"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Quiconque a déjà lu plusieurs ouvrages d’un même auteur s’en est déjà rendu compte : bien souvent, la même thématique – souvent très chère à l’auteur – revient d’un livre à l’autre. Entre L’étrange pouvoir d’Hector et Comme le noir et le blanc, il semblerait que le thème de prédilection d’Erwan Bargain – du moins dans ses romans jeunesse – soit la question de la différence, des différences, et par conséquent celle de la tolérance, de la bienveillance … Bref, vous le savez, c’est une thématique que je suis toujours très heureuse de croiser dans mes lectures, en particulier lorsqu’il s’agit d’ouvrages destinés au jeune public : à mes yeux, il n’est jamais trop tôt – ni trop tard d’ailleurs – pour sensibiliser à cette question … C’est donc avec plaisir que je me suis plongée dans ce second petit ouvrage de l’auteur dans la collection Saute-Mouton, que j’aime un peu plus à chaque fois …
Il était une fois Sirius, un petit garçon qui n’avait pas d’ombre, et Anna, une petite Ombre qui n’aimait pas la nuit. Il était une fois Sirius et Anna, deux enfants rejetés de tous à cause de leur différence. Un jour, las de subir jour après jour les moqueries ou la méfiance dont il fait l’objet, Sirius quitte son village pour s’acheminer vers la demeure du grand Sorcier qui pourra, parait-il, l’aider. En chemin, il croise Anna, qui ne supporte plus de devoir vivre dans l’obscurité comme les autres habitants de son village. C’est ensemble qu’ils se rendent chez ce vieux Mage … Mais se pourrait-il qu’ils aient déjà trouvé ce qu’ils cherchaient, sans s’en être rendu compte ?
Avec Comme le noir et le blanc, Erwan Bargain offre à ses lecteurs – petit et grand –, un conte débordant de douceur et de poésie. Avec une grande simplicité, il nous invite à faire la connaissance de Sirius, un petit garçon aimé et choyé par ses parents, qui habite dans un village ensoleillé toute l’année … Le rêve, me direz-vous ? Cela aurait pu, effectivement. Mais dans le village, personne n’apprécie Sirius, car il est différent. Il n’a pas d’ombre. Et vous le savez comme moi, vous l’avez déjà probablement observé au quotidien, vous y avez peut-être même participé sans vous rendre compte de ce que vous faisiez : face à la différence, la première réaction est le rejet. Car la différence fait peur : peut-être est-ce une malédiction, peut-être est-ce contagieux, peut-être est-ce dangereux. Mieux vaut se tenir à l’écart des gens différents ! D’autant plus que les rares personnes qui osent s’approcher d’eux sont également, aussitôt, rejetées. Car ça ne se fait pas de s’approcher des gens différents, dans notre société de paraitre et de normalisation …
Et le plus terrible dans tout cela, c’est que les enfants intègrent incroyablement vite cette notion « différent = mauvais » … Et c’est bien pour cela que des petits romans tels que Comme le noir et le blanc sont essentiels, et ce dès le plus jeune âge ! Car avec cette jolie histoire, enrichie de quelques illustrations vraiment très belles, Erwan Bargain invite ses petits lecteurs à regarder d’un œil nouveau ces différences, qui font si peur au premier abord : ce sont leurs différences respectives qui rendent Sirius et Anna si complémentaires, qui cimentent leur amitié. Si Sirius était né avec une ombre, et si Anna n’avait pas été une ombre, jamais ils ne seraient devenus les meilleurs amis du monde ! Ce qu’ils voyaient l’un et l’autre comme la plus terrible des malédictions est finalement devenue une formidable richesse qui leur a permis de se rendre compte « qu’à deux, on est toujours plus fort que tout seul ». J’aime beaucoup la petite morale du vieux Sorcier, mais je pense toutefois qu’un enfant seul ne pourra pas la comprendre parfaitement : il serait bon de prendre quelques minutes pour discuter avec le petit lecteur afin de l’aider à saisir le message que transmet ce petit roman vraiment sympathique !
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis tombée sous le charme de ce petit conte ! J’aime la douceur qui se dégage du récit et des illustrations, j’aime la façon dont Erwan Bargain a su montrer toute la douleur de Sirius sans trop en dire – juste suffisamment pour que le petit lecteur prenne conscience que leur petit camarade rejeté de tous est sans doute aussi malheureux que Sirius. J’aime l’amitié pure et immédiate qui se noue entre ces deux enfants esseulés, qui ne comprennent pas ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter les moqueries et les injures : ils n’ont pas choisi d’être « différents », et surtout, ils ont le cœur gros comme le monde et ne demandent qu’un brin de gentillesse, de bienveillance et de tolérance ! L’étrange pouvoir d’Hector invitait les enfants à ne pas s’arrêter aux apparences et à voir au-delà des différences, et Comme le noir et le blanc vient compléter en apprenant aux enfants à avoir dans les différences un vrai cadeau : celui d’être complémentaires les uns les autres …. Car on a tous quelque chose à apporter que les autres n’ont pas, car on est tous unique, et donc tous différents, finalement !
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/08/comme-le-noir-et-le-blanc-erwan-bargain.html
Un livre jeunesse très enrichissant, fort et touchant sur le thème de la différence, de l'acceptation de ce que l'on est (malgré les moqueries, parfois les coups et la méfiance de tout un chacun).
Une très belle quête dont l'issue nous offre une belle morale essentielle pour nos jeunes.
Un ouvrage jeunesse très bien écrit que je recommande vivement !
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