Quatre ouvrages pour entrer dans l'œuvre de Jean d'Ormesson, qui s’est éteint cette semaine
«Il y a quatorze milliards d'années, une explosion se produit. En naissent les étoiles, les galaxies, le Soleil et la Lune, la Terre, la guerre du feu, l'acropole d'Athènes, la Grande Muraille de Chine, les Confessions de saint Augustin, Le Songe de sainte Ursule par Carpaccio et Le Songe de Constantin par Piero Della Francesca, La Cantate du café de Bach et La Vie parisienne d'Offenbach. J'écris ces mots. Et vous les lisez. Le monde s'est mis en marche. Que s'est-il donc passé ?» Jean d'Ormesson tente avec gaieté de percer le mystère du rien, c'est-à-dire du tout. Ravissements et surprises sont au rendez-vous de son épatante entreprise.
Quatre ouvrages pour entrer dans l'œuvre de Jean d'Ormesson, qui s’est éteint cette semaine
La mélodie de la vie et de ses incertitudes
Vous reprendrez bien un petit Jean D’Ormesson ? Un format court de cent-vingt pages, en caractères assez gros. Une heure de lecture agréable, à écouter l’académicien vous faire la conversation de son ton léger et primesautier sur… rien !
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de parler de tout et de rien, comme vous et moi réussissons généralement à le faire assez bien. Il s’agit de : «L’idée, chère à Flaubert, d’un roman sur rien (qui) m’a longtemps travaillé en silence… Pour préparer deux de mes livres récents, je me suis intéressé en néophyte à un domaine qui m’était étranger et qui fait depuis cent ans des progrès fascinants : la physique mathématique et la cosmologie. »
Dieu, l’univers, le néant, le temps, la pensée, Darwin, le hasard, le soleil et la lumière défilent dans une conversation fluide, agréable, accessible, souvent convaincante même si, au bout du compte, votre perplexité resurgit au détour d’une phrase :
« Dieu est le néant d’où surgit notre tout. Il n’existe pas au sens où existent les choses et les êtres plongés dans l’espace et le temps. Il est de toute éternité puisqu’il est à la fois le rien et le tout, l’être et le néant. »
Vous refermez ce petit livre élégant, toujours aussi peu avancé sur ce problème diabolique qui vous taraude un peu depuis que vous avez compris qu’il y a une fin au grand film de votre petite vie. Pour tenter d’apaiser le vertige causé par ces angoissantes questions, vous vous retranchez derrière la dernière opinion que vous aviez adoptée sur le sujet. En ce qui me concerne, je doute fortement qu’un quelconque dieu puisse, une fois que j’aurai cessé de vivre, s’intéresser à un être aussi insignifiant, que ce soit pour lui demander des comptes ou l’affecter à un nouveau rôle. Si Dieu existe, je reste persuadé qu’il n’aura que faire de moi, ce qui m’inciterait plutôt à ne pas plus me soucier de lui que ce que j’imagine qu’il se soucie de moi.
Je repose le livre, une dernière pensée à l’auteur, pas plus immortel que ne l’étaient les membres de la garde prétorienne de Xerxès affublés pourtant du même qualificatif que nos académiciens, et je me fais la réflexion passe-partout de sortie de cimetière : « il a bien vécu ». Notez qu’il le dit bien mieux que moi : « J’ai aimé la vie qui est beaucoup moins que rien, mais qui est tout pour nous. Je chanterai maintenant la beauté de ce monde qui est notre tout fragile, passager, fluctuant et qui est notre seul trésor pour nous autres, pauvres hommes, aveuglés par l’orgueil, condamnés à l’éphémère, emportés dans le temps et dans ce présent éternel qui finira bien, un jour ou l’autre, par s’écrouler à jamais dans le néant de Dieu et dans sa gloire cachée. »
Quant à moi, merci c’était pas mal, je ne regrette pas d’être passé sur terre, je serais bien resté un peu plus, et voilà tout…
Pas tout à fait, finalement, car une autre idée vient de surgir, une image plutôt : de quelque part, je ne sais pas d’où, de nulle part ou d’ailleurs, l’écrivain au regard bleu, ou son avatar, m’observe en train de refermer son livre… et je distingue parfaitement son sourire ironique, celui de celui qui sait et ne dira rien…
Pfff… ou bien alors, ce sourire ne dissimule qu’un bluff et il n’en sait toujours pas plus que moi !
