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Dès son plus jeune âge, Pythias, la fille d’Aristote est une enfant vive, maligne, souvent bien plus fine que les garçons de son âge. Pendant les soirées que son père passe avec ses amis, intellectuels, hommes d’affaires, savants, elle aime écouter leurs longues discussions, cachée derrière une porte, et même y prendre part lorsque son père l’y invite. Mais c’est une fille ! Pendant sa petite enfance, son père la traite comme un fils, lui permettant d’apprendre sans cesse à ses côtés, lui prodiguant son savoir et la poussant à lire ses livres. Pourtant, rapidement, il lui préfère son demi-frère ou même un cousin pauvre arrivé de nulle part, même si ces derniers n’ont pas son intelligence et ses facultés intellectuelles. Jusqu’au moment en fait où Pythias va devenir une femme, et où sa condition féminine va devenir évidente pour son père, comme s’il l’avait oubliée jusque-là.
Parfois un peu déroutant, c’est malgré tout un roman intéressant, d’une écriture résolument actuelle. L’emploi de la première personne nous rapproche de cette héroïne peu banale et attachante. La vie de Pythias est celle d’une jeune fille d’aujourd’hui, avec son combat pour l’égalité et ses aspirations vers une vie intellectuelle et égalitaire. Un combat sans fin, finalement. Car s’il est une évidence, c’est bien que la place, la condition et l’équilibre des femmes sont une lutte permanente quelle que soit l’époque dans laquelle elles vivent.
Ne cherchez pas la biographie d’Aristote dans ce roman, il n’en n’est pas l’objet. Pythias, fille d’Aristote, a été élevée à l’égal des hommes, ou presque. Elle jouit d’une grande liberté, nage, lit, se livre à la dissection animale et collectionne les squelettes. Elle grandit sans réussir à étancher sa soif d’apprendre et quand sa famille doit fuir Athènes à la mort du roi Alexandre, elle s’adapte à sa nouvelle vie et découvre d’autres facettes de ce monde où les femmes ne jouent qu’un rôle subalterne. A la mort de son père, elle doit faire face à la cruauté de ses contemporains mais aussi se résigner aux dernières volontés de ce père tant aimé.
Roman initiatique dans un monde antique où la mythologie fait partie de la vie courante, le lecteur découvre la vie quotidienne des femmes au côté de Pythias. Utilisant un vocabulaire simple mais efficace, l’auteur sait recréer une atmosphère authentique. Comme sur une scène de théâtre, les décors apparaissent et disparaissent laissant derrière eux une impression onirique : l’apparition de la maison de Chalcis en est un exemple frappant.
La Grèce antique est restituée de manière réaliste. Et on peut y entrevoir des mœurs qui aujourd’hui même sont encore, hélas, en vigueur dans quelques endroits.
Voilà un beau roman, un coup de cœur de cette rentrée littéraire.