"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un futur proche, la Corse est devenue le paradis d'une poignée de nantis, touristes richissimes, grossiers et exigeants venus des Ailleurs. Le climat de plus en plus détraqué rend les saisons aléatoires, précarisant davantage les locaux contraints d'accepter ce tourisme dévoyé pour survivre. Tout commence lorsqu'Agughia, « anguille » en corse, jeune voleuse débrouillarde et fière dérobe un objet mystérieux transporté par un représentant de Radius, puissant lobby en aménagement du territoire...
« Le futur, c’est déjà demain ». Agughia, récit d’aventure trépidant et de science-fiction situé dans un futur proche aurait très bien pu figurer dans le premier numéro de la nouvelle mouture de Métal Hurlant.
Ô Corse île de plaisir pour les Ailleurs
Pour les habitants, minés par la pauvreté, l’île de beauté n’a plus de beauté que le nom et ce n’est pas eux qui en profitent. Ils voient déferler des hordes de touristes venant de la plus basse plateforme des Ailleurs, colonies de la Terre peuplées de l’élite. Au programme, profiter de la nature bien sûr mais aussi du confort dernier cri: maquis sécurisé, circuits de randonnée aseptisés, rivières chauffées et plages climatisées. Or, en raison du dérèglement climatique, la saison touristique est de plus en plus courte ce qui précarise d’autant plus les autochtones.
« Évidemment que je veux me barrer ! Tout l’avenir de cette foutue île est enterré ici ! Avec vous ! Pourquoi j’resterais ? » Et pour se barrer, elle a trouvé la solution : se faire un maximum de blé pour aller installer son business (un salon de blanchiment dentaire pour les expatriés !) dans les Ailleurs. Elle, c’est Agughia, jeune voleuse à la tire qui, à la faveur d’un accident de la route, va dérober son sac à un employé de Radius, la toute puissante multinationale chargée de transformer l’île en « un territoire riche de sa culture, mais tourné vers la modernité et la croissance ». Véritable MacGuffin, ce vol va déclencher toute l’affaire. Et non seulement la police municipale dirigée par un pinzutu borné qui veut à tout prix mettre ça sur le dos de Rage de vert, une organisation écologiste radicale, mais également un mystérieux homme masqué vont se lancer à la poursuite de la jeune voleuse afin de récupérer l’objet contenu dans le sac qui, soit dit entre nous, n’est pas banal. Et le larcin d’Agughia, la « reine du braco » tel le battement d’aile du papillon …
Micol, Mézières et les autres
Hugues Micol est un auteur complet qui se définit lui-même comme un dessinateur d’histoires. Chez lui, la démarche graphique est toujours antérieure au récit, et c’est à travers le dessin, le trait qu’il essaie de l’incarner. Ici, sa volonté était de faire une BD au style graphique des années 70. Aussi a-t-il réalisé des dessins très fouillés et opté pour une palette de couleurs acidulées. L’intrigue se déroulant dans un futur proche, voilà qui a de quoi surprendre. Oui mais si on ajoute une histoire de SF« à la Valérian , avec un côté fable, on comprend mieux. Et Moebius aussi est de la partie ... Je dois reconnaître que les années 70, que ce soient les tapisseries à grosses fleurs orange ou jaunes, les coupes de cheveux, les pattes d’eph ou l’esthétique graphique, ce n’est pas ce que je préfère. Personnellement, je suis plus sensible au sublime noir et blanc et à l’inventivité graphique exprimée dans Black-Out son précédent ouvrage sur un scénario de Loo Hui Phang. Quoi qu’il en soit, ce choix d’une esthétique vintage fonctionne parfaitement et en ravira certains.
Comme dans les derniers Valérian, tout en étant divertissant, ce récit d’anticipation porte un regard critique sur le monde dans lequel nous vivons et a pour toile de fond l’impact du tourisme de masse, le capitalisme sans oublier bien sûr l’écologie.
Hugues Micol a rempli sa mission. Sur un ton décalé non exempt d’humour, il nous offre là un sympathique divertissement dans lequel scènes d’action et rebondissements s’enchaînent sans faillir et nous réservent quelques surprises. Ne boudons pas notre plaisir !
Ce futur là n’a rien d’engageant. Une Corse envahie par un tourisme de masse XXL, tenue par un grand groupe industrio-immobilier nommé Radius.
Agughia, jeune activiste locale, vole un sac appartenant à un employé de Radius… la course poursuite peut commencer…. Qu’ y a-t-il dans ce sac ? Pourquoi suscite t il autant de convoitises ?
Le récit dynamique nous laisse impatient de connaître la suite… Au départ un peu déconcerté par ce dessin haut en couleurs, je me suis peu à peu laissé embarquer dans ce récit d’aventures dystopique. On y croise pas mal de trouvailles futuristes intéressantes, Hughes Micol est il un visionnaire, pas trop espérons le !
Hommage à la BD des années 80, Moebius Christin-Mézières en tête, cet album rappellera des souvenirs aux nostalgiques de la BD d’anticipation… avec ici des sujets d’actualité liés à l’écologie, au capitalisme…
Au final, un album rythmé et engageant, une histoire à suivre avec un personnage féminin attirant dans un univers graphique vintage bien marqué.
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