Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Récit de l'incompréhension et de la douleur, Classe de mer retrace le calvaire d'un jeune garçon confiant en ses « meilleurs amis ». Trente ans plus tard, la rancoeur est toujours là, tenace, et gronde la colère à l'encontre de ces adultes, parents, institutrices, moniteurs et pompiers, qui, indifférents ou indolents, n'ont jamais rien vu, ne sont jamais intervenus. Ce ne sont que des enfants.
Oui, mais « ensemble, ce ne sont plus des enfants ».
Attirée par ce titre et cette couverture, je me suis laissée prendre au piège et la chute s'est révélée aussi puissante qu'efficace. Il est vrai également que connaissant assez et appréciant déjà beaucoup les éditions Lunatique, il ne pouvait pas en être autrement.
Ce roman (mais en est-ce vraiment un?) signé Benjamin Taïeb s'adresse en priori à de jeunes ados mais peut aussi être lu par de grands enfants avec l'accompagnement d'un adulte de confiance.
Cette histoire, c'est celle d'un jeune garçon comme il y en a tant. Pour son malheur, cil est petit et il porte des lunettes. Une proie facile pour ceux qu'il considère toujours et malgré tout comme ses meilleurs amis.
Cette histoire, c'est hélas celle d'un harcèlement scolaire presque banal. Son originalité se trouve dans la façon dont Benjamin Taïeb nous la raconte. Fait après fait, comme marquée d'une certaine distance, comme si la victime regardait ce que lui font subir ses meilleurs amis et leur trouvait des excuses parce que...
Parce que, parfois, lui aussi s'est trouvé du côté des harceleurs et qu'il n'a rien fait pour stopper les paroles et les actes de ces bourreaux des temps modernes.
Une passage revient en boucle "Ce ne sont que des enfants. Oui. Mais, ensemble, ce ne sont plus des enfants." Et quand, en plus, les adultes qui sont sensés veiller sur eux semblent indifférents, comment aller au-delà de l'impuissance et de la rage?
Comment ne pas avoir l’estomac et la gorge noués en refermant la dernière page de l’album Classe de mer ? Comment ne pas aussitôt se sentir mal en imaginant que ce qui se déroule dans cet album a pu potentiellement se dérouler pendant que j’ai emmené des élèves, mes élèves en classe de mer ?
À aucun moment je n’ai vu ou ressenti qu’un seul de mes élèves ait pu devenir le souffre-douleur des autres.
Quand on fait la démarche de faire découvrir un autre univers à une classe de petits (CE1) ou de plus grands (CM2), pendant une semaine ou plus, la seule hantise est l’accident.
Vous parents, vous nous confiez ce que vous avez de plus cher au monde, la prunelle de vos yeux. Nous, nous avons comme obligation de prendre soin de vos petits.
Alors je devenais leur "maman" provisoire. Je me suis toujours considérée ainsi avant d’être une enseignante, avec cette phrase toujours en point de mire : “Ne fais surtout jamais aux enfants des autres, ce que tu ne voudrais pas que l’on fasse à Sophie, Alexandre et Pauline".
Alors réaliser maintenant que ce moment dédié à l’épanouissement des enfants puisse se transformer en classe d’horreur me laisse coi.
Comment le bleu de la mer et le jaune du soleil peuvent laisser place, la nuit venue, au noir des coups et à la souffrance ?
Comment un petit être puisse être meurtri à vie derrière mon dos, sans que j’ai pu m’en apercevoir ?
Comment, ceux qui pendant l’année scolaire faisaient bonne figure devant moi, pourraient-ils se transformer en tortionnaires ?
Comment ces enfants, qui tous les soirs demandaient que la maîtresse vienne leur souhaiter une bonne nuit individuellement dans leur lit, ont pu prolonger l’angoisse de la nuit jusqu’au petit matin ?
Les mots sont là, incisifs, durs, percutants comme le sont les coups. Ils reflètent l’état d’esprit de ce petit garçon qui n’a qu’une seule envie, exister aux yeux de ceux qu’il pense être ses amis.
Merci Benjamin Taïeb pour ce roman qui nous incite à redoubler de vigilance, en cette journée de lutte contre le harcèlement.
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