Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Dans ce dernier opus, la relation entre l'écrivain de génie et sa domestique devient bouillonnante. Entre désir de gloire littéraire pour l'un et d'ascension sociale pour l'autre, ce drôle de couple cherche un équilibre... Leurs liens se resserrent au fil des épreuves, pour le meilleur et pour le pire. Un huis clos magistral !
J'avais été conquise par le premier tome de Céleste au charme indéniable et ma lecture m’avait donné l’envie de découvrir le tome II. Voilà qui est fait avec le même plaisir de lecture
Après une fâcherie suivie d’une rupture avec son employeur Marcel Proust, Céleste accepte de revenir à son service mais elle pose ses conditions : Elle sera dorénavant gouvernante et sa sœur Marie viendra la seconder dans cette tâche harassante qui consiste à s’occuper d’un écrivain, enfant capricieux et gâté, aux nombreuses phobies et à la santé fragile.
Passant la majorité de son temps dans son lit à écrire et se lamenter, Proust laisse les deux femmes s’occuper de tout.
Nous sommes loin du génie de Proust et l’on voit Marcel avec ses travers d’homme riche et habitué à être servi. Il peut se montrer maniaque, exigeant et lunatique mais Céleste et sa sœur Marie gèrent haut la main ses maniaqueries.
Obligé de déménager, il laisse Céleste tout gérer, de la recherche d’un appartement calme (il déteste le bruit) jusqu’au déménagement des meubles de famille.
« Vous allez être bien ici pour finir votre œuvre
- Bien, c’est bien…mais…vous êtes sûre que le quartier est fréquentable ?
- - Chuuut…j’ai tout vérifié…Rien que dans cette rue, il y a une princesse, deux barons… »
Tout cela pourrait paraitre fastidieux mais, sous la plume de Chloé Cruchaudet, le récit se fait léger jusqu’à s’envoler dans l’onirisme. Elle a réussi à mettre du rythme, à dessiner la célérité de Célestine d’un trait léger et inventif aux couleurs tendres.
On découvre aussi une époque, celle de la première guerre mondiale et du travail éreintant des femmes. On découvre aussi que le prix Goncourt décerné à Marcel Proust avec son roman « A l’ombre des jeunes filles en fleur » a eu pour rival Dorgelès avec « Les croix de bois ». Pour ce prix, Marcel Proust sera moqué et vilipendé par la presse.
L’auteure a bien su mêler le réel de la biographie à la fiction plus fantaisiste de sa vie privée et c’est très réussi.
1918, Céleste Albaret a quitté son service auprès de Marcel Proust. Dorénavant elle est serveuse dans un café. Au diable celui qu’elle était obligée de servir nuit et jour parce qu’incapable de faire quoique ce soit de ses dix doigts, si ce n’est écrire et manger ce que Céleste lui servait au lit sur un plateau.
Mais monsieur ne va pas bien, il sent sa fin approcher selon les dires de son concierge rapportées à la jeune femme.
Telle une tornade, la gouvernante décide d’aller sortir monsieur de sa torpeur. Mais maintenant, ce sera à ses conditions. À prendre ou à laisser. Plus question de laisser son vieux Marcel lui dicter ce qu’elle doit faire.
Et pour commencer, Céleste fait venir sa sœur Marie à Paris. Elles seront désormais deux pour aider monsieur qui travaille toujours à la rédaction de son œuvre pour laquelle il désire tant obtenir le Prix Goncourt.
Avant cela, en plus d’être sa secrétaire, Céleste va devenir agent immobilier pour trouver un nouveau logement pour monsieur. Celui-ci étant occupé à construire sa légende.
Avec ce second tome de Céleste, Chloé Cruchaudet nous invite à nouveau à pénétrer dans l’univers de celui qui obtint finalement le Prix Goncourt en 1919 pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs. La relation qui va s’établir, au fil des années, entre cet écrivain gâté et souffreteux et sa gouvernante secrétaire entièrement dévouée, est effectivement des plus étonnantes.
