Faites le plein de conseils de lecture !
La montagne. Un village isolé. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée 'la grotte aux fées'. On dit que, jadis, les fées y cachaient les bébés qu'elles volaient.
A l'écart des autres habitations, Mariette et son fils ont construit leur vie, il y a des années. Ce fils, étonnante force de la nature, n'a jamais prononcé un seul mot. S'il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes.
En marge du village, chacun mène sa vie librement jusqu'au jour où, au cours d'une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre une petite fille nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de tous...
Violaine Bérot, dans ce nouveau roman à l'écriture poétique, décrit une autre vie possible, loin des dérives toujours plus hygiénistes et sécuritaires de notre société. Un retour à la nature qu'elle-même expérimente depuis vingt ans dans la montagne pyrénéenne.
Faites le plein de conseils de lecture !
Pour préserver son fils « différent », à qui sa forte stature, sa peur des hommes et son absence de langage ont valu le sobriquet d’Ours, Mariette a choisi de s’installer avec lui en marge de leur village isolé des Pyrénées. Cela fait maintenant des années qu’ils y vivent loin des regards, en quasi autarcie, lorsque des randonneurs découvrent une fillette de six ans, nue, dans les parages…
Les éloges sont unanimes sur ce livre et l’on comprend pourquoi. Cette histoire admirablement contée est un cri de colère contre l’intolérance d’une société normative, que l’auteur a elle-même rejetée en quittant tout, il y a vingt ans, pour élever chèvres et chevaux dans ces mêmes montagnes pyrénéennes. C’est, lui aussi, loin des hommes et au contact des bêtes, au plus près de la nature, que le fils de Mariette a trouvé à s’épanouir, dans une forme de bonheur et une liberté que la « civilisation » va néanmoins s’empresser d'anéantir. La langue est fluide, le drame frappant, et la construction habile. Tandis qu’en entame de chaque chapitre, la psalmodie des divinités de la montagne et de la maternité contrariée bercent le lecteur de leur lamentation tragique, celui-ci découvre peu à peu le drame qui s’est déroulé, au travers des dépositions successives des témoins interrogés dans l’enquête. Se dessinent ainsi une palette de points de vue, parfois fermés et intolérants, souvent bienveillants ou au pire indifférents. Toujours est-il qu’au nom de principes censés protéger le citoyen, la parenthèse de liberté qui ne coûtait rien à personne s’est bel et bien refermée…
Hymne à la liberté et au droit à la différence, en particulier à propos du handicap, ce livre bien conçu et bien écrit aurait dû me séduire. C’est pourtant une tout autre colère que celle de l’auteur qui me reste après cette lecture. Car oui, notre société, très normative, laisse peu de place à la différence. Le culte de la croissance économique et de l’argent y a supplanté toutes les autres formes de bonheur, au nom d’un progrès matérialiste qui uniformise peu à peu la vie de par le monde. Que l’on soit l’héritier d’une autre culture et d’autres valeurs, ou que le handicap vous empêche d’être comme tout le monde, l’on attendra de vous de vous normaliser. Ainsi par exemple, aussi inadéquat que cela puisse paraître parfois, un travailleur handicapé devra être rentable. Pas « d’aide par le travail » pour ceux qui ne peuvent pas l’être… Alors, quand on est parent d’un enfant « différent », ce n’est certainement pas la marginalisation et l’isolement que l’on s’en va chercher. Parce que, quand on ne sera plus là, il faudra bien qu’il puisse poursuivre son existence sans nous. Quel est donc cet amour maternel qui enferme l’Ours dans sa marginalité ? Peut-on vraiment vivre heureux au seul contact des chèvres, dans la solitude la plus absolue ? Et comment vanter le bonheur d’une enfant sauvage, grandissant sans langage au seul contact d’un âne et d’un autre asocial ? Non, quand on est parent d’un enfant handicapé, on ne veut certainement pas qu’il ait à vivre « comme une bête ». Quand on est « différent », l’on ne rêve que d’être accepté comme on est, pas de se cacher. Et si le retour à la nature convient à certains, c’est un choix qui devient très égoïste lorsqu’il implique de l’imposer à d’autres qu’à soi-même.
