Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans la chambre de ma mère. Moi, le professeur de lettres de l'Université catholique de Louvain. Qui n'a jamais trouvé à se marier. Attendant, un livre à la main, le réveil possible de sa génitrice. Une maman fatiguée, lassée, ravinée par la vie et ses aléas. La Peau de chagrin, de Balzac, c'est le titre de cet ouvrage. Une édition ancienne, usée jusqu'à en effacer l'encre par endroits. Ma mère ne sait pas lire. Elle aurait pu porter son intérêt sur des centaines de milliers d'autres ouvrages. Alors pourquoi celui-là ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais su. Elle ne le sait pas elle-même. Mais c'est bien celui-ci dont elle me demande la lecture à chaque moment de la journée où elle se sent disponible, où elle a besoin d'être apaisée, où elle a envie tout simplement de profiter un peu de la vie. Et de son fils. »
Dans son roman "Ainsi parlait ma mère", Rachid Benzine nous plonge au cœur de l'intimité d'une relation mère-fils bouleversante et profonde. Le narrateur, professeur de lettres à l'Université catholique de Louvain, se retrouve dans la chambre de sa mère, une femme fatiguée par la vie et ses épreuves, mais pourtant avide de lectures et de moments d'apaisement.
Au fil des pages, on découvre le lien unique qui unit ces deux personnages, nourri par la littérature et les petits plaisirs simples de la vie. La mère, incapable de lire, demande inlassablement à son fils de lui lire le même livre, "La Peau de chagrin" de Balzac, sans jamais vraiment savoir pourquoi. C'est à travers ces séances de lecture que se tissent les souvenirs et les confidences, révélant des moments tendres et douloureux qui ont marqué leur histoire.
Le roman de Rachid Benzine est empreint de sensibilité et de sincérité. Il m'a plongée dans l'intimité de ces deux personnages, me faisant ressentir toute la profondeur de leur relation. Les dialogues entre le fils et sa mère sont d'une justesse troublante, me rappelant à quel point la tendresse et la complicité peuvent adoucir les moments les plus sombres de la vie.
Je comprends pourquoi les avis sont unanimes : ce roman est touchant et émouvant. Il nous rappelle l'importance de prendre soin de nos proches, de chérir les moments passés ensemble et de cultiver les liens qui nous unissent. Une histoire authentique qui résonne en chacun de nous, nous rappelant que l'amour filial est l'un des trésors les plus précieux de la vie.
Originaire du Maroc, son fils raconte la vie de sa mère. La difficulté de la langue et tout ce que cela entraîne.
Une belle lecture, pleine de simplicité et d'émotions. A travers les souvenirs de cet homme, c'est l'histoire d'une femme et à travers elle d'une communauté qui s'est adaptée tant bien que mal dans la France des années 1960/1970. Déçue qu'il ne fasse pas partie de la sélection 2020.
Le narrateur est au chevet de sa mère âgée et en fin de vie. Cela fait des années que, célibataire, il a fait le choix de ne plus se partager qu’entre son métier de professeur de lettres et la vieille femme grabataire. Conscient que leurs jours de cohabitation sont désormais comptés, il se remémore quelques faits marquants qui, trait par trait, dessinent l’émouvant portrait de cette Marocaine arrivée en Belgique dans les années cinquante, qui mena une vie modeste, digne et courageuse, avec pour seul espoir l’avenir de ses cinq enfants.
Procédant par petites touches toutes en pudeur et délicatesse, Rachid Benzine réussit à nous faire fondre de tendresse pour cette femme étonnante de naturel, de fraîcheur et de spontanéité. Entre tristesse et cocasserie, lucidité et poésie, c’est toute une palette d’émotions qui s’empare du lecteur, touché par cette page de vie qui s’achève. Comme dans la chanson La Mamma de Charles Aznavour, la peine se fait presque légère, tant elle s’imprègne de souvenirs doux-amers et se parsème de fulgurances d’amour et de bonheur.
