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Aucun souvenir de Césarée de Marie-Ange Guillaume chez Le Passage
Sophie Avon, Marie-Ange Guillaume…et moi avons récemment perdus nos mères…Sophie Avon signe Dire Adieu, un livre très émouvant et M-A Guillaume : aucun souvenir de Césarée…Césarée qu’elle avait déclaré inoubliable. L’auteure, narratrice a tout oublié de son enfance et de son adolescence ; en fait elle les a reconstruites comme ternes, vides etc. et le journal de sa mère qu’elle découvre après sa mort va tout remettre en question et faire ressurgir un autre passé où il y a des rires, de la tendresse…Elle va recomposer la vie de sa mère, la sienne et un peu celle de son père.
La colère qu’elle a pu ressentir face à sa génitrice s’efface pour devenir tendresse.
« Grâce aux mots que tu m’as laissés, mon enfance a changé, elle est sortie du noir et du gris où l’avait ensevelie ma mémoire pour se barbouiller ici et là, de jolies taches de couleur »
…je suis « la petite fille que tu as tant aimée avec, parfois l’envie troublante de la balancer par la fenêtre quand le désespoir te prenait. » même cela sort du non-dit !
J’ai aimé ce livre qui m’a beaucoup émue…j’ai fait un peu ce même voyage dans le temps, redécouvrant ma mère et par ricochet, moi-même à travers quelques lettres et beaucoup de photos…C’est après la mort qu’on découvre qu’on ne s’est pas tout dit et en tous cas pas assez dit qu’on s’aimait.
J’ai beaucoup de mal à exprimer mes sentiments à propos de ce livre : je m’y retrouve trop, je voudrais l’avoir écrit (mais il me manque le talent) ; on y trouve du désarroi, du ressentiment, de la colère, de l’humour et une tendresse délicate.
Nous avons le même âge et venons de faire la même perte : j’aimerais beaucoup rencontrer cette dame !
CHRONIQUE DU LIVRE INTEGRAL ..
Aujourd’hui Maman est morte… Et j’ai dispersé ses cendres depuis un pont… C’est en substance le début du roman de Marie Ange Guillaume.
Après le décès de sa mère, à travers des bouts de lettres, des morceaux de souvenirs retrouvés çà et là, Marie Ange, nous raconte sa jeunesse. Cette jeunesse fleure bon l’ancien temps, un papa très strict, violent et fort en gueule, une maman, présente, mais très passive, et une fillette, Marie-Ange, qui se construit à travers eux.
Marie-Ange ne se souvient pas. Encore moins de Césarée, ‘’ si magnifique’’’, et pourtant, avec des accents surannés, elles soulève le voile poussiéreux de son enfance. Les moments lui reviennent au gré des bribes de lettres laissées par ses parents, au gré des souvenirs restés dans sa mémoire, et des reliques qu’elle découvre. Le livre est propice au recueillement. Il sent bon l’odeur de vieux grenier, il exhale des odeurs d’ancien temps.
On s’attend à une révélation à chaque page, et pourtant, chut, il faut avancer sur la pointe des pieds, au risque de réveiller le chat qui dort près de la cheminée. Marie-Ange se redécouvre après le décès de sa mère. et met d’autre mots sur les sensations vécues dans son enfance… une jolie découverte à lire au calme… pour se souvenir de soi, de son passé… Une belle introspection en somme, sur fond de souvenir et de biographie d’autrui.
Note 14/20