"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils étaient les Trois ; des jeunes humains, Hugo, son amie Charlie, et Mansour le Victorieux, embarqués par les Elfes clans une guerre qui n'était pas celle de leur monde. Sur l'Alta, leurs avatars avaient triomphé du Sang-Noir. Charlie et Hugo ont cru pouvoir revenir dans leurs vies de lycéens ; Mansour a pensé oublier les meurtres. Mais tandis que sur Terre, Charlie et Hugo sont accusés d'assassinat, une nouvelle menace se lève, à l'Est de l'Alta, plus terrifiante que jamais : quelqu'un a ressuscité le Pouvoir. Cette fois, l'Armée des Spectres est de la partie et c'est Corps et âmes, que les anciens confrères devront reprendre la lutte.
Je pense que beaucoup de lecteurs seront de mon avis : il y a beaucoup de livres potentiellement merveilleux qui sortent chaque année/mois/semaine pour réussir à suivre la cadence … Alors on est obligé de faire des choix, d’en sélectionner certains, d’en laisser d’autres de côté, au risque de passer à côté d’un coup de cœur. Car il est extrêmement difficile de se procurer un livre sorti il y a dix ans, même sur le marché de l’occasion … C’est pourquoi je me suis jetée sur les deux tomes de La confrérie des âmes lorsque je les ai – enfin, après des années de recherches acharnées – trouvés dans une bourse aux livres. C’était une joie intense teintée de soulagement : ça y est, je les avais, moi qui avait alors eu tellement peur de ne jamais réussir à les trouver, à me les procurer, alors que je souhaitais tellement ardemment les avoir (et si possible sans me ruiner, tout de même, petit budget étudiant oblige, je n’étais pas prête à saisir les offres d’occasion plus onéreuses que le prix neuf). Comme quoi, parfois, la chance nous sourit …
Malheureusement, la chance ne sourit pas vraiment aux Trois, vainqueurs du Sang Noir, qui espéraient pouvoir reprendre le fil de leur existence après leur palpitante aventure en tant que Confrérie. Mansour, exilé volontaire sur l’Alta, est devenu un guerrier accompli, premier Cervier parmi les Cervières, lieutenant d’Aliya – et peut-être même un peu plus, bien qu’ils ne soient pas encore prêts à le reconnaitre. Charlie et Hugo ont rejoint notre monde, leur famille, le lycée, et apprivoisent progressivement leur nouvelle relation enfin assumée. Mais une nouvelle menace plane au-dessus de l’Alta, tandis que les deux adolescents sont brusquement recherchés pour meurtres et enlèvements … Cette fois-ci, c’est corps et âmes qu’ils doivent passer sur l’Alta, et que les Trois seront à nouveau réunis tandis que le Quatrième, devenu Spectre empli de haine et d’avidité, cherche à réunir le Sang-Noir pour faire renaitre son sombre Pouvoir …
Bien que le premier tome puisse amplement s’autosuffire – la quête est achevée, le Sang Noir dispersé et chacun s’en retourne (ou non) chez lui après avoir fait son devoir de héros –, c’est avec une joie immense que je me suis plongée dans ce second opus : j’étais vraiment ravie de retrouver Mansour, Charlie et Hugo, trois amis livresques que je n’avais quitté qu’une seule journée mais qui me manquaient déjà un peu … J’avais envie de voir l’Après, de savoir comment cette expérience les avait transformé, car on s’en doute, on ne sort pas tout à fait indemne de ce genre d’épopées. Ils ont côtoyés le danger, la mort, mais surtout la trahison d’un ami aveuglé par la soif de pouvoir. Ils sont devenus des héros, mais leur exploit est obscurci par la perte de leur confrère, par la suspicion de ceux qu’ils ont sauvés. Mais surtout, ils ont découvert la vérité de leurs âmes : Mansour a trouvé l’endroit où il peut devenir le Victorieux, le guerrier assoiffé de justice et de paix, tandis que Charlie et Hugo ont compris qu’ils étaient « les deux qui ne font qu’un », qu’ils s’aimaient comme ils respiraient et que rien, jamais, ne pourra les séparer. Les Trois ont trouvé leur voie …