Sans être autobiographique, le récit fait vraisemblablement écho à l’expérience personnelle de l’auteur et brasse de nombreux thèmes : les humiliantes difficultés de l’immigration et du métissage culturel et social, la cruelle et ingrate tendance des enfants à trouver naturel le sacrifice des parents pour leur propre avenir, leur mélange de honte et de culpabilité lorsque, transfuges de classe sociale, ils se retrouvent tiraillés entre deux mondes, et bien sûr, l’accompagnement d’un proche vieillissant devenu dépendant et la prise de conscience parfois tardive de l’importance de l’amour qui nous lie à lui.
L’on quitte avec regret ce très court premier roman d’un auteur déjà connu pour ses essais, et qui, avec justesse et simplicité, nous livre ici une touchante histoire d’amour maternel et filial, dans toutes ses nuances et ses ambivalences.
Ce très bref roman est une belle déclaration d'amour d'un fils à sa mère qui est sur le point de mourrir.
Depuis quelques années, lui, l'enfant célibataire veille, soigne, lave sa mère en fin de vie. Sa mère qui n'a jamais réussi à apprendre à lire, dont il avait parfois honte de l'accent marocain prononcé lorsqu'il était enfant, lui demande de lui lire en boucle "La peau de chagrin" de Balzac qu'elle connaît par coeur.
A travers ce rituel, le narrateur s'interroge sur ce que représente ce livre pour elle qui ne doit pas tout comprendre.
Il dresse le portrait d'une femme courageuse, immigrée en Belgique, condamnée à élever ses enfants tout en enchainant les petits boulots de femme de ménage. Une mère qui a sacrifié sa vie pour que ses enfants fassent des études. Une mère qui a fait de son mieux pour apprendre le français en écoutant les chansons populaires tout en s'assurant que les textes étaient moraux.
C'est un livre émouvant. Simple. Très fluide. Il n'y a pas de misérabilisme, beaucoup de pudeur et surtout beaucoup d'amour dans ce texte.
«Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans la chambre de ma mère. Moi, le professeur de lettres de l’Université catholique de Louvain. Qui n’a jamais trouvé à se marier. Attendant, un livre à la main, le réveil possible de sa génitrice. Une maman fatiguée, lassée, ravinée par la vie et ses aléas.» Ainsi débute le premier roman de Rachid Benzine qui nous raconte sa mère, l’exil, la littérature et… Sacha Distel.
«Je ne sais pas si ma mère a été une bonne mère. Ou simplement une mère qui a fait ce qu'elle a pu. Avec ce que Dieu lui a donné comme connaissance, comme amour, comme courage. Comme patience aussi. Je sais juste que c’est la mienne. Et que ma plus grande richesse en cette vie est d’avoir pu l’aimer.»
Le premier roman de Rachid Benzine est un petit livre sans prétention, mais c’est aussi un grand livre qui touche au cœur. Il raconte la relation du narrateur avec sa mère, leur amour partagé, au moment où la fin de cette dernière approche. Elle a 93 ans, il en a 54. Cela fait près de quinze ans qu’il s’occupe d’elle, venant la soigner, la laver, l’habiller et lui faire la lecture. Elle aime particulièrement qu’il lui lise La peau de chagrin de Balzac. Une œuvre qu’il va redécouvrir à travers les yeux de sa mère, découvrant au fil des jours combien – contrairement à ce qu’il imaginait – elle a saisi les enjeux de ce roman. Car devenu professeur de lettres de l’Université de Louvain, il s’imaginait un peu trop naïvement que sa mère était restée l’immigrée clandestine de Zagora qui avait accompagné son mari berbère jusqu’à Schaerbeek et qu’elle ne pouvait avoir son habileté intellectuelle. «Elle connait le texte par cœur je crois. Elle est loin de tout comprendre malgré le commentaire que je lui ai maintes fois fait de son vocabulaire, de sa grammaire, de ses formes stylistiques et de ses thématiques.» Jugement trop hâtif et sentiment de culpabilité qui marque aussi le cheminement de ce fils vers cette femme amoureuse de Sacha Distel et pour laquelle Toute la pluie tombe sur moi est une sorte de pilule du bonheur.
