"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après Les hommes ont peur de la lumière et Et c'est ainsi que nous vivrons, Douglas Kennedy continue son exploration d'une Amérique plus désunie que jamais avec une oeuvre palpitante, pleine de souffle et de panache, pour raconter la richesse et les contradictions de son pays.
Lors d'un salon littéraire en France, alors qu'il déjeune avec quelques écrivains locaux, Douglas Kennedy est apostrophé par l'une des convives qui lui lance qu'elle le trouve " plutôt raffiné pour un Américain ".
Piqué au vif par ce qui n'était en somme qu'une flatterie maladroite, Douglas s'interroge : être américain, c'est quoi ?
Le début d'une quête sincère à la poursuite du grand mystère de l'âme américaine. Du New York d'après-guerre à une petite ville texane trumpiste, de souvenirs d'enfance en réflexions politiques, d'anecdotes hilarantes en citations littéraires, de notes de jazz en films inoubliables, un voyage étourdissant, passionnant, édifiant, drôle, émouvant, avec un guide de luxe : Douglas Kennedy himself...
Dans son dernier ouvrage, Douglas Kennedy nous offre une exploration intime et nuancée de l'identité américaine, tissant habilement son histoire personnelle avec celle de son pays natal. Né en 1955 à New York, Kennedy a grandi dans une Amérique en pleine mutation, marquée par les tensions entre tradition et progrès, liberté et contrôle. Son enfance dans l'Upper West Side, au sein d'une famille aux origines modestes, a forgé sa vision critique des États-Unis. Cette perspective s'est affinée au fil de ses années passées à l'étranger, notamment en Europe, où il a acquis une distance lui permettant d'observer son pays avec une lucidité particulière. Kennedy dresse le portrait d'une Amérique complexe, tiraillée entre ses idéaux démocratiques et ses tendances conservatrices. Il analyse l'évolution politique du pays, de l'ère Roosevelt à l'époque Trump, soulignant les avancées progressistes comme le New Deal, mais aussi les mouvements de régression soutenus par des forces conservatrices, notamment l'Église évangélique. Malgré cette critique acerbe, l'auteur conserve un attachement profond à son pays d'origine. Il explore en huit chapitres des thèmes majeurs, mêlant souvenirs personnels et réflexions sociopolitiques pour décortiquer l'âme américaine. Kennedy évoque avec nostalgie la contre-culture des années 60, son amour pour le cinéma et le jazz, tout en exposant les contradictions inhérentes à la société américaine. Son récit est jalonné de références aux mythes fondateurs américains, comme la route et la quête perpétuelle de réinvention. "Être 'sur la route', ce n'est pas seulement bouger, c'est se placer entièrement dans le terrain du possible", écrit-il, capturant ainsi l'essence de l'esprit américain. À travers ce voyage culturel et historique, Kennedy nous fait comprendre et aimer cette Amérique complexe, malgré ses imperfections. Son regard, à la fois critique et passionné, offre une perspective unique sur un pays en constante quête de son identité, oscillant entre ses idéaux de liberté et ses démons intérieurs. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/2024/10/ailleurs-chez-moi.html
À partir de sa propre histoire, Douglas Kennedy essaye de répondre à cette question en apparence simple : Qu’est-ce qu’être américain ? Depuis, plusieurs romans, l’écrivain décrit des instants historiques de la vie américaine qui dénonce les travers d’une société malade de ses rêves, devenus fantômes. Dans son dernier, il a imaginé une dystopie de l’Amérique de 2045, où une guerre de sécession divise le pays opposant liberté et surveillance à une région où la religion emprisonne.
En cette période cruciale d’élections américaines, Douglas Kennedy décrit la possible évolution du lent recul de la démocratie dans son pays, considérée comme la plus ancienne au monde.
Son point de départ est son enfance new-yorkaise. Son père est issu de Brooklyn, côté ouvrier, travaillant dans la Marine. Il a ouvert l’exploitation d’une mine de cuivre au Chili. On apprend plus tard qu’il travaillait un peu pour la CIA. Sa mère est aussi de Brooklyn mais côté juif petit-bourgeois. Né en 1955, l’écrivain raconte sa jeunesse dans les différents établissements d’enseignements new-yorkais qui lui ont appris la distance à garder avec les stéréotypes de son pays. De ses années en Irlande et en Angleterre, puis à Paris, Douglas Kennedy parle peu.
« Au fil des pages de ce livre, je vais mêler souvenirs, histoire et carnets de voyage dans une tentative de discerner les multiples facettes de l’identité américaine au sein d’un pays menacé par ces valeurs conflictuelles, son omniprésence mondiale et sa fidélité compulsive à ses propres mythes. En bref, le bon, le mauvais et le laid qui définissent notre psyché nationale de plus en plus fragile. Je puiserai ainsi dans une histoire personnelle – la mienne – afin de répondre à cette question : en cette heure infiniment incertaine, qu’est-ce qu’un Américain ? »
Douglas Kennedy est élevé avec la certitude d’une ascension sociale s’il s’en donne les moyens. Seulement, l’écrivain repère un désir de conformité dans cette société qui refuse toutes avancées du droit (avortement, légalisation cannabis, etc.)
Alors que l’Expressionnisme abstrait et la Beat génération ont révolutionné la perception du monde, Douglas Kennedy ne cesse de s’interroger sur les forces conservatrices qui fondent en profondeur la société américaine. Du New-Deal de Roosevelt que l’écrivain qualifie comme la période la plus communiste de l’histoire américaine, la poussée conservatrice n’a eu, pour lui de cesse, de faire reculer la démocratie. Il décortique la politique américaine à partir de Nixon jusqu’à la poussée de l’Église évangéliste pour élire Trump.
Seulement, « être américain » ne se réduit, pour lui, à cet aspect. Il décortique le mythe de la route américaine comme composante de la nation, avec son ailleurs qu’elle véhicule dans ses représentations. Douglas Kennedy raconte aussi sa passion pour le jazz, musique particulière issue de la diversité des habitants de son pays.
Alors, des années 60 à aujourd’hui, Douglas Kennedy se confie sur sa vie en nous faisant voyager au cœur de son pays d’origine qu’il aime passionnément. D’une toute petite ville du Wyoming, visitée pour comprendre l’origine du fossé actuel, à son attrait pour le cinéma, l’écrivain raconte son affection.
Ainsi, en huit thématiques, Douglas Kennedy réfléchit sur son attachement à son pays, même si souvent, il s’en est éloigné physiquement. Lui, le plus européen des écrivains américains, a gardé de ses années de jeunesse l’attrait de la contre-culture mais ne cesse de vouloir appartenir à cette terre qu’il nous fait aimer malgré toutes les contradictions qu’il énumère. Ce récit est à la fois un voyage dans la culture et dans les contrées reculées de l’Amérique.
Totalement passionnant !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/10/13/ailleurs-chez-moi-d-kennedy/
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