"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 26 mai 1964, un enfant parisien sort de chez lui en courant. On retrouvera son corps le lendemain matin dans un bois de banlieue. Il s'appelait Luc. Il avait onze ans. L'affaire fait grand bruit car un corbeau qui se dit l'assassin et se fait appeler « l'Étrangleur » inonde les médias, les institutions et les parents de la victime de lettres odieuses où il donne des détails troublants sur la mort de l'enfant. Le 4 juillet, il est arrêté. C'est un jeune infirmier, Lucien Léger. Il avoue puis se rétracte un an plus tard. En 1966, il est condamné à la prison à perpétuité. Il restera incarcéré quarante et un ans, sans jamais cesser de clamer son innocence.
Avec son style inimitable, Philippe Jaenada reprend minutieusement les éléments du dossier et révèle que, par intérêt, lâcheté, indifférence ou bêtise, tout le monde a failli, ou menti. Alors il se penche sur Solange, la femme de l'Étrangleur, seule et vibrante lumière dans la noirceur.
À travers ce fait divers extraordinaire, il fait le portrait de la société française des années 60, ravagée par la deuxième guerre mondiale mais renaissante et, légère seulement en apparence, printemps trompeur de celle qui deviendra la nôtre.
Un travail fouillé et rendu dans le pur style Jaenada, à la fois extrêmement précis et argumenté mais totalement échevelé dans la construction et les digressions diverses. Ce ne sera pas mon roman préféré de cet auteur car ici j'avoue parfois avoir perdu le fil de cette reconstitution minutieuse (à l'excès ?) des faits et certains apartés personnels de l'auteur m'ont cette fois pesé… Mais on ne peut que saluer le travail titanesque qu'il a fourni pour nous livrer ce roman.
Alors là ! Il faut bien reconnaitre qu’il a fait « très fort », le Sieur Jaenada ! 905 pages d’un formidable plaidoyer sur la (probable) « moitié d’innocence » de Lucien Léger ! « Moitié » parce que – si jamais il n’a pas tué le petit luc Taron – il est bel et bien l’auteur des élucubrations de « l’Étrangleur » (qui devrait s’appeler en réalité « l’étouffeur » …)
De tous les « faits divers » (quelle horreur, ce terme, pour une telle tragédie !!!) étudiés par Philippe Jaenada (« La petite femelle », « La serpe » …) ce dernier est celui qui me tient le plus à coeur. D’abord, parce que c’est un drame terrible que la mort de ce pauvre gamin. Ensuite, parce que je m’en souviens parfaitement : j’avais huit ans et demi en mai 1964, mon frère deux années de plus (pratiquement l’âge de Luc), nous habitions le XIème arrondissement de Paris et notre mère était inquiète à l’idée (effrayante) qu’un de nous deux puisse se retrouver face à face avec ce monstre ! …
Oui, mais voilà : Philippe Jaenada tente de nous prouver que le plus « monstrueux » n’est pas forcément celui qu’on croit et que Lucien Léger a peut-être effectué quarante et une années de détention carcérale pour avoir voulu faire son « intéressant » auprès des médias (ou pour rendre service ?!…) en envoyant des courriers de (très) mauvais goût durant deux mois …
C’est bien écrit, c’est percutant, effrayant, c’est formidablement bien documenté ! C’est « drôle » également (eh oui ! heureusement que les digressions humoristiques de l’auteur sont là pour nous faire sourire dans ce récit particulièrement glauque !…)
Bref, un ÉNORME coup de coeur pour ce travail de Titan, particulièrement humain – sans oublier d’être facétieux – (et ce n’était pas évident d’allier les deux avec autant de brio ! Bravo à l’auteur !)
Igny (Seine & Oise, à l’époque), 27 mai 1964, un passant découvre le corps d’un jeune garçon près de l’orée du bois de Verrières. Ainsi débute une longue, très longue enquête sur l’affaire Luc Taron. Affaire qui fit la une des médias de l’époque et ce pendant des mois ; et qui laissera dans un premier temps, la satisfaction d’une affaire rondement menée, mais dont les interrogations demeurent (et demeureront) source de multiples questions quant à l’auteur des faits.
L’auteur de ce crime atroce sera bien rapidement arrêté, (de son gré d’ailleurs) ; il s’agit du sieur Lucien Léger. Avec un parcours difficile lors de son enfance, qui sera malheureuse et pathétique (une mère exécrable), et qui sera analysé comme étant sans grands moyens intellectuels [alors que par la suite, il se fera remarquer par sa soif de connaissance et son intelligence] ; rien de bien positif lors des premiers interrogatoires !
Sa défense assurée (pendant toute sa détention [41 ans !] une noria d’avocats) dont un éminent avocat, Maître Maurice Garçon qui dira de lui : « Je le défends parce que je crois au diable. ». Il faut dire que l’accusé qui choisit au début de son incarcération, de plaider coupable ; changera sa version pour se déclarer (pour le crime a priori) innocent.
