Vous aviez envie de les lire, pas encore eu le temps ? Allez, c'est le moment...
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Vous aviez envie de les lire, pas encore eu le temps ? Allez, c'est le moment...
Jon kalman Stefansson a été invité à l'émission "la grande librairie" en janvier 2022. Il a été décrit par François Busnel comme le meilleur écrivain contemporain. Évidemment il n'était pas question pour moi de passer à côté !. J'ai donc choisi, au hasard, "D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds".
Malheureusement, après plusieurs tentatives de lecture, j'ai décidé de l'abandonner, à mon grand regret car je n'aime pas ne pas aller au bout d'un livre. Mais j'ai résisté jusqu'à la page 209, et là, boom, je ne peux plus !
Les phrases sont extrêmement longues, quand je commence une phrase je cherche la ponctuation, le point pour repérer où sera ma respiration, et là non, trop loin, beaucoup trop loin.
Toutefois je vous invite vivement à découvrir cet auteur, si ce n'est déjà fait, car la qualité de l'écriture est indéniable, les descriptions sont magistrales, mais ce n'est juste pas pour moi. De mon côté, je vais réitérer, plus tard, avec peut-être un autre titre.
"Et la vie peut commencer, se mettre en route avec armes et bagages."
Un narrateur, inconnu au départ, raconte Ari, que le lecteur entend et suit sur trois générations, dans une Islande battue par vents et marées.
Comme la configuration géographique, l’homme est lui aussi façonné par son pays, l’Histoire et son histoire familiale.
La narration peut paraître décousue, le lecteur passe d’aujourd’hui à jadis, et à l’année 1980, année charnière, mais au contraire ce cheminement vous happe avec une force magnétique enveloppée de la poésie de cet auteur, le tout vous électrise et vous met hors du monde, le temps de votre lecture.
Keflavik est le terreau sur lequel il a grandi et rêvé, c’est sa terre.
Rude, aride, battue par les vents, noire de lave et terriblement hostile et pourtant, même s’il a fui cet endroit, cette terre coule dans ses veines.
Il revient car son père lui a fait parvenir un paquet : une photo de lui enfant entre ses parents et le diplôme d’honneur encadré de son grand-père paternel, Oddur capitaine de légende et pêcheur téméraire du fjord.
Ainsi, le lecteur apprend que la mère d’Ari est morte quand il était enfant, que son père s’est remarié et qu’actuellement il est très malade. Il en veut à sa belle-mère car en épousant Jakob elle a gommé la présence de sa mère, effacée l’enfance heureuse et trop courte, voleuse de souvenir.
Mais à l’heure où il reçoit ses objets, il y a longtemps que Jakob et cette femme sont séparés.
Alors, pourquoi ses fantômes ? Et surtout pourquoi alors qu’il n’est pas proche de ce père, prend-il le premier avion pour keflavik ?
C’est une terre au bout de l’Islande qui a pour stigmate la base américaine installée lors des années de la guerre froide, il y a aussi ses usines liées à la pêche. Mais la base comme les usines sont des carcasses désertées.
Les souvenirs affluent particulièrement cette année 1980, où le narrateur et Ari travaillaient dans ses usines de pêches, le premier argent, les premiers émois et tous ces rêves en tête.
« Nous risquons de devoir aborder des sujets que nous avons fuis, de devoir rendre des comptes à ceux que nous étions il y a trente ans, d’expliquer pourquoi nous sommes devenus ceux que nous sommes aujourd’hui—et il n’est pas certain que ces explications soient plaisantes. Il n’y a en réalité que très peu de chances. »
Comme à chaque lecture de cet écrivain, un géant, le lecteur est totalement en immersion dans cette Islande, il est à fleur de peau de la première à la dernière ligne. Il vit une vie, qui n’a rien en commun avec celle des personnages et pourtant il vit au même rythme qu’eux.
De la désolation de l’île aux amours incandescentes, le lecteur vibre sous cette plume poétique qui sait nous dire la VIE.
La vie, la mort, l’amour et la souffrance, la famille et son empreinte indélébile d’une génération à l’autre.
Et ces figures, ici Oddur et Margrét, les grands-parents paternels d’Ari, un couple extraordinaire de puissance, qui restent dans ma mémoire comme un phare pour des siècles.
Cette écriture vigoureuse emmène ses lecteurs bien au-delà des mots et de l’histoire qui nous est contée, elle entre en résonnance avec eux, les bouscule, les interroge, le tout avec ce magnétisme si caractéristique de l’auteur, qui nous happe pour ne plus vouloir résister.
