Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
"L'air empestait le plastique. Avec le temps, j'avais cru que j'oublierais. Que je m'y habituerais. Mais ça ne passait pas. L'odeur acide et piquante des polymères s'insinuait partout. Toujours." Calvin travaille de nuit à l'usine pétrochimique de Poghorn. Le jour, il traîne au bordel, parcourt les montagnes avec son chien et fabrique des pilules hallucinogènes à base d'amanites tue-mouches. La vie. La routine. Jusqu'à ce que la femme de son frère, Kimiyo frappe à sa porte, le nez fendu et l'arcade cassée ; jusqu'à ce que les télés annoncent la fermeture de l'usine.
Un roman noir, social, terriblement actuel, porté par une plume aussi incisive que poétique.
Sept titres à découvrir parmi les 21 romans de la 13e édition du Prix Orange du Livre
Le jury, enthousiaste et passionné, a choisi 21 romans français
Premier roman de Julien Guerville remarquablement bien écrit. Mais noir, tellement noir. Un roman social dur et que j'ai trouvé assez désespérant...
Calvin est ouvrier de nuit à l’usine pétrochimique de Poghorn, ville imaginaire dans un pays qui n'est pas nommé. On sait juste que ça sent le plastique, les hydrocarbures et qu'il neige une bonne partie de l'année, qu'il y a la mer pas loin et des montagnes alentours. Sinistre donc. Son frère bat sa femme qui se réfugie chez lui. En dehors de son boulot, il fabrique une drogue à base de champignon, il fume (beaucoup!) et il va voir Nina dans une maison close... Désespérant vous dis-je!
De la drogue, des cigarettes et peu d'espoir dans ces vies fort bien décrites d'hommes et de femmes se tuant à la tâche dans des usines polluantes qu'aucun dirigeant n'a le courage ni de fermer ni de rendre moins polluante et plus safe pour les gens qui y travaillent. Beaucoup de questions soulevées, pas de réponses juste le désespoir. Pas gai mais utile sauf si on a déjà des coups de blues...
Dès les premières lignes du roman, l’odeur et le goût du plastique sont là et ne nous quitteront pas, tout comme elles ne quittent pas Calvin. Il est le narrateur. Il est cet homme qui travaille de nuit à l’usine pétrochimique ProSol « La chimie au service des environnements » : revêtements plastiques, peintures et solvants, chimie fine, agriculture, agroalimentaire, parfums de synthèse, recherche et développement, innovations en carburant durable et écologique, c’est ce que l’on peut lire sur le panneau rouillé à l’entrée du site. Pas d’autre choix possible que ce travail.
Surnommé « le chimiste » par ses collègues de travail, il vit seul avec son chien Job, il a un frère marié et sa mère qui perd un peu la mémoire est soignée dans un établissement.
La vallée de la Bez dans laquelle s’écoulent les eaux polluées de la ProSol, le Rauc, vers lequel sont acheminés les produits chimiques fabriqués par l’usine pour le traitement des orangers de l’AOOR et le bourg proche de Poghorn sont le décor fictif de ce roman noir.
Bières et alcool permettent d’évacuer les tensions, et un peu d’affection est trouvée auprès des prostituées. Mais, pour fuir cette réalité, Calvin a trouvé un moyen qui lui permet en plus d’améliorer ses revenus. Il fabrique des bonbons avec « les mycéliums d’Amanita muscaria, les tue-mouches, les rouges avec les points blancs », une drogue qu’il appelle la Mô. Il se définit d’ailleurs ainsi : « le frère aîné, l’ouvrier dealer de Mô qui vivait dans une cabane de palettes au milieu d’une vallée parcourue de nuages toxiques ».
Deux évènements vont perturber très sérieusement cette routine, quand Kimiyo, la femme de son frère frappe à sa porte, le visage en sang, celui-ci l’ayant frappé et plus tard, quand la télé annonce que la ProSol va fermer l’usine pour une délocalisation.
L’usine est une source incommensurable de pollution et ses rejets imprègnent l’atmosphère de toute la région d’une odeur de plastique et de produits chimiques. La ProSol nuit fortement à la santé des gars qui y travaillent, tout en leur fournissant un emploi qui leur permet de vivre, là est l’ambiguïté. Et, du jour où l’annonce de la fermeture intervient, la question va se poser de savoir ce que vont bien pouvoir devenir ces gens.