Ainsi Philippe Jaenada, se lance dans un périple, non seulement pour les témoignages mais également pour tous les documents ayant traits à ce procès ; et à l’issue de ses diverses pérégrinations nous formulera le fruit de plusieurs années d’enquêtes. Un très long livre (trop volumineux à mon goût), notamment par le parallèle avec les récits : « La serpe » ou « Une petite femelle » qui s’avère plus synthétiques. Mais on aime ou pas la prose de Philippe Jaenada et surtout ses digressions et son utilisation des crochets et des parenthèses (n’est-il pas ?).
Bref, pour « Au printemps des monstres » l’auteur semble se revendiquer un pourfendeur des iniquités des faits dominés par la vindicte populaire. Enfin, et en ce qui me concerne, toujours la présence d’un plaisir indicible de lire et de suivre pas-à-pas la verve de cet auteur.
Nous avons ici, du Philippe Jaenada.
Si vous aimez vous allez aimer, si vous n'aimez pas, vous n'aimerez pas !
Il part d'un fait divers qui concerne le meurtre d'un enfant qui n'a rien d'exceptionnel.
En une centaine de pages, l'auteur fait le tour de l'histoire, vous pouvez rentrer chez vous. C'est un crime sordide, point barre.
Puis il reprend les éléments, doucement, simplement, puis il revisite son exposé et nous voilà parti pour plus de 700 pages d'enquête qui rendent fous !
Ce n'est pas imaginables toutes les interactions entre ce crime, la petite histoire et la grande histoire.
Evidemment, on peut dire que tout de même Philippe Jaenada c'est fait plaisir en délayant pourtant jusqu'à l'ennui mais pourtant il est évident qu'il a en sa possession de quoi écrire au moins autant de choses qui apporterait encore un éclairage complémentaire.
Alors oui, on fini par s'ennuyer pourtant on regrette d'avoir terminé cette lecture.
Philippe Jaenada est un écrivain très particulier, je crois qu'on peut dire qu'il a un vrai talent.
En 1964, un petit Parisien de onze ans, Luc Taron, disparaît et est retrouvé mort dans une forêt de proche banlieue. Un corbeau, s’identifiant comme « L’Etrangleur », revendique son assassinat dans une série de très étranges courriers aux médias, à la police et aux parents. Arrêté au bout d’un mois, l’homme, qui s’appelle Lucien Léger et est infirmier, avoue le meurtre et est condamné à la réclusion à perpétuité.
Il avait vingt-sept ans au moment des faits. Il ne sortira de prison que quarante-et-un an plus tard, au terme de la seconde détention la plus longue d’Europe. Revenu sur ses aveux au milieu de mille contradictions, il ne démordra plus jamais de son innocence. Ce n’est qu’en 2012, quatre ans après sa mort, que des doutes quant à sa culpabilité sont émis par deux journalistes, dans un livre évoquant un Lucien Léger qui se serait faussement accusé par besoin pathologique de reconnaissance. Philippe Jaenada revient sur cette affaire, et, après quatre ans d’enquête et d’écriture, nous livre sa propre analyse et ses multiples interrogations. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les zones d’ombre sont légion dans cette histoire qui n'en finit pas d'ébahir son lecteur...
Le travail de Philippe Jaenada est impressionnant d’exhaustivité et de précision. Il s’est rendu sur tous les lieux, a épluché tous les documents, s’est entretenu avec toutes les personnes pouvant apporter un éclairage sur cette histoire vraie, dont il apparaît que l’on n’a très opportunément retenu que le versant qui arrangeait les protagonistes de l’époque. Et si la première partie du récit, consacrée à une restitution fidèle et minutieuse des événements connus et retenus par les médias, la police et la justice, stupéfie par l’apparence monstrueusement délirante des actes et des comportements de Lucien Léger, c’est une version bien différente, dissipant cette fois toute impression de folie et de perversion, mais menant à une consternation tout autant sidérée face à la probabilité de l’erreur judiciaire, que la suite du livre s’emploie à mettre au jour.
Contre-enquête et réexamen du moindre détail, complétés d’une exploration tristement édifiante de cette histoire vue par la malheureuse épouse de Lucien Léger, semble-t-il indûment internée en asile psychiatrique, ont tôt fait de nous convaincre, à défaut de preuves opposables à des protagonistes aujourd’hui décédés, que rien dans cette affaire n’est conforme à ce que l’on a bien voulu en retenir, et que les plus coupables, les plus fous et les plus monstrueux, n’y sont sans doute pas ceux que l’on a condamnés et enfermés.
Minutieuse, exhaustive, l’investigation de Philippe Jaenada nous tient en haleine sur près de huit cent pages, entre étonnement, indignation et consternation, mais aussi, pour notre plus grand plaisir, de sourires en éclats de rire : commentaires railleurs, digressions pleines d’auto-dérision faisant écho à l’actualité générale ou personnelle de l’auteur, viennent plaisamment alléger le texte, au gré de drôles de parenthèses imbriquées comme des poupées russes.