Une divergence fondamentale de point de vue m’empêche donc d’apprécier totalement ce roman par ailleurs intéressant, bien écrit et agréable à lire. Il y a une différence de taille entre choisir de quitter le monde et désespérer d’y trouver sa place : celle qui sépare la liberté de la nécessité vitale. Pour moi, le handicap vous cantonne généralement dans le second cas.
Dans un village perdu des Pyrénées (sans doute puisque l’auteure est familière des lieux, mais en vrai ce village n’est pas situé) vivent, encore plus isolés, Mariette et son fils. Celui-ci, surnommé l’Ours pour son physique impressionnant, est un jeune homme qu’on dit inadapté. Mais il possède un don, celui de guérir les bêtes. Dans ces montagnes, un randonneur a aperçu une fillette, nue qui jouait avec un âne. Et il a prévenu la police qui a arrêté l’Ours qui serait coupable. Mais coupable de quoi ? De prendre soin d’une fillette qu’il élève en secret dans les montagnes ? D’avoir enlevé cette enfant ? De l’avoir soustrait à la société des hommes ? Au fil des pages, les habitants des lieux vont prendre la parole tour à tour, y allant de leurs commentaires, interprétations et théories diverses au sujet de ce trio.
Ce court roman d’à peine 150 pages se lit d’une traite. Chaque témoignage, tantôt bienveillant, tantôt accusateur, parfois moralisateur ou porteur de médisance ajoute une pièce au puzzle de l’histoire de Mariette et de son fils. Ainsi, de déposition en déposition (car il s’agit bien de personnes convoquées par la police pour comprendre d’où vient et qui est cette fillette), le lecteur se rapproche d’une certaine vérité. Qui n’est probablement pas l’entière ni la vraie vérité mais finalement là n’est pas complètement le sujet.
Il est ici plutôt question de comprendre la différence, d’accepter l’autre quand la société pousse plutôt à poser des normes et à définir précisément ce qui est conforme ou non. A travers les différents personnages qui prennent la parole apparaît le portrait d’un homme que sa mère a voulu protéger et qui s’est épanoui dans la nature et auprès des animaux. Dans ces lieux où personne ne porte de jugement et où les bêtes lui accordent leur entière confiance. Ces lieux que Mariette a pensé comme un refuge lorsqu’elle a compris que son fils n’entrerait jamais dans des cases prédéfinies et qu’il faudrait le soustraire au besoin de normalité d’une société qui ne sait pas accueillir les êtres différents. Un endroit où finalement, et globalement, ils avaient trouvé apaisement et bienveillance de la part de nombreux habitants avant que tout n’explose avec la signalisation, par une personne extérieure à leur communauté, de la présence de cette mystérieuse fillette.
Le récit est émaillé par une petite comptine, celle des fées desquelles la légende raconte qu’elles sont là pour prendre soin des enfants que des mères leurs confient lorsqu’elles ne peuvent pas s’en occuper.
C’est un roman à la fois plein de poésie, très intense et dont les dernières pages constituent un ultime choc pour le lecteur déjà bien secoué.
Un roman choral émouvant sur la différence et une belle ode à la nature. L'écriture est simple ce qui en fait un livre facile à lire.
Les habitants de la plaine sont dépassés par les événements et les légendes concernant l'Ours et les fées.
La fin du livre m'a surpris car inattendue.
Je vous laisse le plaisir de découvrir ce petit bijou littéraire signée Violaine Bérot.
Mariette et son fils vivent en montagne près d’un village isolé en prise directe avec la nature qui semble convenir au bien être du fils, handicapé mental et asocial qui ne parvient pas à supporter le carcan d’une institution scolaire pas encore prête à accepter et gérer les différences. Le Garçon, une force de la nature ne parle pas et on le surnomme « l’ours ». Aimé par sa mère, il est décrit par les gens qui le voient ou le côtoient (l’institutrice, le voisin, le randonneur, le flic…) Il possède un don particulier pour soigner les animaux du voisin Luc et on le surprend avec une petite fille qui semble parfaitement heureuse avec lui dans la grotte aux fées. Remarquable roman, plein de poésie, d’empathie exprimée par les gens qui rencontrent l’ours et le décrivent plutôt comme un agneau.
