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Adapté d'une oeuvre majeure de la littérature japonaise, Le Dit du Genji raconte la vie du prince Hikaru Genji à la cour impériale du Japon pendant l'ère Heian. Charmeur et raffiné, sa beauté ne laisse indifférente aucune des femmes qu'il veut séduire. Multipliant les conquêtes, rien ne l'arrête. Il tombe éperdument amoureux de sa belle-mère, Fujitsubo. Incapables de dominer leur passion, ils transgressent l'interdit. Un acte qui vaudra au prince surnommé « le Radieux », souffrance et regrets tout au long de sa vie.
Le Dit du Genji est une oeuvre majeure de la littérature japonaise du XIe siècle que l'on attribue à Murasaki Shikibu. Elle est considérée comme le premier roman psychologique et représente un témoignage précieux sur la culture, la politique et les moeurs de la période Heian, marquée par de nombreuses mutations et par l'importance de la cour impériale.
Jeune veuve, l'autrice devient dame de compagnie à la cour. Son existence au sein de l'élite impériale va lui inspirer cette oeuvre magistrale dans laquelle évoluent près de 300 personnages sur plus de 1500 pages. À travers le destin politique et les intrigues amoureuses du prince Genji, Shikibu nous offre un trésor historique réfléchissant sur la condition féminine et les comportements humains de l'époque.
Le Dit du Genji continue d'inspirer de nombreux artistes comme Waki Yamato, dont l'adaptation en manga a été publiée entre 1979 et 1993 dans le magazine Mimi des éditions Kodansha. Elle a connu un succès phénoménal avec plus de 18 millions d'exemplaires vendus au Japon. Cette oeuvre s'inscrit dans la riche carrière d'une autrice connue jusqu'ici en France pour l'adaptation en anime de Marc et Marie (Haikara-san Ga Toru).
Je n'ai pas lu « le Dit du Genji » sous forme de roman, c'est-à-dire sa version complète. Ici, la version manga de Waki Yamato est tout en douceur, en finesse, que ce soit dans le dessin ou le scénario.
Genji est né de l'Empereur et de sa favorite. Mais cette dernière n'étant pas Epouse impériale et ayant une origine sociale trop « basse », l'Empereur, afin de ne pas ébranler sa dynastie, écarte cet enfant du trône tout en ayant une affection toute particulière pour lui. « Genji » est une distinction qui signifie qu'il est fils impérial non héritier du trône. Il devient son nom. « le Dit du Genji » signifie « L'histoire / la Saga d'un fils impérial ».
Bon courage si vous souhaitez apprendre la double page de tous les personnages tant ça se croise et s'entrecroise.
A l'inverse, en se lançant directement, on apprivoise les personnages petit à petit. le dessin, pourtant précis et aéré ne permet pas vraiment de reconnaitre les femmes entre elles et il faut être très attentif au déroulé de l'histoire. le détail du décor comme des habits est impressionnant. de nombreux objets du quotidien japonais sont présents et même si, pour nous occidentaux, on n'en pas la culture, on comprend l'importance comme par exemple l'encens qui permet à chaque Dame de se distinguer (sa marque de fabrique, son seau, sa symbolique).
Les jeux de rideau me parlent bien pour l'avoir expérimentée au Château de Matsumoto au Japon. Cela m'a été avantageux pour mieux comprendre ce manga : ainsi, devenu majeur, Genji ne voit plus JAMAIS Dame Fujitsubo qui est son bel amour profond, secret et interdit. Il l'a sent (son encens), il l'entend (frôlement des tissus lors de gestes ou de déplacement), il a des nouvelles d'elle mais il ne peut plus la voir, il ne sait plus son visage, plus rien de physique. A l'inverse, elle, elle le voit très bien. C'est assez terrible pour des amants.
On sent la frivolité, les intrigues de Cour, l'enfermement aussi des femmes impériales mais qui font pourtant la pluie et le beau temps auprès des hommes (elles organisent la vie culturelle : musique, calligraphie…). L'amour sous toutes ses formes est subtilement abordé au sein du couple (officiel ou non) mais aussi la famille élargie et la paternité.
Ce premier tome est découpé en 8 chapitres chronologiques. le 1er chapitre est l'enfance de Genji, la perte de sa mère, son amour reporté sur Dame Fujitsubo, ce qui m'a fait penser à la série « Diane de Poitiers » avec Isabelle Adjani et l'amour du Roi Henri II pour elle depuis son enfance avec l'ambiguité mère-femme. le 2e chapitre est l'ouverture du Genji à l'amour des femmes et notamment à Dame Rokujo, femme mûre et érudite puis à un amour plus sincère et sobre avec une courtisane dans le chapitre 3 (qui fut le grand amour de son meilleur ami mais cela ne lui fait ni chaud ni froid), etc.
L'amour n'existe pas vraiment, ce ne sont que des alliances politiques et tout le reste doit rester dans l'ombre, le silence. Mme de Lafayette ne disait pas mieux dans « La Princesse de Clèves ».
C'est un très beau manga, teinté de mélancolie, avec un dessin et des couleurs bien maîtrisées qui émaillent chaque début de chapitre. Les dialogues sont doux, poétiques, précis aussi, et laisse affleurer les émotions sans trahir le contrôle nécessaire que chaque personnage se doit d'avoir dans une société en vase clos sous le regard et la médisance de chaque instant avec le risque d'une mort sociale soudaine et irréversible. En cela aussi, j'ai pensé aux « Liaisons dangereuses ».
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