"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les Considérations d'un apolitique sont le journal de Thomas Mann pendant la première guerre mondiale. Pour la première fois, il s'engageait dans le combat idéologique pour exalter les valeurs qui lui paraissaient menacées.
Thomas Mann défend ici une "certaine idée de l'Allemagne" qui lui tenait fortement à coeur. Il s'en prend aux lieux communs vertueux de la propagande des Alliés, champions de la démocratie, et il affirme qu'il existe une opposition irréductible entre la culture telle qu'il l'entend et la "civilisation" de ses adversaires.
La culture s'occupe de l'âme, elle est propre à un pays et s'adresse à l'individu. La civilisation, soucieuse de progrès matériel et technique, est internationale et ne s'intéresse qu'aux masses. Elle nous conduit tout droit vers le règne de la termitière.
Ce pamphlet antidémocratique se transforme parfois en une défense très contestable du nationalisme allemand, mais il contient aussi un éloge de l'ironie, et des pages impressionnantes sur des philosophes comme Schopenhauer et Nietzsche, des musiciens comme Wagner et Bizet, des écrivains comme Tolstoï, Dostoïevsky, Flaubert, Claudel, Romain Rolland - et sur Thomas Mann lui-même, qui confie quelles étaient ses intentions en écrivant les Buddenbrook, Tonio Kroger, Altesse royale et La mort à Venise.
Au total, un livre qui prête à la discussion et à la contestation, un document capital sur une crise de civilisation.
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