Mais on s’en doute, les choses sont rarement aussi simples. Matthias, que l’on croyait mort, n’a pas dit son dernier mot lorsqu’il poussa son dernier souffle. Son Spectre continue d’hanter l’Alta, lui qui n’a pas accompli ce qui lui semble être l’œuvre de son existence : restaurer le Pouvoir du Sang Noir. Tout en se vengeant de Mansour son meurtrier, qui vit désormais heureux aux côtés d’Aliya, et de Charlie et Hugo qui filent le parfait amour que nul n’a jamais voulu lui donner … Soif de pouvoir, haine et jalousie emplissent désormais son âme. Et le voici qui traque les Trois, sans relâche, sans pitié. Ce second tome est assurément plus sombre que ne l’était le premier. Les combats sont plus féroces, les traitrises sont monnaies courantes, la mort est omniprésente. C’est l’heure de l’ultime affrontement où chacun doit faire des choix douloureux et irrévocables, où les amitiés et loyautés d’hier se dénouent pour laisser place au sens du devoir et du sacrifice. C’est l’heure du face à face final entre les anciens Confrères, et de ces funestes retrouvailles dépendra le sort de ce monde … C’est l’heure du point de non-retour, l’heure où nul n’a le droit de reculer ou d’hésiter. Tuer ou être tué, pas d’autres alternatives pour mettre fin à cette guerre.
Cependant, tout n’est pas que noirceur, tout n’est pas que violence. Bien au contraire. Ce que je retiendrais de ce second tome, ce qui m’a le plus captivée et émue, c’est bien l’amour, pur et sincère, qui unit toujours plus Hugo et Charlie, ainsi que celui, encore maladroit et fragile, qui se noue entre Mansour et Aliya. Cet amour que les Cervières désapprouvent, voire combattent, car la crainte de voir l’autre tomber vient briser l’exaltation des combats. Cet amour qui permet aux deux adolescents de tenir bon dans les épreuves, mais qui menacent parfois de se retourner contre eux quand on les sépare. Cet amour qui s’avère infiniment plus puissant que la haine de Matthias contre le monde entier. Car ce ne sont pas les armes, les armées, qui mettent fin à cette guerre, mais bien l’amour et l’amitié, qui confèrent à nos héros bien plus de courage et de force que la quête de pouvoir. Car l’amour oblige à être fort pour deux, tandis que la vengeance ne profite qu’à une seule personne. Oui, pour moi, l’amour est bien plus au cœur de cette intrigue que ne peut l’être la conquête de Matthias. Et cela terrasse toute la noirceur de ce roman …
Roman que j’ai tout simplement adoré, je pense que vous l’aurez bien compris ! Tandis que le premier tome comportait encore des « erreurs de jeunesse » – c’était pour Vincent Villeminot sa première irruption dans la fantasy, et cela se sentait malgré la qualité du livre –, je n’ai absolument rien à « reprocher » à celui-ci (hormis peut-être d’être le dernier tome de la saga). Il m’a captivée, du début à la fin. Il m’a fait trembler, m’a fait pleurer, et m’a fait rire, m’a fait sourire. Je suis toujours sous le charme des héros – j’aime Mansour pour sa bravoure teintée de sagesse naissante, j’aime Hugo pour son dévouement mêlé de doute, j’aime Charlie pour sa douceur cachée derrière son énergie. Et surtout, je suis de plus en plus sous le charme du narrateur, ce narrateur plein d’humour qui n’hésite pas à s’adresser directement au lecteur comme pourrait le faire un conteur. Bref, je suis sous le charme de ce second tome, de cette saga, que je relirai assurément fort régulièrement ! Donc si, par hasard, La confrérie des âmes croise votre chemin, bondissez sur l’occasion comme le lion saute sur sa proie !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/12/la-confrerie-des-ames-tome-2-corps-et.html
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