Quelle réussite que ce livre! Il fait sans conteste partie de mes dix livres préférés, et c’est pour moi, de loin, le meilleur d’Emmanuel Carrère.
Il a été publié en 2009 après « Un Roman Russe », qui traitait des affres de la vie conjugale d’Emmanuel Carrère avec luxe de détails, dont...
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Quelle réussite que ce livre! Il fait sans conteste partie de mes dix livres préférés, et c’est pour moi, de loin, le meilleur d’Emmanuel Carrère.
Il a été publié en 2009 après « Un Roman Russe », qui traitait des affres de la vie conjugale d’Emmanuel Carrère avec luxe de détails, dont certains que j’avais trouvés gênants et à la limite du glauque, et qui flirtait dangereusement avec le déballage malgré le talent incontesté d’Emmanuel Carrère. Le titre « D’autres vies que la mienne » indique qu’une page est tournée, et c’est tant mieux, même si la vie de l’auteur n’est jamais très loin de celles qu’il évoque.
Noël 2004, Emmanuel Caractère se trouve au Sri Lanka avec sa compagne Hélène, au bord de la rupture. La vague qui emporte une petite Juliette sera aussi celle qui soudera le couple. Juliette est la fille de Delphine et Jérôme, la petite-fille de Philippe, à l’origine de ce livre. De retour à Paris, Hélène apprend la rechute d’une autre Juliette, sa sœur, à nouveau atteinte d’un cancer. Elle est mariée à Patrice, mère d’Amélie, Clara et Diane. Elle est aussi juge spécialisée dans le surendettement. Emmanuel Carrère dépeint avec une finesse et une retenue remarquable la fin de sa vie, le deuil, l’après, mais aussi l’amitié de Juliette avec Etienne, lui aussi juge, rescapé d’un cancer et boiteux, avec qui elle partage l’espoir d’une vie plus juste pour ceux qui sont étranglés par les dettes.
Il y a très peu de livres qui évoquent le surendettement, et Emmanuel Carrère le fait très bien. C’est un sujet que je connais bien, car j’avais effectué dans le cadre de mes études un stage au service surendettement de la Banque de France, et ce fut même le thème de mon mémoire de mastère. Cet aspect du récit m’a donc particulièrement parlé. Mais « D’autres vie que la mienne” est surtout un livre aux phrases simples, justes, émouvantes, sincères, celles d’un homme apaisé, qui se détourne de son nombril pour s’ouvrir avec écoute et empathie à l’histoire des autres, à leur douleur, à leur cheminement et à leur résilience.
Il est écrit sur la quatrième de couverture de l’édition P.OL. :
“Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d’extrême pauvreté, de justice et surtout d’amour. Tout y est vrai.”
Tout est dit.
Non nous ne sommes pas seuls...
Prends soin de toi.