Ce sont des mots, des phrases qui nous enveloppent et nous ballotent au gré des flux et reflux de cette mer déchainée qui s’appelle la vie.
Il y a l’écriture et la construction unique, envoûtante qui nous entraîne sans nous perdre, toujours plus loin et souvent au bout de nous-mêmes.
« Mais pourquoi est-il si compliqué de réparer une vie ? »
Encore merci au traducteur Eric Boury sans qui cette lecture, qui est un privilège, n’aurait pu s’accomplir.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/01/12/dailleurs-les-poissons-nont-pas-de-pieds/
Ex-poète reconverti en éditeur, ex-mari de Þóra qu’il a humiliée et trahie, Ari revient en Islande après deux années passées à Copenhague. Le cœur lesté de regrets, il rentre au pays pour son père qui serait au plus mal. La perspective de revoir Keflavík, ce coin de l’île sinistrée par le départ des américains et les quotas de pêche, fait remonter les souvenirs de son histoire familiale. Lui revient en mémoire sa jeunesse dans l’ombre de son cousin Ásmundur, tant admiré, son travail dans le hareng, les filles qu’il convoitait, mais aussi ses relations difficiles avec son père, sa mère trop tôt disparue et trop vite remplacée ou la passion qui unissait son grand-père Oddur, le meilleur capitaine de pêche du fjord et sa grand-mère Margrét, qui alternait euphorie et dépression. Sa famille, ses amis, des hommes et des femmes, poètes et rudes à la tâche, qui peuplaient cette terre perdue, la ‘’plus noire de l’Islande’’, devenue la plus grise depuis qu’on les a privés de leur seul moyen d’existence. Qu’espère-t-il en revenant ? Un rapprochement avec son père ? Une réconciliation avec Þóra ? L’idée, peut-être, d’être chez lui, au bon endroit, au bon moment…
Où l’on retrouve toute la poésie de Jón Kalman Stefánsson qui sait si bien décrire les paysages âpres de l’Islande et l’âme de ses habitants. Dans les pas d’un narrateur qui restera inconnu jusqu’à la fin, il nous emmène dans la région de Suðurnes, au sud-ouest de l’île. Y cohabitent les vestiges d’un passé glorieux et les tentatives désespérées des autorités locales pour faire revivre ce territoire oublié de tous. Entre terre et mer, passé et présent, l’auteur raconte une chronique familiale universelle : le temps qui passe, les choix, bons ou mauvais, les décisions que l’on prend, mûrement réfléchies ou sur un coup de tête, les pertes que l’on subit, les héros, les moutons noirs, les femmes et le mal qu’on leur fait, les mille et une façons de faire face aux poids de l’existence…
Poétique et sensuelle, tendre et humble, l’écriture de Jón Kalman Stefánsson est un enchantement sans cesse renouvelé. Il sait si bien décrire les hommes et les femmes d’Islande, dévoilant leur âme, leur lumière, leur part d’ombres. Pour l’apprécier, il faut savoir lâcher prise, accepter de ne pas tout comprendre, se perdre dans l’espace-temps, voguer avec lui sur la mer déchaînée ou arpenter la terre volcanique d’Islande, se laisser guider par cet orfèvre des mots, cet explorateur des profondeurs de la condition humaine. Un très grand auteur.
Si, contrairement aux 3 précédents romans de Stefansson, je ne me suis pas sentie happée dès les premières pages par la présentation d'une situation qui accroche l'intérêt, si j'ai dû attendre plusieurs dizaines de pages avant de rencontrer la présence puissante de personnages attachants, j'ai retrouvé ensuite, intacts, les composantes humaines, l'habile dosage narration/ réflexion, la prose poétique, tout ce qui avait fait pour moi le charme subtil de la trilogie antérieure .
Le roman s'ouvre sur une longue présentation du lieu qui sert de cadre au roman, là où se concentrent les différentes situations qui seront évoquées. Ce lieu c'est Keflavik, désigné tout au long du livre comme un lieu inhospitalier « l'endroit le plus noir du pays », « au milieu des champs de lave qui ressemblent aux pensées du démon », un lieu qui vivait autrefois du travail de la pêche mais dont le mode de vie s'est trouvé transformé par l'installation d'une base américaine.
Le retour du narrateur au pays après de longues années d'absence va réveiller ses souvenirs d'enfance et de jeunesse et entraîner un type de récit où alternent passé et présent constituant une sorte de saga familiale sur plusieurs générations où se tissent habilement l 'hier et l' aujourd'hui.