Un touriste en faisant une randonnée découvre une petite fille nue au soleil jouant avec un âne qui parait être son meilleur copain sous la protection d’un grand gaillard d’une trentaine d’année surnommé « l’ours ». Sans rien savoir ce touriste va dénoncer la situation à la gendarmerie, ce village isolé qui avait une vie paisible va voir son équilibre totalement bouleversé.
L’auteur a adopté une construction originale et puissante qui consiste à faire entendre quatorze témoignages lors de l’enquête de la gendarmerie.
Il y a quelques années Mariette et son fils « différent » sont venus s’installés dans ce village isolé pour y trouver paix et équilibre. Mariette a acheté une vieille grange à l’écart du village, pour ne gêner personne et pour que son fils ait un environnement épanouissant. Ils ont tous trouvé un modus operandi pour bien vivre ensemble, pour les uns avec intérêt et amitié, pour les autres dans une indifférence respectueuse.
Après la dénonciation l’ours est emprisonné et l’enquête commence.
Dès les premières lignes ma colère est montée, elle a couru sous ma peau plus vite que le sang qui m’irrigue. Ce fut une bourrasque dévastatrice d’entendre ce premier témoignage de l’institutrice du village qui a condamné la mère et le fils dès leur arrivée. Incapable de gérer cet enfant différent, elle l’a laissé subir les sévices infligés par les autres élèves, qui par leur jeunesse ne se sont pas rendu compte de leur cruauté, cruauté légitimée par la non-intervention de l’autorité, l’institutrice.
« Madame je sais tout mieux que tout le monde » et qui trente ans plus tard n’a pas digéré de voir son avis de l’époque rejeté par la mère. Qui lui a dit un non ferme, à la proposition d’enfermement de son fils.
Le témoignage d’un ancien élève qui raconte comment la classe terrorisait ce gamin et comment ils se jouaient de le voir trembler de la tête aux pieds lui qui par sa stature les surpassait.
Alors comme le dit Mariette lors de son témoignage :
« Mais oui, je m’énerve encore ! Bien sûr que je m’énerve, encore et toujours ! Bien sûr ! Comment voulez-vous que je ne m’énerve pas ! »
De la première ligne à la dernière j’étais en colère, comme un volcan qui ne veut pas s’éteindre.
Dans ce village, à son point culminant il y a une grotte dite « la grotte aux fées » qui a pour légende d’y garder certains enfants, chaque témoignage est ponctué de la voix cristalline des fées qui disent qu’elles n’enlèvent pas les enfants, elles ne gardent que les enfants qui sont un fardeau trop lourd pour les mères, elles ne kidnappent pas elles accueillent sans juger, elles apportent leur bon sens et de la douceur. Ce sont des fées bienveillantes, dont notre monde a bien besoin.
Cela apporte au lecteur une petite pause rafraîchissante et bienfaisante. C’est très poétique.
« De lui, je garde cette double image : une puissance terrifiante, une douceur exceptionnelle. Et ça pourra vous paraître bizarre, ou contradictoire, mais je n’ai aucun mal à l’imaginer s’occupant d’un enfant. »
La plupart pensent qu’il faut « fiche la paix à Mariette et son fils…
Par ces témoignages, le lecteur découvre comment ils se sont construits une vie bien à eux, sans faire de remous.
Avec dignité, avec bienveillance envers ceux qui l’étaient avec eux et indifférence pour les autres juste de la vigilance pour ne pas s’attirer les foudres de ceux qui…
Dans ces voix qui s’élèvent, celle de Mariette est émouvante bien évidemment mais la dernière celle de Madame la pharmacienne est bouleversante, car elle dévoile beaucoup de choses qui se taisent et que rien ne l’obligeait à dévoiler si ce n’est l’empathie pour une mère et son fils.
Un roman qui m’a transportée par sa richesse poétique, par le message véhiculé, par sa force de dire qu’il y a une autre vie que celle toute tracée par certains, de ceux bien-pensant qui veulent éloigner ceux qui n’entre pas dans le moule d’une conformité qu’ils ont accepté car incapables probablement de se créer une vie personnelle, hors cadre.