De 1913 à 1922, la fidèle Céleste Albaret va accompagner les jours, mais également les nuits, de Marcel Proust. Malgré une différence de classe sociale qui pourrait les séparer, le dévouement de cette femme fidèle va accompagner l’écrivain jusqu’à sa mort.
Plutôt que de montrer, comme à l'accoutumé, des visuels de l’album, j’ai préféré vous présenter des photos de l’exposition qui s’est tenue à la MCA dans le cadre du festival des Rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens, en juin 2023.
Une visite des plus instructives puisque notre guide, Chloé Cruchaudet elle-même, pendant deux heures, nous a fait voyager dans cette rétrospective de son œuvre.
Une belle opportunité pour découvrir les magnifiques planches à l'aquarelle verte et violette de cet album.
Nous quittions Céleste et Marcel brouillés...
La vieille dame continue à nous raconter son histoire auprès de celui qui a écrit une des plus grandes œuvres de la littérature française, Marcel Proust.
C'est avec sa sœur Marie et son époux Odilon qu'elle va porter l'auteur vers le Goncourt et la poursuite de son œuvre jusqu'à son dernier jour.
Quel plaisir de pouvoir poursuivre enfin la deuxième partie de ce diptyque qui m'avait tant plu !
Celle-ci est plus tournée vers Céleste, son désir d'accomplissement, sa volonté de reconnaissance mais aussi son attachement profond à cet être si particulier que personne ne comprenait aussi bien qu'elle.
Chloé Cruchaudet nous ravis encore une fois de son aquarelle délicate et si expressive, emportant d'onirisme le récit des moments de vie de ces deux inséparables qui se sont tant compris, partagés l'un l'autre, sûrement parfois au détriment d'autre chose, mais de façon si nécessaire, vitale et sincère.
Si l'autrice romance bien entendu certaines parties de leur vie, c'est pour nous offrir l'essence de leur vraie relation, de leur façon d'affronter leurs adversités respectives, leur respect profond, leurs agacements parfois. Leur intimité et leur equilibre trouvé sans aucun doute.
On est plongé dans l'abîme de leur huis-clos permanent, rebondissant l'un sur l'autre, besoin vital certainement réciproque et forcément mal compris.
Celeste Albaret restera celle qui a continué à faire vivre Proust après sa mort, lui rendant hommage et faisant vivre les écrits sans cesse de celui qui disait d'elle qu'elle etait celle qui avait supporté la croix de son humeur en croix d'honneur.
L'histoire de deux être éclairés qui se sont aimés d'une amitié profonde. Il a rempli sa vie d'une "intensité de plaisir, de joie et du charme de sa conversation", et c'est à elle que nous en devons une partie.
Merci à Chloé Cruchaudet de nous en partager ce témoignage si respectueux et tendre grâce aussi à ce trait qui me charme sans relâche.
Magnifique !
Céleste Albaret se souvient. Face à ces visiteurs désireux d'acheter tout ce qui a pu appartenir à Marcel Proust, elle raconte les moments qu'elle a vécu aux côtés de l'illustre auteur.
Après un premier tome brillant, Chloé Cruchaudet met fin à son diptyque avec cette seconde partie qui marque un basculement bien exprimé par la couv. Céleste, d'un rôle de secrétaire dévouée, va passer à celui de gouvernante en chef. Réalisant qu'il n'arrive à rien sans elle, Proust lui donnera volontiers les pleins pouvoirs.
On découvre alors sous le trait enlevé et libéré de Chloé Cruchaudet une femme fière, qui va de main de maître gérer la vie de l'écrivain en étant tour à tour, maman, confidente, servante, même agent immobilier... et ce jusqu'au dernier instant.
Si l'on sent l'énorme travail documentaire, ce n'est pas au détriment d'un récit qui reste vivant et entraînant. Chloé Cruchaudet parvient à insuffler beaucoup de vie dans ses pages et dans ses personnages.
Ces deux albums constituent un modèle de travail littéraire, historique accessible à tous. Un régal !
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