"Lu" dans la version Audiolib.
Un essai sur les origines de l'univers, la vie, la mort et l'existence de Dieu en hommage à Flaubert dont le défi littéraire était d'écrire un "roman sur rien" ( ce rien étant le néant qui précède le big bang ou celui d'après notre mort).
On retrouve dans ce roman toute la bienveillance de Monsieur d'Ormesson, sa culture et le plaisir de l'entendre dans le bonus de la version Audiolib.
Je trouve que "le testament de Baltimore" qu'il nous livre à la fin du roman -testament qui aurait été trouvé dans un église de Baltimore en 1692- est tout à fait pertinent et à l'image que je me fais de ce grand Monsieur !
J'ai lu et aimé la version papier en 2014 et j'ai été séduit à nouveau (en mars 2018) par la version AUDIO (éditions Audiolib) car très bien lue par Daniel Nicodème (voix francophone de Liam Neeson).
"Comme un chant d’espérance" est le dernier volet du triptyque initié par "C'est une chose étrange à la fin que le monde" et "Un jour je m'en irai, sans en avoir tout dit."
Dans ce roman philosophique (et non un essai, l'auteur y tient beaucoup !), le regretté Jean d'Ormesson (décédé en décembre 2017) tente de comprendre notre univers et de lui trouver un sens. Il s'interroge sérieusement et avec humour sur la vie, la mort et l’existence de Dieu.
Une réflexion simple menée avec brio qui invite le lecteur à se poser les mêmes questions, à y réfléchir sérieusement.
Avant le big bang il y avait rien; mais le tout issu du big bang provient du rien. Et ce tout a pris la forme que nous connaissons grâce au hasard et la nécessité. Et alors quel est le rôle de Dieu et de l'humain dans tout cela? Un livre à lire!
Je ne me souvenais pas d’avoir déjà lu Jean d’Ormesson, aussi j’ai été intriguée par ce livre d’à peine 120 pages mais au titre qui sonne comme une invite au lecteur. Je ne suis pas déçue par ce court roman.
Dans « Comme un chant d’espérance », l’auteur nous parle du Big Bang et du mur de Planck, du néant qu’il y avait « avant-notre-monde » et qu’il y a sans doute « après-notre-mort », de Dieu et des Hommes, de la liberté qu’ils ont d’agir ou d’être. Il nous parle aussi de l’histoire du monde, des nombres et du comique (oui, du comique, pas du cosmique !), du temps et de l’espace, du soleil et de la lumière, de tout ce qu’il aime et de ses réflexions plus intimes, lui qui affirme que « dieu n’existe pas mais il est. Il n’est rien d’autre que rien - c’est-à-dire tout».
J’ai particulièrement aimé la liste qu’il dresse, comme un chant d’espérance, et qui démontrerait que Dieu se dissimule dans ce monde qu’il aurait créé. Il m’a donné envie d’en établir une à mon tour, non pour savoir où se dissimule un hypothétique Dieu, mais pour mieux réaliser où se cache la beauté du monde et, parfois, des hommes. C’est un roman sur « rien », un roman qui essaie à sa façon de dire le pourquoi, mais c’est avant tout un roman d’optimisme.
Ha, Jean d'Ormeson... à lui tout seul, c'est tout un poème.
Un livre bonbon empreint de sagesse et de profondeur, sans que jamais ce cher Jean d'O ne se départisse de cette taquinerie qui lui est propre.
J'adore Jean d'Ormesson et ce livre, que je relirai encore, m'apporte énormément. Si on réfléchissait plus souvent à l'Histoire de l'homme à savoir d'où l'on vient et où l'on va, peut-être que nos vies seraient autre ? A méditer. Merci Mr d'Ormesson !
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