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Dans ce neuvième tome de sa Contre-Histoire de la Philosophie, Michel Onfray se penche sur des figures intellectuelles que la tradition universitaire s'est plu à sous-évaluer ou (selon l'auteur) à surévaluer, tout en réservant une place de choix à l'oeuvre exemplaire d'Albert Camus. Georges Politzer, marxiste des Lumières, qui sut ferrailler avec l'idéalisme bergsonnien avant de tomber, en 1941, sous les balles d'un peloton d'exécution. Paul Nizan, marxiste et lecteur d'Épicure, qui s'insurgea avec bravoure contre le communisme dévoyé de l'URSS. Camus, qui ne renonça jamais à combattre le totalitarisme sous toutes ses formes tandis que d'autres succombaient à ses sinistres séductions. D'autres? Ce fut, précisément, le cas de Sartre et de Simone de Beauvoir, dont Michel Onfray reconstitue l'itinéraire politique déconcertant, et dont il dresse ici un portrait intellectuel sans concession.
Michel Onfray nous ramène, dans ce neuvième tome de sa « contre-histoire de la philosophie », dans la très passionnante première moitié du XXème siècle, et c'est avec grand plaisir et délectation qu'on s'y engouffre pour suivre les destins peu communs de quatre philosophes.
La première partie narre la vie du philosophe, assez peu connu aujourd'hui, Georges Politzer, juif et communiste,qui fut très critique à l'égard de la psychanalyse et de l'idéalisme à la Bergson, qui refusa aussi de collaborer avec l'envahisseur nazi en 1939 lors du pacte de non agression signé entre l'Allemagne et l'URSS et qui donc, tout en restant communiste, mena des actions de résistance. Il fut fusillé en 1942 au Mont-Valérien, après avoir été torturé par les tortionnaires nazis, en chantant La Marseillaise et non L'internationale.
Sa pensée, encore en chantier, fut en partie utilisée par Sartre, Merleau-Ponty, Leiris, Lévy-Strauss, Canguilhem, Althusser, Ricœur, Lacan, Lefebvre, Deleuze, Foucault et Derrida.
La seconde partie concerne l'ancien camarade de classe de Jean-Paul Sartre, Paul Nizan. Nizan, en proie à l'angoisse existentielle, rejoignit, comme nombre de ses pairs, le parti communiste français. Suite à un voyage en URSS, et malgré la propagande, Nizan, à l'image d'André Gide au même moment, n'était pas resté dupe quant à la réalité de ce que subissait le peuple russe, pris en otage par un pouvoir totalitaire mené d'une main de fer par Staline. Il cherchera son salut à travers la philosophie d'Épicure et quittera le PCF une fois signé le pacte germano-soviétique. Puis, mobilisé en 1939, il mourut d'une balle perdue. Le PCF fit tout son possible pour le présenter comme un vendu, un traitre et, in fine, salir sa réputation.
Il est surtout resté célèbre pour son pamphlet « Les chiens de garde », un véritable plaidoyer contre la vieille garde philosophique embourgeoisée.
Michel Onfray nous remet une couche sur Albert Camus en s'attardant davantage sur son essai « L'homme révolté » et le tollé qu'il provoqua par la même occasion.
Je ne vois pas trop l'intérêt de cette partie étant donné la publication de « L'ordre libertaire : La vie philosophique d'Albert Camus ».
La dernière partie, sur Simone de Beauvoir, me paraît être vraiment la plus intéressante du livre. Celle qui fut l'alter-ego philosophique de Sartre dans le Paris d'entre et d'après-guerre. Onfray nous décrit comment le couple construisit sa légende pour la postérité, ayant toujours un train de retard sur l'Histoire, ne s'intéressant aucunement à la politique dans les années 30, passant complètement à coté de la résistance, choisissant le camp du nationalisme algérien à la toute fin des années 50.
Les meilleures pages concernent l'ouvrage qui fera d'elle, à son corps défendant, une pionnière du féminisme de la décennie 70 : « Le deuxième sexe ».
Un livre très instructif !
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