Oui, il a eu bien tort de se moquer d’elle, de son goût pour les feuilletons télévisés qui lui auront pourtant permis de perfectionner son français, d’enrichir un vocabulaire encore balbutiant.
Ce chemin vers l’humilité est aussi pudique que pavé d’émotions. En revisitant le passé, son enfance auprès d’un père qui travaillait au pilon mais réussissait à lui ramener quelques livres et lui offrir ainsi le moyen de s’évader et de se construire, il montre aussi combien, au-delà de l’exil, les enfants de la seconde génération s’éloignent peu à peu de leurs parents, se construisent une culture différente, s’émancipent.
Mais il dit aussi l’attachement à ses parents, ce lien très fort noué entre eux et qui survivra à la mort.
Désormais Rachid Benzine peut être considéré comme un écrivain dont le style, plein de retenue et empreint d’humour, ne se perd pas en fioritures, mais va chercher jusqu’à l’os l’essentiel, l’amour, l’humanité, la vie. Car si la mort rôde tout au long du livre, c’est la vie qui l’emporte. Même si, comme dans La peau de chagrin, l’envie, le désir, la volonté de réussir valent bien des sacrifices.
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Un récit autour de la mère qui oscille entre les souvenirs d’enfance et la réalité de la fin de vie. Rachid Benzine nous offre une ode à sa mère pleine de tendresse et de délicatesse.
Magnifique hommage, très belle déclaration d'amour d'un fils de 53 ans à sa mère de 93 ans qui s'éloigne doucement de la vie.
Le narrateur est le dernier fils d'une fratrie de 5 garçons dont les parents sont arrivés du Maroc en Belgique dans les années 50; il vit, depuis une quinzaine d'années, avec sa mère, illettrée et qui n'a jamais parlé français couramment, , dans un tête-à-tête plein de douceur.
Les mots, les livres, la lecture, la littérature sont au cœur de ce court roman. Le narrateur a une passion pour la lecture depuis son plus jeune âge où il dévorait tout ce qui lui tombait sous la main. C'est encore la littérature à travers "La peau de chagrin" de Balzac qui tisse le lien le plus fort entre le fils et sa mère qui réclame qu'il lui en lise tous les jours des passages qu'elle finit par connaître par coeur et qui ne s'en lasse pas.
Les thèmes évoqués nous interpellent : l'exil à la fois extérieur (départ de son pays d'origine) et intérieur (par manque d'intégration), l'amour maternel inconditionnel, prêt à tous les sacrifices pour ses enfants.
Le ton est mélancolique, triste parfois mais jamais larmoyant, jamais misérabiliste. L'humour est bien présent aussi avec les anecdotes concernant la mère ayant appris par cœur des expressions toute faites mais ne les employant pas forcément à bon escient.
Le récit est tout en pudeur et le narrateur ne cache courageusement rien de la honte qu'a pu lui inspirer sa mère lorsqu'il était adolescent au moment où le regard des autres est si important qu'on est prêts à renier sa famille. Il sait aussi dire la honte actuelle d'avoir eu honte de sa mère, le fossé culturel qui se creuse entre la première et la deuxième génération d'immigrés.
Le titre du roman m'a immédiatement évoqué "Ainsi parlait Zarathoustra" de Nietzsche. L'auteur, professeur de lettres, n'a pas pu ne pas en être conscient. Cela signifie-t-il que la parole d'une mère est aussi importante si ce n'est plus que la pensée d'un philosophe? Est-ce à dire que la philosophie de vie de la mère fondée sur l'empathie, la bonté, l'oubli de soi est aussi vitale que celle prônée par les grands penseurs? Je suis tentée de le penser.
Mon évaluation : 4,5/5
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