"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" Ces gamins portent en eux tant de faiblesse, donnent tellement prise à tous les asservissements que personne ne se prive de les assujettir, et particulièrement dans le monde dur des trafics où chacun exploite la misère de l'autre, jusqu'à en oublier qu'au départ tous étaient des enfants. "
Après avoir raconté dans
La Fabrique du Monstre dix ans en immersion dans les quartiers nord et décortiqué la dislocation du système politico-mafieux dans
La Chute du Monstre, Philippe Pujol revient au terrain et clôt sa trilogie marseillaise. Dans un livre édifiant et sensible, à hauteur d'enfants, il décrit toutes ces vies brisées et vulnérables. Des minots, des
cramés comme ils s'appellent entre eux, guetteurs, prostituées, une main-d'oeuvre exploitée et plongée dans la violence et la misère. Il raconte, au travers d'une galerie de personnages, les destins brûlés vifs de gosses qu'il connaît bien pour les suivre depuis longtemps. Tous minots, tous cramés de l'intérieur. Tous, malgré eux,
enfants du Monstre.
Une lecture âpre, désespérante, écœurante par moments. L'auteur a réussi à s'immiscer dans la vie de quelques jeunes des "quartiers" de Marseille. Entre pauvreté, mal-être, violence omniprésente, détresse sociale et troubles psys, l'alcool, les drogues et la prostitution prospèrent. Ce n'est pas de "l'argent facile" comme on l'imagine souvent. Ce n'est ni facile ni rémunérateur. La route mène les garçons droit vers la prison ou le cimetière et les filles vers de sordides bouges ou des foyers sous-financés.
Une génération cramée, sacrifiée sur l'incurie de la société qui ne se donne pas les moyens sociaux d'aider toutes ces familles. Cela m'a fait pensé parfois à Moi, Christiane F...
C'est passionnant et très documenté, le genre de livre dont on sait dès les premières lignes qu'il va être bouleversant. Seule la construction du livre m'a un peu laissé perplexe, je ne la comprends pas. C'est visiblement chronologique, mais sans réel fil conducteur. Le narrateur a choisi de s'effacer le plus possible pour laisser, pour une fois, le premier rôle à tous ces jeunes. C'est peut-être dommage : inscrire ces périodes où il était en contact avec eux dans sa propre vie aurait pu donner plus de liant et de contraste au récit.
Un livre très dur de cet écrivain qui s'investit entièrement pour le sort des enfants meurtris par la drogue - qui vont à l'argent facile - dont les familles se sentent impuissantes.
Ces "cramés" sont justement ces enfants.
Un ouvrage que l'on ne peut pas laisser une fois commencé car il comporte tellement d'informations toutes plus importantes les unes que les autres.
Et puis, il faut le dire, Philippe Pujol n'hésite pas à mettre les points sur les "i" et à dire ce qu'il pense, même si ça fait mal.
Un ouvrage nécessaire pour comprendre ce mal qui ne touche pas qu'une seule région.
Je suis ressortie de cette lecture, très touchée.
Je dois reconnaître que dès que cet écrivain publie un livre, je m'empresse de le lire.
Un auteur à suivre.
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