Mon premier de Vilaine Bérot, pas le dernier, car son écriture a de grandes qualités et les sujets abordés m’interpellent.
©Chantal Lafon
Mariette et son fils vivent isolés dans les montagnes. Elle, se limitant à des allers-retours sur le marché. Lui, surnommé « l’Ours » ne sait ni lire ni écrire mais il possède un don. Qualifiés tous deux de marginaux, ils vivent ainsi depuis de nombreuses années. Un jour ce quotidien est mis à mal avec la découverte d’une petite fille, nue, près d’une grotte.
« Non, on n’y croit pas vraiment, bien sûr. Mais n’empêche que c’est la tradition, la grotte aux fées c’est la grotte des bébés volés. C’est pour ça que nous, quand on a entendu cette histoire d’un enfant trouvé juste dans ce coin, ça nous a donné envie de monter jusqu’à la grotte »
Qu’est-ce que la normalité ? Et si, finalement, nous ne réagissions uniquement que Comme des bêtes ?
Violaine Bérot conte l’humain sous son véritable jour. Que celui qui ne rentre dans aucune case soit stigmatisé, mis à l’écart, humilié. Rumeurs et mensonges vont bon train. Un procédé tellement simple à exécuter, surtout en groupe. Soulevant ainsi la question sur la nature humaine : sommes-nous des bêtes pour ainsi faire subir autant de méchanceté aux personnes différentes.
Une lecture qui donne la chair de poule de par sa beauté et son sujet. Émouvant +++
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2021/06/30/39037639.html
J’ai été totalement happée par ce roman que j’ai dévoré. Il est court, 147 pages.
Chaque chapitre est le récit d’un personnage interrogé par la gendarmerie. L’histoire se passe dans un petit village des Pyrénées. On découvre l’affaire au fur et à mesure et ainsi que le personnage central, un jeune homme surnommé l’Ours. C’est un garçon différent, plus grand que la moyenne, qui ne parle pas. Sa mère, Mariette, l’a rapidement retiré de l’école, voyant que sa différence était peu acceptée et que son fils en souffrait. Il vit donc dans la montagne, près de la grotte aux fées, dans un endroit reculé où peu de personnes viennent. Sauf qu’un jour, un groupe de randonneurs aperçoit une petite fille nue se baladant toute seule dans la montagne. Après l’avoir signalée aux gendarmes, ceux-ci finissent par arrêter l’Ours et emmener la petite fille.
Chacun y va de son hypothèse. Le récit se construit pièce par pièce tel un puzzle. La mère réclame son fils, s’inquiète pour lui, il ne supportera pas d’être enfermé. Certains témoignages disent qu’il possède un don pour guérir les animaux et qu’il pourrait aussi s’occuper d’êtres humains. Et puis il y a la légende autour de la grotte aux fées. Les fées s’expriment entre chaque chapitre à la manière d’un poème.
J’ai beaucoup aimé ce premier roman : la construction de l’histoire autour des différents témoignages, les interprétations des uns et des autres montrant les préjugés et cette absence de droit à la différence, cette peur de l’autre. Le récit de la mère est très touchant. On ressent l’amour qu’elle lui porte, c’est très fort, très bien écrit. Et puis quel crédit peut-on accorder aux légendes et croyances ? Question que je laisse en suspens ou plutôt à l’appréciation de chacun.
J’ai hâte de lire un autre roman de cette autrice. Gros coup de cœur pour moi ! Une belle découverte.
Merci à Netgalley et Buchet Chastel pour cette belle lecture.
Un court roman d’une grande intensité. Récit choral, les voix se répondent subtilement poétique. Elles dénoncent les lieux communs, les stéréotypes, et l’intolérable de ce qui traverse l’humain parfois.
Les regards aiguisés disent l’incertitude, expliquent que les pensées puisées dans l’enfance, l’environnement et ne sont pas forcément justes.
Teinté de mystère, les passages sur les fées sont d’une grande douceur.
Choisissons nous d’entendre l’altérité ?
Les poèmes oniriques qui scandent les chapitres animent la sensibilité. Peu friande des fins qui ne se disent pas, ici cela ne m’a pas troublé.
Nue, sous la lune, malgré son sujet, m’avait moins saisi. Celui-ci m’a conquise.
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