"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable.»
La narratrice décide de rassembler amis, famille et voisins pour une fête de printemps. On découvre d'abord un à un les invités pendant cette fameuse soirée où les gens ont eu un peu de difficultés à se "mélanger". La nuit même, un drame a lieu à l'étage du dessus et notre narratrice se retrouve impliquée dans l'affaire. Comme d'habitude chez cet auteur, ce n'est pas l'intrigue que l'on retient mais la psychologie des personnages est intéressante.
La narratrice décide de rassembler amis, famille et voisins pour une fête de printemps. On découvre d'abord un à un les invités pendant cette fameuse soirée où les gens ont eu un peu de difficultés à se "mélanger". La nuit même, un drame a lieu à l'étage du dessus et notre narratrice se retrouve impliquée dans l'affaire. Comme d'habitude chez cet auteur, ce n'est pas l'intrigue que l'on retient mais la psychologie des personnages est intéressante.
Le titre suscite le questionnement. « Le monde n’est pas bien rangé, c’est un foutoir. Je n’essaie pas de le mettre en ordre. », cette citation du photographe de rue américain Garry Winogrand en exergue du récit condense la tonalité du livre. Jean-Lino rapporte un souvenir d’enfance, son père lui lisait toujours le même verset des psaumes, celui de l’exil où Babylone est mentionnée: « Aux rives des fleuves de Babylone, nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion. »
Babylone est un roman agréable à lire, aux nombreux dialogues, un récit surprenant parce que décalé, il s’apparente dans sa deuxième partie à un polar. L’histoire concentrée sur une soirée et une nuit se déroule dans le huis-clos d’un immeuble de la banlieue parisienne. Elle met en scène des gens ordinaires, de la classe moyenne, dont un couple recomposé, Jean-Lino et Lydie Manoscrivi, tous deux fantasques. Leur bonheur de façade explose en une soirée à cause des mots, de mots qui tuent. La narratrice, Elizabeth, ingénieure à l’Institut Pasteur, sexagénaire, mariée depuis des décennies à Pierre, professeur de mathématiques, partage avec son voisin Jean-Lino le goût des souvenirs d’enfance. Quand le drame survient, Elizabeth très confuse persévère durant un bon moment dans une ambiguïté que l’auteur ne juge pas. Elle tacle les concepts creux que sont le devoir de mémoire et le travail de deuil. Babylone est aussi un récit sur le temps qui passe : « Quand tu fais la gueule à vingt ans, c’est sexy, quand tu fais la gueule à soixante, c’est chiant. »
Et le début de l’histoire ?
Elizabeth qui a perdu sa mère depuis peu décide de faire une fête du printemps chez elle. Lydie Manoscrivi l’aide à installer les sièges. C’est une soirée de fête normale dans la joie, les cadeaux, les plats apportés par les invités. Les Manoscrivi sont en pleine forme. On se passe les photos de voyage apportées par les uns et les autres. On boit beaucoup. On rit de la mort. Jean- Lino parle beaucoup, il raconte un dîner aux Carreaux bleus avec Lydie et leur petit-fils, Rémi. Lydie adepte du New Age a posé de multiples questions au serveur sur le poulet servi. Puis Jean-Lino imite devant les convives le volètement des poulets. Lydie, humiliée, ne parle plus de la soirée…
Bien qu’un meurtre soit commis chez les voisins, ne vous y trompez pas, ce roman est aux antipodes du polar.
On retrouve dans Babylone les thèmes de prédilection de Yasmina Reza, à savoir l’approche sociologique des bobos, de leurs couples et leurs problèmes existentiels. Par le biais de dialogues qui font mouche, elle nous livre un récit drôle et mordant.