Amanita concentre en un seul lieu une extrême noirceur, l’exploitation à outrance de l’homme par l’homme dans un seul souci de rentabilité faisant fi de sa santé, sans se soucier aucunement du respect de la nature. Julien Guerville, dans cette fiction évoque cette industrie polluante qui met à mal l’homme et son environnement et qui n’hésite pas à délocaliser pour des profits encore plus grands sans se soucier des dégâts humains. Il raconte aussi ces hommes qui essaient de s’unir et font preuve de solidarité à la fois dans le travail, mais aussi face à la perte de l’emploi et qui doivent également faire face aux écologistes très déterminés. La grève et l’occupation de l’usine de même que les négociations et les manipulations dont font preuve les dirigeants et les politiques ne sont pas oubliées. Et comme pour faire oublier tout cet univers sombre et en même temps l’enlaidir davantage, le trafic de produits stupéfiants.
Et pourtant dans cette noirceur et cette odeur dont on ne peut se défaire, quelques rais de lumière brillent çà et là. Il y a la poésie de Kimiyo, la chaleur des copains de Calvin, la tendresse que celui-ci porte à sa maman Michelle qui le confond soit avec son frère soit avec son père quand il lui rend visite et ce moment tellement touchant quand elle affirme et soutient que Paul Mac Cartney a écrit la fameuse chanson pour elle ! Une playlist accompagne d’ailleurs le bouquin.
Une belle écriture, un style percutant, des phrases courtes servent un ouvrage dérangeant et oppressant qui nous plonge dans des problèmes, hélas bien contemporains.
J’ai eu cependant un peu de mal à me sentir impliquée dans cette histoire, peut-être est-ce dû à cette atmosphère si particulière et terriblement glauque.
Mais comme le dit Éric Frasiak, à la fin de sa chanson « Un truc comme ça » https://www.youtube.com/watch?v=OWKLj9RDJC0&list=RDOWKLj9RDJC0&start_radio=1: « Faut pas croire tout ce qu’on dit, le monde va pas si mal…J’suis vraiment convaincu qu’avec le nombre qu’on est, On s’s’rait d’jà bougé l’cul si tout ça c’était vrai »
Pas du tout étonnant que Amanita fasse partie de la sélection de la 13ème édition du Prix Orange du Livre, tant Julien Guerville avec cette première fiction nous offre un roman social terriblement actuel, très original duquel se dégage une poésie noire, très noire.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Calmann-Lévy pour m’avoir offert cette belle découverte !
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/05/amanita-de-julien-guerville.html
" L’air empestait le plastique. Avec le temps, j’avais cru que j’oublierais. Que je m’y habituerais. Mais ça ne passait pas. L’odeur acide et piquante des polymères s’insinuait partout. Toujours."
Calvin travaille de nuit comme ouvrier à l'usine pétrochimique ProSol de Poghorn, une ville imaginaire. L'usine produit des plastiques sans aucun respect pour les employés et l'environnement. Terre et eau sont polluées par l'usine. Calvin vit dans une cabane de palettes au milieu d'une vallée parcourue de nuages toxiques. Le jour, il fabrique des pilules hallucinogènes, la Mô, à partir d’amanites tue-mouches, cette drogue permet à tous de tenir le coup. Un jour, Kimiyo, la femme de son frère Tom, un célèbre écrivain avec qui il entretient des relations difficiles, se réfugie chez lui, le nez fendu et l’arcade cassée, tabassée par Tom. Peu de temps après les télés annoncent la fermeture de l'usine.
Un roman noir dans lequel j'ai eu du mal à rentrer. Il aborde des sujets très sombres, la pollution, la solitude, la précarité et l'exploitation humaine au mépris des règles les plus élémentaires... Un ensemble glauque, un peu outrancier, qui dégage une sensation de malaise avec des personnages dont je n'ai pas réussi à me sentir proche. Une lecture qui ne m'a pas convaincue.
Ce roman nous fait évoluer dans une ambiance sinistre, louche, entre drogue,violence,pollution,corruption,prostitution.Un roman finalement trop réel même si le lieu où il se déroule est imaginaire: Poghorn
Bien que l'écriture soit juste,précise,accessible,réelle, ce roman m'a attiré tout autant qu'il m'a heurté (ce monde n'est pas le mien ..);toutefois le réalisme avec lequel il est écrit nous y plonge pleinement.
Les lecteurs souhaiteront-ils plus de légèreté?
Ce roman m'a saisi rapidement.
Des personnages paumés dans un méandre où tout se coince et se décompose lentement.