C’est donc presque autant amusé par les anecdotes et le style, que tristement troublé par cette justice aux allures de loterie dénoncée par l’un des avocats de Lucien Léger, par ces apparences dont notre société tend souvent trop hâtivement à se satisfaire, et par le triste sort de ce couple condamné, manifestement à tort, à cette mort lente qu’a été leur détention vraiment à perpétuité - en prison pour lui, en asile psychiatrique pour elle -, que l’on s’installe longuement dans cette lecture coup de coeur.
De l’affaire du petit Luc Taron, je n’avais jamais entendu parler.
Dans ce livre, l’auteur se lance sur la piste du ou des réels assassins. Parce que le coupable emprisonné, même si il s’est auto-proclamé Etrangleur XXX, n’est pas le bon.
Si j’avais apprécié les précédents ouvrages de l’auteur sur le même principe : on prend une affaire qui a défrayé la chronique, on explique pourquoi le coupable ets en prison, et puis on démonte point par point les pièces du dossier pour aboutir à un autre coupable. Si j’avais apprécié les précédents ouvrages de l’auteur, dis-je, je dois dire que j’ai fini par lire celui-ci en diagonale.
Certes, c’est excitant de revenir sur les lieux. Mais 60 ans après, forcément, tout à changé.
Les digressions de l’auteur à propos de sa santé m’ont moins intéressées, comme si je m’y étais habitué.
J’ai toutefois apprécié de retrouver Modiano dans ce livre fleuve, car, comme l’auteur nobélisé, l’action se situe dans les années 60 avec des personnes interlopes au passé trouble.
Mais, comme le cite l’auteur : « Dans Encre sympathique, en 2019, Modiano, l’éternel Modiano, se pose des questions, plus encore que d’habitude : « Si je continue à écrire ce livre, c’est uniquement dans l’espoir, peut-être chimérique, de trouver une réponse. Je me demande : faut-il vraiment trouver une réponse ?
L’image que je retiendrai :
Celle du sac matelot de l’auteur dont il ne se sépare jamais.
https://alexmotamots.fr/au-printemps-des-monstres-philippe-jaenada/
J'aime beaucoup Philippe Jaenada ; je me suis donc précipitée pour lire son dernier livre.
Ce n'est pas le plus simple. Encore une enquête minutieuse, archi-fouillée, précisément documentée sur le meurtre d'un petit garçon en 1964.
Il ne faut pas rater une ligne au risque de manquer une information et ne plus rien comprendre, et comprendre ce n'est déjà pas simple tant il y a de personnages, d'informations, de mensonges, de manipulations et de fourberies.
Comme à son habitude Philippe Jaenada met son grain de sel, juge et interpelle les protagonistes, raconte des anecdotes sur sa vie ; heureusement, cela met un peu de légèreté dans cette histoire qui en manque singulièrement. Cela permet de sourire et de reprendre son souffle dans le récit.
La justice est encore une fois passé à côté et ça, ça l'énerve Jaenada.
Ce livre veut réhabiliter.
C'est dense, c'est triste, c'est injuste ; c'est le printemps des monstres.
De « Sulak » à « Au printemps des monstres (quel joli titre un peu inquiétant) en passant par « La petite femelle » et « La serpe », le sympathique Philippe Jaenada, aux allures de nounours bien léché, s'empare de faits divers pour réhabiliter leurs auteurs ou tout simplement les innocenter.
Dans son dernier opus, notre Sherlock Holmes barbu se penche sur l'affaire de l'Etrangleur. Pour résumer, il s'agit de l'assassinat en 1964 de Luc Taron, 11 ans, par Lucien Léger, celui qui se cache derrière le fameux étrangleur.
S'il est bien l'auteur des lettres anonymes, l'infirmier de 27 ans n'est pas, selon l'auteur, le responsable du meurtre. Et il va le prouver tout au long des 750 pages de ce roman foisonnant et rocambolesque en reprenant méticuleusement une enquête bien mal menée par la police et la justice qui ont trouvé dans ce mythomane le coupable idéal. Il ira même beaucoup plus loin que les soi-disant fins limiers des années 1960 en s'autorisant des pas de côté pour faire la lumière sur cet épisode sordide où l'ombre de Philippe Modiano plane sur un Paris fantomatique.
Et, comme une marque de fabrique, Philippe Jaenada pratique l'art de la digression à partir de sa petite personne en faisant du lecteur le spectateur de sa déchéance physique accélérée par des décennies de tabagie, d'ingestion de nourriture bien grasse et d'absorption de bons gorgeons de whisky.
Ses divagations un brin égocentriques sont réjouissantes et allègent le sérieux de ses investigations obsessionnelles qui métamorphosent l'auteur de « La femme et l'ours » en justicier des temps modernes.
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