Début du 20 ème siècle, dans une grande maison bourgeoise : deux femmes...
Victoire, quatrième des sept filles de la famille de Champfleuri dont les parents ont répondu à une annonce dans le Chasseur Français est marié depuis cinq ans à Anselme de Boisvaillant, notaire, veuf sans...
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Début du 20 ème siècle, dans une grande maison bourgeoise : deux femmes...
Victoire, quatrième des sept filles de la famille de Champfleuri dont les parents ont répondu à une annonce dans le Chasseur Français est marié depuis cinq ans à Anselme de Boisvaillant, notaire, veuf sans descendance.
Mariée comme il se doit à l'époque sans aucune connaissance de ce que le mot mariage implique de promiscuité sans l'intimité que peuvent se forger ceux qui s'aiment.
Cinq années où elle joue les faire-valoir, elle n'a pas d'enfant, ni le désir d'en avoir.
Anselme, son époux la considère comme un objet délicat qu'il choie à sa manière.
Mais lui a trouvé un pis-aller à la délicatesse de son épouse, Céleste une petite bonne de seize ans qu'il force et n'existe que lorsqu'il le souhaite. Le reste du temps elle ravale sa honte, ses meurtrissures et fait le ménage pour le couple, avec pour injonction : "Garder la tête haute, c'est tout ce que nous pouvons faire, nous autres! Garder la tête haute pour faire croire qu'on a pas honte."
Céleste, fille d'une nombreuse fratrie, retourne à la ferme tous les premiers août, le temps des vacances qui n'en sont pas pour elle, puisqu'elle aide à la ferme pour les travaux des champs.
Mais cette année, ce retour est particulier elle est enceinte,dans l'indifférence des siens. Chez ses maîtres comme chez elle, ce n'est qu'une "bête de somme" transparente.
La venue de cet enfant va tout bouleverser, les petits arrangements de la bourgeoisie, les convenances et les amours.
Victoire se trouve confrontée à elle-même face à ce nourrisson qui réclame : elle, elle n'a rien à lui donner. Elle veut le silence , Elle est juste ignorante et pire indifférente à cette nouvelle vie.
Nouvelle vie qui s'étiole, se meurt par manque d'amour. Adrien est seul, perdu.
Céleste en voyant son enfant perdu, prend conscience qu'elle a un corps, qu'elle existe, qu'elle peut insuffler la vie après l'avoir donné. Elle se découvre en être à part entière. Elle va se battre.
Victoire, casé par sa famille à un inconnu et Céleste qui elle n'est pas reconnue en tant que personne, vont se reconnaître dans leurs deux corps vierges de tout amour.
Nous sommes au début du XX ème siècle, et ces deux Femmes dénient les conventions sociales avant de les défier ?
Léonor de Récondo, d'une écriture charnelle, reconstitue à merveille, l'époque, la bourgeoisie, l'église et la vie de ces êtres.
Ces deux femmes nous sont livrées dans leur pureté existentielle, d'une écriture virtuose avec un vocabulaire choisi et choyé, avec en fond la musicalité de la partition de la vie.
Merveilleux roman, qui nous bouleverse, nous interroge et ne laisse pas ses lecteurs indemnes.
C'est un des beaux textes de ce début d'année, élégant et sensible.