"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après le succès du tome 1 (30 000 exemplaires vendus, une adaptation ciné en cours), la suite de l'histoire de Suzanne Noël.
La deuxième partie de la BD sur Suzanne Noël commence par deux drames : la mort de sa fille Jacqueline, puis la dépression qui emporte son mari, Henri. Se retrouvant veuve, elle perd momentanément l'autorisation d'exercer la chirurgie. Mais il en faut plus pour éteindre la soif de vivre du docteur Noël.
Pour honorer la mémoire de sa fille et de son mari, elle plongera à corps perdu dans l'exercice de son métier et deviendra la star internationale de la chirurgie esthétique.
Dans le Paris des années 1930, Mme Noël est une figure mondaine de premier plan (les soirées qu'elle organise sont les plus en vues - on y croise tout le gotha de l'époque). Partout dans le monde, ses conférences font salle comble.
D'est en ouest, on la réclame pour former les chirurgiens ou pratiquer des opérations délicates. Alors qu'elle est au sommet de son art, elle se lance dans le second combat de sa vie et parcourt le monde pour fonder le premier club féministe : les Soroptimist.
Suite très intéressante de la vie de Suzanne Noël, entre combats pour les droits des femmes et avancées médicales. Les dessins m'ont charmée, et même si je ne suis pas particulièrement amatrice de biographie, j'ai beaucoup aimé découvrir cette femme.
J’avais grâce au tome 1 découvert une femme que je ne connaissais pas, une femme en avance sur son temps, pionnière dans la chirurgie réparatrice et désireuse de donner une place plus importante aux femmes dans la société.
Ce tome 2 est tout aussi passionnant, Suzanne doit surmonter un terrible drame puis s’affranchir des règles pour sillonner le monde, donner des conférences, former des chirurgiens… pour enfin se consacrer au combat féministe en créant et développant des groupes de sororité : les Soroptimist.
Son action restera vive pendant et après la guerre (elle soigne clandestinement les résistants et effacera les tatouages des déportés) avant peu à peu de sombrer dans l’oubli…
Une biographie brillamment mise en images par le trait particulier de Clément Oubrerie qui convient parfaitement au contexte historique.
Au final un dyptique essentiel qui réhabilite une femme forte et initiatrice de l’émancipation des femmes. 2 albums à lire avant de savourer l’adaptation TV de Mélanie Laurent en 2022.
Quel plaisir enfin de retrouver Suzanne Noël. À la suite du drame qui clôt le premier tome (1900-1921), ce deuxième tome (1922 – 1954) va mettre en lumière la chirurgienne mais surtout la femme.
Afin de noyer son terrible chagrin, Suzanne va se réfugier dans son travail pour oublier et terminer la rédaction de sa thèse, qu’elle publiera sous un nom d’emprunt. À 47 ans, elle est enfin libre d’exercer sa profession pour ne plus être sous la tutelle des hommes, maris ou collègues.
La docteure Noël a décidé de mettre sa chirurgie au service du féminisme. Pour elle, le corps des femmes leur appartient, elles doivent donc pouvoir en disposer afin de ralentir les effets du temps. Une femme qui veut travailler et être indépendante de son mari doit avoir la beauté et la santé de son côté.
Mais la vision du féminisme de Suzanne Noël ne s’arrête pas à la chirurgie. Ayant appris l’existence aux États-Unis de clubs réservés aux femmes, les Soroptimist, la chirurgienne décide de contacter d’autres femmes brillantes et indépendantes professionnellement afin de créer un premier club parisien. La sororité pour aider ses « paires ».
Il n’en fallait pas moins de deux tomes et près de 200 pages à Leïla Slimani pour retracer cet extraordinaire destin. Son scénario rend hommage aux combats menés par les femmes en cette première moitié du 20e siècle, afin de pouvoir être considérées comme les égales des hommes dans leurs devoirs mais également dans leurs droits.
Ce fut également un plaisir de retrouver le trait de Clément Oubrerie, qui avait enchanté le premier tome. J’ai apprécié ses clins d'œil à des peintres célèbres :
Le ciel au-dessus du paquebot n'est pas sans rappeler celui de "La nuit étoilée sur le Rhône" peinte par Vincent Van Gogh (1853-1890) en 1888.
Les deux dernières pages de cet album et la couverture, avec des ronds concentriques, ne peuvent qu'être une référence aux" Prismes électriques" peints en 1914 par Sonia Delaunay (1885-1979), une contemporaine de Suzanne Noël.
Une série parlant d’une femme, au service de toutes les femmes, qui ne pourra que vous ravir. Alors n’hésitez surtout pas à faire la connaissance de Suzanne Noël.
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