette Seconde Guerre mondiale dont les plaies restent toujours béantes soixante ans après. Il a fallu à Svetlana Alexievitch près d'un quart de siècle pour mettre un point final à ce monument de la littérature, dressé pour commémorer la plus injuste des souffrances.
Derniers témoins change notre regard sur l'histoire, sur le monde, sur la guerre, sur l'enfance, sur la vie.
De ces récits d'une authenticité désarmante, Svetlana Alexievitch fait des livres, bouleversants, dérangeants, des livres de combat.
Télérama
Dans ce livre, paru en 2005 et qu’elle a mis vingt-cinq ans à achever, Svetlana Alexievitch a recueilli la parole de dizaines d’enfants russes ayant été victimes de l’occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale. Âgés de trois à douze ans, ils racontent la manière dont ils ont traversé la guerre. Séparés de leurs parents, orphelins, déportés ou au contraire devenus petits soldats de l’armée russe, tous disent la peur, la faim, la solitude, le chaos et l’incompréhension.
Pas de commentaires ou d’analyses de la part de l’auteure, simplement la litanie, des histoires qui défilent, qui se répondent les unes aux autres, qui se rejoignent, se heurtent.
Elle laisse la parole prendre sa place, s’amplifier et parfois s’interrompre dans un trop-plein d’émotions.
Elle accompagne leurs témoignages, tout au long de la guerre et jusqu’à son issue. Jusqu’au retour des pères partis au front, jusqu’aux retrouvailles avec les mères et les familles pour les plus chanceux. Jusqu’au deuil de leur enfance pour la plupart. Jusqu’à la difficulté de se reconstruire après les horreurs traversées.
Évidemment ce livre a une résonance particulière dans notre actualité. Il nous rappelle surtout que, peu importe où se trouve la vérité entre deux camps ennemis, quand une guerre éclate les enfants restent, partout dans le monde, des victimes innocentes.
Svetlana Alexievitch met d’ailleurs en épigraphe de son ouvrage cette citation de Dostoïevski « Comment pourrons-nous jamais justifier la paix, notre bonheur et même l’harmonie éternelle si, en leur nom, pour la solidité du fondement sur lequel ils reposeront, il aura fallu verser ne fût-ce qu’une larme d’enfant ? Cette seule larme ne saurait justifier aucun progrès, aucune révolution. Aucune guerre. Elle aura toujours plus de poids.»
Auteure majeure couronnée du Prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch n’a pas son pareil pour faire émerger les souvenirs, donner la parole à des témoins clés, faire ressurgir la vérité. Une œuvre incomparable et indispensable.
Svetlana Alexievitch a pour spécialité de raconter un événement, non pas en le romançant, ni en en livrant un essai aride mais en regroupant des témoignages des personnes ayant assistées à la catastrophe de Tchernobyl, à la seconde guerre mondiale ou à la chute de l’U.R.S.S.
Ses livres sont très forts car en regroupant des témoignages variés, elle réussit à saisir les multiples facettes de la vérité.
Ici, rien de tel. Pas de multiples façons de voir les choses car « Derniers témoins » raconte le deuxième conflit mondial à hauteur d’enfants.
Tout est terrible, absolument poignant. Ces enfants privés d’enfance, orphelins, affamés, témoins du massacre d’inconnus, de voisins, de leurs famille.
Ces récits s’ancrent dans un temps et une zone géographique donnée mais ils sont universels. D’autres enfants pourraient aujourd’hui raconter les mêmes souffrances.
Des souffrances qui ne s’arrêtent pas à la fin du conflit mais qui se perpétuent des années après lorsqu’un orphelin continue d’espérer le retour de son père, lorsque les cauchemars sont toujours peuplés du massacre des proches.
Le titre de ce livre est aussi très fort car, en effet, que faire d’un événement lorsque tous ses témoins directs sont morts. Restent les écrits, la mémoire et les souvenirs pour ne pas oublier ce qui c’est passé.
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