Un décor de bidonville en pleine nature, une ambiance poisseuse à souhait, irrespirable, entre misère et travail dangereux, corruption et pollution, alcool et drogue, tout cela est très bien planté et heureusement relevé par une BO quasi anachronique.
Alors, on aimerait en apprendre plus sur ce qui a conduit Calvin dans ce cul de sac et on aimerait que la situation évolue vers un monde meilleur mais c'est un roman social, noir, réaliste sur la nature humaine.
Très bien écrit et étonnamment plaisant à lire malgré le sujet assez glauque.
C est un premier roman réussi avec tout au long une tension et un malaise permanent
calvin travaille de nuit à prosol , usine petrochimique qui fabrique differents plastiques , empeste l air ambiant et neglige ses salariés
le jour calvin caresse nina dans un bordel et aere son chien en foret en eammassant des amanites tue-mouches , les champignosn indispensable à la confection de bonbons allucillogenes
les gars de prosol en raffolent poru tenir le coup
calvin n est pas un pourri , il survit. SOn frere, ecrivain adulé, est le salaud qui cogne sur sa compagne contrainte de ses refugier chez calvin
quand est procclamée la fermeture de prosol, calvin defend les salariés
julien guerville maitrise son roman a l ambiance veneneuse et acre, il decrit finement ses personnages paumés courageux dnas un univers indurstriel et politique devoyé qui se contrefout des humains comme de la nature
Non, ne cherchez pas Poghorn sur une carte, c’est une ville imaginaire dans un lieu sans nom où se dresse la ProSol, une usine pétrochimique. Le travail y est dangereux, dur et mal payé mais il fait vivre de nombreuses familles. Calvin est l’un d’entre eux, il occupe un poste de nuit. Le jour, il fabrique de la Mô, des drôles de sucettes à base d’amanites tue mouches et que tous consomment en abondance, comme l’alcool, pour tenter d’oublier une vie sans avenir dans un environnement pollué. La rivière charrie des produits toxiques, des nuages de pollution voilent le ciel et les gens ont perdu l’espoir d’une vie meilleure.
Calvin est le narrateur, il nous plonge dans son univers glauque parsemé de petits bonheurs et de fatalisme. Pourtant, il tente de vivre, il s’accroche à la tendresse de Nina, une fille du bordel, il fréquente le Nutts, un bar pour les ouvriers, avec son copain Freddy. Il y a aussi Kimi, la femme de Tom son frère, qui écrit de la poésie dans un monde sombre. Ses poèmes, tranchants, percutants, sont comme des parenthèses qui nous permettent de reprendre souffle, car l’histoire est parfois oppressante.
Il n’y a plus d’entente entre les deux frères, Tom et Calvin. Tom, écrivain de best-sellers, est riche et célèbre, mais il est violent et malheureux, à croire que l’atmosphère contaminée par la ProSol corrompt tout, même les plus chanceux. Comment vivre dans un lieu aussi délétère où la pollution chimique et l’avenir de l’usine menacée de fermeture se heurtent aux intrigues politico-financières des élus et responsables de l’usine ?
Ce roman social très très sombre est porté par une écriture efficace et percutante qui ne vous laisse pas respirer. Heureusement, il y a les pauses musicales et les poèmes de Kimi qui forment des bulles d’oxygène dans cette atmosphère aux remugles de chimique.
Un premier roman puissant et dérangeant à la fois qui laisse son empreinte bien après la dernière page tournée.
Amanita est la première fiction de Julien Guerville aux accents de roman noir et social à la fois.
Cal, le narrateur, se trimballe, avec sa queue de cheval, de l’entreprise qui l’emploie comme chimiste la nuit au lotissement du quartier du Nutts son chien Job à ses côtés. L’odeur de plastique collée à ses vêtements, ses cheveux, sa peau, à jamais ! Il a hérité d’un mobile-home dans lequel il fabrique une drogue à partir d’un champignon venimeux. La vente lui assure un complément substantiel de revenu.
Lui c’est un peu le minable devant son frère Tom qui est un écrivain connu. Mais lorsque la femme de ce dernier, Kimiyo est tabassée et se réfugie chez Calvin, la vie va en être bouleverser.
La mort du frère et une grève plus tard, la situation change.
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/01/26/julien-guerville-amanita/
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Merci Ghislaine pour cette belle chronique . J’ai senti mon coeur s’émouvoir de cette histoire tragique et s’émerveiller de l’amour qui permet à chacun de survivre dans ce monde cruel . Ce roman sera dans ma PAL. Belles lectures . Prenez soin de vous