Histoire d'un lieu, de ses habitants et en même temps réflexion sur le rôle de l'écriture romanesque. Le verbe, chez Stefansson est créateur «La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C'est pourquoi il nous faut continuer d'écrire, de conter, »
Le narrateur fait alors revivre ceux d'autrefois « ceux qui ont disparu, les défunts, comme si les mots étaient autant de ponts entre les univers, comme s'ils avaient le pouvoir de nous apporter à la fois l'abîme et les cieux »
Naissent alors des personnages puissants . Comment oublier, parmi eux, Margret et son mal de vivre « une momie vivante » , le vieux couple sauvé de l'ensevelissement sous la neige, les deux pêcheurs Oddur et Tryggvi........ On ne saurait oublier non plus, ceux et celles qui ont accompagné le narrateur dans son enfance et sa jeunesse .
Un lien relie ces personnages au travers du temps et des différentes classes sociales. C'est l'attirance pour l'art, qui élève l'homme au dessus de sa condition « ce qui nous empêche de nous désagréger, de tomber en morceaux, de nous transformer en malheur, en plaie suintante ou en pure cruauté, c'est la poésie, la musique : l'art »
Pouvoir de la poésie, aussi bien pour Triggy le pêcheur avec son « désir de mettre le monde en mots » , que chez le narrateur et son ami Ari, ancien poète devenu éditeur.
Puissance magique de la musique qui « a le pouvoir de dissiper nos ténèbres. Sans elle, le cœur de l'homme serait une planète sans vie », la musique de Bach en particulier «Nous mettons Bach sur la platine, l’aile de l’ange se déplie, nous entrons dans le bleu du ciel, au plus profond de la couleur, nous entrevoyons une chose qui ne peut être que l'éternité »
De telles phrases , qu'on se plaît à relire ou à se mettre en bouche, toujours intégrées au récit ne sont jamais étrangères à la narration. La fusion de la réflexion sur le sens de la vie ou sur la condition humaine dans la narration des faits est la marque de fabrique de l'écriture de Stefansson .
Comme un écho des ouvrages précédents, ce roman a été pour moi une nouvelle pépite. Certes, elle se découvre lentement, elle exige parfois un effort de lecture,mais elle le rend au centuple .
Etrange titre n'est-il-pas? c'est d'ailleurs ce titre qui m'a fait choisir le livre et l'auteur qui m'était totalement inconnu....
Une envolée lyrique, un bonheur au fil des pages, L'Islande décrite d'après ses souvenirs, ses flash backs qui le font retomber dans des souvenirs enfouis, et qui resurgissent au détour d'une photo et d'une lettre reçue.
L'envie de balancer toute sa vie actuelle, avec l'impression de l'avoir gâchée et découvrir qu'au final, il vient de gâcher sa vie pour une bêtise. (Je ne vous en dirais pas plus)
Ou l'on découvre pourquoi les poissons n'ont pas de pieds...logique...
Un auteur nordique comme je les aimes , avec leur façon bien à eux de narrer une histoire, ils ont ce petit truc que les auteurs français n'ont pas.
Alors oui j'ai adoré, j'ai rit, j'ai pleuré, je suis revenue sur des passages afin de me les ancrer dans ma mémoire...
Oui je le relirai d'ici quelques temps (et c'est rare pour moi de relire plusieurs fois le même ouvrage)
Alors courrez l'acheter, découvrez un auteur incroyable, partez en Islande.
Y a-t-il une manière islandaise de raconter les histoires ? Sans certitude sur ce point, je crois pouvoir affirmer qu’il y a une manière Stefánssonienne. On pourra la résumer à une sorte d’introspection poétique. L’auteur ne se contente pas de raconter, de retracer des faits, mais questionne régulièrement ce qu’il affirme, ajoutant à ses réflexions une note philosophique. Il pourra aussi dérouter le lecteur avec quelques belles évidences, à commencer par le titre de ce beau et rude roman.
Son personnage principal s’appelle Ari. On va le retrouver à plusieurs époques. Au moment où commence le livre, il roule vers Keflavík. Un retour aux sources pour cet homme qui a grandi dans cette ville improbable qu’il a choisi de quitter pour être éditeur au Danemark.