Élisabeth, la narratrice nous raconte des fragments de sa vie, des anecdotes de son enfance. Elle revient sur la mort de sa mère et tous les souvenirs de son enfance qui remontent, comme ce casse-noix fabriqué par ses soins et retrouvé alors qu’elle vide l’appartement maternel. Elle campe avec une pointe d’ironie les gens qui forment son entourage, famille, voisins, collègues., tous ces gens qui se retrouvent chez elle pour une fête de printemps, prétexte à un cocktail de bobos satisfaits et prétentieux. Parmi eux, les voisins du dessus, Jean-Lino et Lydie. Jean-Lino, qui a peur de prendre l’ascenseur, a une tendresse béate pour son chat Eduardo auquel il ne s’adresse qu’en italien. Thérapeute new âge et chanteuse occasionnelle, Lydie porte des tenues excentriques et colorées et ne jure que par le poulet bio et qui peut s’ébattre librement avant d’être mangé. Bien que défenseuse des droits des animaux, elle déteste le chat Eduardo qui le lui rend bien. Lorsque Jean-Lino, pour faire rire la galerie, raconte le jour où, au restaurant, sa femme a demandé au serveur « si le poulet s’était promené dans la basse-cour, s’il avait voleté, et s’était perché dans les arbres », Lydie n’a plus ouvert la bouche de la soirée. Cette mauvaise plaisanterie va les mener au drame.
Tout va s’enchainer de façon drolatique et tragique et Élisabeth va se trouver mêlée au drame.
L’histoire est prétexte à parler de nos problèmes existentiels, de nos frustrations, nos petites lâchetés. Malgré les personnages nombreux qui traversent ce roman, on croise la solitude profonde de leurs vies et la quête éperdue de l’amour.
Le titre vient d’une remarque de Jean-Lino lorsqu’il évoque le livre des Psaumes et le passage sur l'exil des juifs vers Babylone. Ce récit fait écho à nos propres vies faites d’exclusion, de solitude et de confrontation à la mort, celle des autres et la nôtre. Et puis survient l’irrémédiable sans que nous en soyons avertis, et ce peut être déstabilisant.
Un roman plus profond qu’il n’en a l’air et qui cache, derrière sa comédie de mœurs, une fine analyse psychologique.
J’ai toujours plaisir à retrouver le style de Yasmina Reza à travers ses romans et ses pièces de théâtre.
Quelle belle écriture, simple mais touchante et parfois très drôle.
Les relations humaines, la vie tout simplement.
Un livre un peu dérangeant: des voisins dinent ensemble. Dans la nuit un des voisins étrangle sa femme, il vient le dire à ses voisins. Puis leurs réactions (appeler ou non la police, que faire du corps si on n'appelle pas)... C'est bizarre, c'est étrange, bien écrit mais un peu absurde. Je n'ai pas trouvé ce livre génial même s'il a reçu plusieurs prix. Ce qui est sûr c'est que l'histoire est originale.
Alors que la première partie n'a en apparence pas grand intérêt elle permet de poser les personnages, de nous les faire découvrir et de nous donner une image de cette drôle de relation qu'entretiennent Jean-Lino et la narratrice.
Puis il y a cette soirée où tout bascule et où les personnages partent en vrille, en douceur comme sur une pente glissante dont ils ont à peine conscience. Tout s'enchaine, les heures passent ils tentent le tout pour le tout, en secret comme dans une bulle hors du monde, dans leur monde à eux, celui qu'ils se sont créés depuis quelques mois et dans lequel on ne peut pénétrer mais seulement être spectateur.
J'ai été captivée par la force qui les anime, cette entr'aide absurde et qui porte, les rend vivants. On sent bien qu'ils vont droit dans le mur mais c'est plus fort qu'eux.
L'écriture de Yasmina Reza est fluide et légère malgré les propos, il se dégage même une certaine douceur comme si les personnages évoluaient dans une sorte de brouillard. Etonnante expérience de lecture.
Pierre et Elisabeth donnent une fête dans laquelle ils invitent leurs voisins, Jean-Lino et Lydie Manoscrivi. Dans la nuit, Jean-Lino sonne à leur porte et leur annonce avoir étranglé sa femme.
J'ai ri. Le point d'orgue n'est pourtant pas drôle, mais le ton et la langue employés sont drolatiques et justes. L'écriture tend vers le théâtre, mais le livre pose de justes questions et parle délicatement de l'ordinaire et de la solitude (entre autres choses).
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