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« Je ne cracherais pas sur un peu de tendresse de temps en temps, mais si le prix à payer c'est le couple, merci bien ! » C'est parfois armé d'un smartphone que l'homme contemporain se retrouve en quête de l'âme soeur. Traînant de longues heures sur les applis de rencontre, il suit un parcours semé d'embûches, et à l'amour répond parfois un hasard... plutôt contrariant. Et si notre héros semble plus enclin à matcher qu'à faire des rencontres IRL, il a par ailleurs bien des difficultés à s'atteler à l'écriture de son deuxième roman et à reprendre son analyse, contraint et forcé par un psy pour le moins retors... Dans cette comédie aux punchlines savoureuses se mêlent le rêve et le réel, l'ego et la création, les amis, les amours... et peut-être un futur inattendu.
Retour du héros chauve à lunettes de Partir un jour de Manu Boisteau, qui, après avoir tout quitté -ou avoir été quitté par sa compagne pour être plus précis- pour écrire son premier roman, se retrouve seul face aux applications de rencontre, face à la colère de son psy et face à son manuscrit qui n'avance pas et dont il doute de la direction et des qualités.
J'avais beaucoup aimé Partir un jour, même si simplement le ré-évoquer me remet en tête la chanson de l'excellentissime -je déconne- groupe 2be3. Je ne vais ni faire languir mes -trop peu- nombreux lecteurs ni faire preuve d'originalité, puisque j'aime beaucoup De l'amour et du hasard. On pourrait croire que Manu Boisteau tourne en rond, que son héros stagne, qu'il se pose toujours les mêmes questions. Et l'on aurait raison de le croire, puisque c'est vrai. Les doutes quant à ses qualités d'écrivain, d'homme. Ses questionnements sur l'amour, la vie, la mort... Ses démêlées avec son psy... Et malgré cela, ce deuxième tome ne fait pas redondance avec le premier. C'est un peu comme un copain pas vu depuis un petit moment qui nous raconte sa vie, ses difficultés, mais aussi ses réussites -si si, en cherchant bien, on en trouve.
Et puis Manu Boisteau dessine et écrit avec beaucoup d'humour, je l'aime bien ce petit héros banal, anonyme, un type lambda, simple, avec des questions compliquées, existentielles. Un peu comme nous tous. Et lorsqu'il ressent la solitude, il est dessiné sur une île déserte ; lorsqu'il est angoissé, l'île se transforme en parcours aux multiples pièges. A travers lui, Manu Boisteau parle de la société actuelle : consommation de médicaments, psychanalyses, consommation en général, la littérature, les sites de rencontres, la solitude, l'amitié, la crise de la cinquantaine chez les mecs qui veulent séduire de jeunes femmes... Bref, tout cela est dans l'air du temps et à la fois intemporel, centré autour du héros -qui, physiquement, ressemble étrangement à son créateur- et universel. J'aime beaucoup le ton de la BD, son contenu et ce dessin, très libre, moderne, grâce auquel on sourit beaucoup.
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