Car la vie dans ce coin hostile d’Islande ne s’est développée qu’à partir de 1898, quand un scientifique a eu l’idée de publier un rapport indiquant que les fjords et la baie étaient propices à la pêche «et par conséquent toute l’histoire d’Ari fait suite à la parution de ces quelques lignes écrites par le naturaliste Bjarni et publiées dans la revue Andvari. La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C’est pourquoi il nous faut continuer d’écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants.»
Ari va par conséquent s’attacher à cette mission, écrire et conter et transmettre, mais à partir du Danemark où il devient éditeur.
Quand il retrouve son ami, c’est non seulement un rendez-vous avec son enfance et son adolescence, quand il voulait être pêcheur, qui lui revient en mémoire. Toute l’histoire familiale ressurgit. On va le suivre au moment où, adolescent, il choisit d’être pêcheur. Un destin qui semble tout tracé, car le poisson est quasiment la seule activité économique.
Puis, on le retrouve sur les pas de sa famille, depuis le grand-père Oddur qui incarne au mieux la définition de ces conditions de vie dantesques : «Keflavík a trois points cardinaux : le vent, la mer et l’éternité.»
Trois points cardinaux que l’auteur creuse davantage encore avec l’évocation de ses parents et notamment de sa mère décédée. Une mort qui va entraîner les soubresauts de sa propre existence.
Au fil des récits, on est littéralement pris dans cette narration comme dans un filet de pêche. On sent la vie, on envisage même le grand large, mais on finit toujours par rester emprisonné. À l’image de ces sentiments qui n’arrivent pas à être exprimés «Oddur serre les poings, c’est sa manière à lui de déclarer sa flamme, elle le sait, c’est ainsi que se tisse le chant d’amour qu’il lui destine.»
La manière Stefánssonienne de raconter des histoires est aussi là. Dans ce souci de ne jamais oublier la poésie, notamment et surtout face à l’hostilité du climat, à la rudesse des marins-pêcheurs, aux drames qui rongent les existences. C’est violent et c’est beau. C’est islandais et c’est universel.
http://urlz.fr/3yn8
Bon, bon, bon, bon, bon... enfin, plutôt, mouais, mouais, mouais, mouais, mouais... Me voilà bien embêté, parce que je lis beaucoup de recensions très bonnes sur ce roman et qu'il m'a été conseillé. Oui, mais, je suis passé totalement à travers. A part quelques beaux passages (notamment ceux qui concernent Margrét et Oddur les grands-parents), je n'ai jamais réussi à trouver la porte d'entrée de ce roman. Les digressions, parenthèses et interventions de l'auteur sont oiseuses, énoncent des évidences sans vraiment y apporter de plus-value, qu'elle soit réflexive ou littéraire. Pis que cela, elles empêchent de bien suivre les histoires des héros, déjà pas simples à saisir du fait de l'écriture de l'auteur que j'ai trouvé assez désagréable -d'aucuns parleront ici de poésie, c'est sans doute cela, la poésie et moi avons des rapports compliqués, soit ça fonctionne parfaitement, soit ça casse tout de suite-, les différents narrateurs, les passages du "je" au "il" voire au "nous" sans vraiment de séparation claire. A dire vrai, dès le début, je sens que cet ouvrage ne m'emballera pas, et mon impression s'avère. Je ne comprends pas les citations en incise ou dans le texte, le style m'agace, c'est trop flou, je ne sais pas où veut et va en venir JK Stefansson, trop d'entrées, trop bavard, trop long. Une logorrhée insupportable pour moi. Je l'avoue ici, je fais ma confession -merci mon père-, je me suis arrêté bien avant la fin, je ne me sentais ni la force ni l'humeur de supporter cette inconsistance et cette incompréhension totale comme rarement il m'arrive de ressentir, pendant plus de 440 pages !
Après en avoir terminé la lecture,il ne semble pas évident de faire une critique bien claire de ce roman .Subjuguee par la puissance évocatrice de l'écriture,il n'est pourtant pas simple d'en faire le résumé,tant les épiques défilent et se mélangent pour un faire un fatras qui pourtant ne gêne en rien le plaisir des mots.
Combien de phrases à souligner tant les idées ou les sentiments exprimés me semblent tellement vrais et naturels ,mais le talent de l'auteur et du traducteur est là pour faire retourner le lecteur à sa triste condition d'admirateur.
C'est un livre qui vient du grand Nord que l'on ne peut ranger parmi les autres sans y penser souvent.
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J'ai omis de préciser le pourquoi du titre: " Le problème est que personne n'est capable de marcher sur la mer,c'est pourquoi d'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds".