"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses frères, Baptiste, après plusieurs semaines de captivité, est le seul à être libéré. Ponctué d'hésitations, de silences, son débriefing laisse apparaître des zones d'ombre, des secrets qu'il tient à garder. Le garçon semble aussi avoir perdu la mémoire d'événements importants. Peu à peu, néanmoins, se révèle l'histoire extraordinaire et cruelle de celui à qui ses ravisseurs ont donné le nom d'un renard du désert : Yumaï.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/05/comment-baptiste-est-mort-dalain.html
Cela faisait plusieurs mois que j'avais envie de lire ce roman sur l'embrigadement mais j'ai voulu attendre d'avoir "digéré" le fabuleux roman de Pascal Manoukian sur le même thème Ce que tient ta main droite t'appartient.
Baptiste, 14 ans, est enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses deux petits frères. Libéré au bout de quelques semaines alors qu'on ne sait pas ce qu'est devenu le reste de sa famille, il est soumis à un débriefing pour retrouver ses ravisseurs et l'aider à se reconstruire.
Le roman alterne les dialogues entre Baptiste et la personne qui l'interroge (qui n'est jamais identifiée) et le récit de son histoire par un narrateur. Son histoire c'est l'enlèvement par des djihadistes en moto, un climat de peur instauré d'emblée avec un simulacre d'exécution de toute la famille, la peur de mourir, les humiliations, la faim, la soif dans un désert implacable, l'ennui, des ravisseurs au comportement imprévisible avec un chef Amir qui veut être craint mais aussi être aimé.... Mais c'est aussi ce que le jeune garçon nomme "La séparation" entre lui et sa famille.
Tout d'abord Baptiste refuse de répondre à son prénom, il dit s'appeler désormais Yumaï, le nom que lui ont donné ses ravisseurs. Le dialogue est compliqué avec Yumaï qui se remémore certains souvenirs mais qui a de grands trous noirs et des souvenirs dont il ne veut pas parler.
Très vite il dit être mort là-bas ou se sentir avec ses ravisseurs, comme eux. Quand et comment a-t-il été enrôlé, quand est-il passé de l'autre côté? Comment Baptiste est-il mort là bas pour devenir Yumaï?
Pourquoi ces djihadistes l'ont-ils choisi pour établir avec lui une relation privilégiée? Très certainement parce qu'il a 14 ans, l'âge pour devenir un combattant, d'ailleurs Yumaï est un nom de guerrier... Son apprentissage va passer par de terribles épreuves quand il est abandonné seul plusieurs jours dans une grotte sur les parois de laquelle il découvre des dessins "d'hommes d'avant " au milieu de signes et de fantômes où il compte inlassablement les mains dessinées.
Gavé de "comprimés de courage et de comprimés de bonheur", c'est une épreuve pour l'endurcir pour qu'il devienne capable de tuer au nom de Dieu.
Une fois commencé, je n'ai pas pu lâcher ce roman. J'ai trouvé la technique narrative très intéressante avec l'alternance des dialogues terrifiants entre Yumaï et son débriefeur et le récit plus classique qui maintient une certaine distance. Son interrogatoire doit l'aider à retrouver le souvenir de ce qu'il a fait sous l'emprise des monstres qui l'ont embrigadé et la montée en puissance dans l'horreur est terrible.
C'est un roman effrayant, efficace qui nous mène jusqu'au bout de l'effroi. Un récit marquant que je n'oublierai pas de sitôt.
Une lecture saisissante et éprouvante mais nécessaire !
C’est dans le cadre du prix des CBPT (Culture et Bibliothèque Pour Tous) association dont je suis membre, que j’ai eu à lire "Comment Baptiste est mort" le superbe mais terrifiant roman d’Alain Blottière. Et j’avoue que l’ouvrage refermé depuis quelques jours déjà, j’en suis encore retournée.
Il raconte l’après, après l’enlèvement d’une famille par des terroristes dans un désert, après la libération d’un seul des cinq membres de cette famille composée des parents et de trois fils. Baptiste est en effet le seul… et nous assistons à son interrogatoire par une personne non identifiée. Difficile, en effet, de savoir s’il s’agit d’un psychologue destiné à aider Baptiste, devenu Yumaï, ou d’un agent en recherche d’informations sur les ravisseurs, leurs pratiques, le lieu de détention, ou les deux à la fois.
Les chapitres alternent entre interrogatoires et récit intérieur de l’adolescent. J’ai beaucoup aimé ce roman d’une grande force, d’une profondeur indicible, servi par une écriture si simple qu’elle n’interfère en rien dans l’importance des faits. Le dialogue fait de phrases courtes chiches en ponctuation, de questions sans réponses, d’informations livrées sans être sollicitées, sublime les éclaircissements révélés, par bribes, avec douleur. Baptiste est là, certes, mais ailleurs aussi, il a oublié, peut-être, ne souhaite pas dévoiler, sûrement. Il est interrogé mais c’est lui qui mène la conversation… il est des choses qu’il ne veut pas, ne peut pas divulguer. Alors forcément le dialogue est haché, les blancs nombreux, le mutisme récurrent. Et puis vient le récit intérieur de sa mémoire qui petit à petit renaît, les descriptions minutieuses des endroits, de sa vie là-bas où, quelque part il est resté. On s’imprègne de la douleur, de la souffrance, des humiliations, et, parfois d’un espoir, d’un désir d’y retourner, "J’aimerais retourner là-bas rien que pour le ciel, la nuit, la magie des étoiles". Et puis il y a la grotte et ses dessins…"Ces choses sont la preuve que les hommes de ce temps adoraient les djinns comme des dieux, qu’ils étaient des égarés. Je t’ai laissé dans cette grotte (c’est Amir, l’un de ses geôliers qui parle) pour que tu comprennes cela. Que tu voies à quoi ressemble un temple d’égarés avec toutes ces images sacrilèges qu’ils ont dessinées. On va jeter des pierres sur ces icônes illicites, puis on va les cribler de balles et pour finir on fera tout exploser." Et je ne peux m’empêcher de penser à Palmyre. Et le dialogue reprend, difficile, douloureux.
Véritable plongée dans le cœur et la tête d’un adolescent à la personnalité volée par des êtres manipulateurs, à la fois violents et fascinants, étude méticuleuse de leurs procédés, sérieuse réflexion sur le jihad, le récit, sidérant, impensable mérite amplement les prix dont il a été couronné.
Baptiste 14 ans est le seul de sa famille à être libéré ,après avoir été kidnappé par des djihadistes. Mais il ne est plus le même, et semble avoir oublié ou occulté de nombreuses choses . Ce roman alterne transcription de ses séances chez le psy et recit. Ce livre m'a profondément touché par sa sobriété et sa sensibilité.
un livre très dur mais indispensable...
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !