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L'Autre Voie est le deuxième volet de la trilogie Album de famille, un récit du XXe siècle russe vu à travers le prisme du destin de plusieurs personnages. Le premier volume, Aristonomia, est consacré aux années 1910, à la révolution et la guerre civile. Le second, aux années 1920 et le dernier aux années 1930.
Mais Boris Akounine revendique également avec Album de famille une entreprise littéraire expérimentale visant la synergie des deux vocations de l'écrivain : le dramaturge et l'érudit. Non pas un « projet commercial », mais, dit-il, son « oeuvre la plus personnelle », en gestation depuis son adolescence.
Dans ce deuxième tome, nous retrouvons le personnage central Anton Kloboukov, en 1925, alors qu'il exerce en tant qu'anesthésiste à Moscou. La Première Guerre mondiale et la guerre civiles sont terminées, les rouges sont vainqueurs, mais c'est maintenant le Parti bolchevique et l'opposition, sous la direction respective de Staline et Trotski, qui se déchirent dans le sang. Ce roman nous offre un portrait poignant de la jeunesse soviétique de l'Entre-deux guerre, à la fois pétrie d'optimisme révolutionnaire et inquiète de l'avenir, dans le complexe contexte politique des années 20 en URSS, au sein d'une société qui dessoûle lentement et douloureusement de l'ivresse de la Révolution.
En filigrane, la quête philosophique et humaniste du narrateur dans son cahier à petits carreaux se penche cette fois sur une voie alternative à l'Aristonomie dans la recherche d'accomplissement de soi. Cette alternative serait le Véritable Amour.
À Moscou, à la fin de 1925, Mirra est une jeune étudiante en médecine optimiste et une communiste convaincue qui méprise profondément l'intelligentsia. Elle rencontre Anton Kloboukov, qui la pousse à prendre du recul sur les événements, à réfléchir et à cesser de voir le monde « en rouge et en blanc ». Ils tombent amoureux et tous deux, pour préserver cette relation, vont se retrouver face à des choix éthiques difficiles et des dilemmes moraux. Le passé d'Anton va le rattraper en la personne de Sokolnikov aux côtés de qui il a combattu dans l'Armée blanche avant de basculer du côté des rouges. La colocataire de Mirra, un personnage tchekhovien de femme délicate tourmentée par la vie, qui ne parvient pas à se faire à la dure existence prolétarienne sous le communisme, finit par mettre fin à ses jours à la suite de sa meilleure amie, une ancienne princesse tombée dans la misère, la drogue et la prostitution.
En parallèle, Rogatchov, un vieil ami des parents d'Anton qui lui avait permis de sortir de prison et donc d'échapper à une exécution certaine, toujours assisté de Filip Bliakhine, servent avec ferveur le camarade Staline, alors secrétaire général du Parti communiste des bolcheviques. Contrairement à Anton et Mirra, ils choisissent aussi bien l'un que l'autre de se sacrifier entièrement pour la cause.
La construction de L'Autre voie, comme celle du précédent tome Aristonomia est particulièrement intéressante. Chaque partie « romanesque » est accompagnée d'une sorte de didascalie qui théorise de façon philosophique les événements qui se produisent. Comme si Anton revenait à postériori sur sa vie et, avec le recul, tirait des enseignements dont il souhaitait faire profiter le lecteur pour sa quête de bonheur et d'épanouissement. C'est le moment où auteur et personnage ne font plus qu'un.
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