"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'obscurité mène au néant, la clarté, à la justice.
Le nouveau roman d'Ilaria Tuti, la révélation du polar italien.
Atteinte d'une maladie rare et condamnée à l'obscurité, Chiara, huit ans, fait des rêves aussi étranges qu'effrayants : dans la forêt qui jouxte sa maison, elle voit un arbre couvert de mystérieuses inscriptions au pied duquel repose un coeur d'enfant.
Chiara est convaincue que son rêve fait écho à des événements réels. Terrifiés, ses parents contactent la police, lançant la commissaire Battiglia sur les traces d'un passé tourmenté.
Dans cette région d'Italie où la terre est brûlante, seuls peuvent enquêter ceux qui survivent à la lumière de la nuit...
" Une écriture d'une grande force visuelle et sensorielle. " La Stampa
J’ai découvert la prose d’Ilaria Tuti, publiée chez Robert Laffont, à travers son premier ouvrage traduit en français Sur le toit de l’enfer, qui a été élu meilleur polar étranger lors du Prix des nouvelles voix du polar en 2020 – il n’a pas été l’objet de mon vote. Sur le toit de l’enfer était également le premier titre de la série mettant en scène, une fois n’est pas coutume dans le monde un peu sexiste des polars, la commissaire de police sexagénaire, Teresa Battaglia. J’avoue avoir gardé peu de souvenirs de l’écriture et des grandes lignes de la narration du premier titre lu il y a deux ans. La mémoire m’est revenu au fil de ma lecture de ce titre, qui contient effectivement quelques références au premier tome, je ne crois pas que cela puisse gêner la lecture de ce titre-là. En toute honnêteté, À la lumière de la nuit m’a davantage plu que Sur le toit de l’enfer, ne serait-ce que par le contexte de la narration.
On y retrouve d’abord le fameux duo très improbable mais finalement assez réussi, celui du commissaire-inspecteur, Teresa Battaglia- Massimo Marini, qui rajoute du punch à l’histoire : aussi différents, et secrets que le jour et la nuit, ce sont leurs joutes récurrentes et leurs taquineries mutuelles qui attribuent un charme supplémentaire au roman, une touche de pince-sans-rire et de légèreté qui déleste l’histoire du poids de sa gravité et de sa solennité. Si dans Sur le toit de l’enfer, une certaine distance régissait leur rapport, ceux-ci se sont incontestablement détendus, pour notre plus grand plaisir. Dans la continuité de Sur le toit de l’enfer, Ilaria Tuti utilise ce décor d’Italie de l’Est, la province de Frioul-Vénétie, accolée à la Slovénie, qui non seulement, confère à l’histoire une atmosphère de peur et de ténèbres, qui servent parfaitement cette brume d’ésotérisme et de surnaturel dans laquelle est baignée cette première partie de roman. Plus concrètement, c’est aussi un lieu charnière, qui accueille tous les flux migratoires en provenance de la route des Balkans.
Ce lieu très particulier, presque renfermé sur lui-même et autour de cette multitudes petites énigmes laissées en suspens, confine chacun de ses habitants dans ses propres secrets, jusqu’à suffocation, et n’offre peu d’autres perspectives que les chimères d’un enfant, née dans un corps malade, ou celles de familles exilées. Ilaria Tuti emprunte la voie des rêves de ces enfants mal nés, mauvais endroit, mauvais corps, qui tournent à la tragédie : Si la région apparaît comme une embouchure salvatrice sur cette Europe, tellement imaginée et attendue pour certains, il semblerait qu’elle ne soit qu’un mirage, une impasse brute et sans issue. Tout fini entre quatre planches ou entre les quatre murs de sa maison ou de sa chambre pour l’enfant de la lune. Et le reste, la commissaire et son subordonné sont enfermés dans leur propre vie – Ilaria Tuti ouvre la voie ici à de futurs développements – et leur incapacité à en sortir ainsi qu’à sortir du rôle qui leur est attribué. Tout comme les autochtones.
En continuité de cette vision, Ilaria Tuti a choisi d’inscrire son enquête dans cette problématique qui semble insoluble : la fuite en masse de femmes et hommes de pays ou la guerre et l’indigence ont tout ravagé en direction de pays qui ne veulent clairement pas d’eux et font tout pour les renvoyer n’importe où. Cette dimension politique, que son premier roman ne possédait pas, donne à cette fiction une hauteur plutôt estimable. Si le retour à une réalité froide et cruelle dans la seconde partie du roman peut causer une sorte de désenchantement, il semblerait que ce soit globalement la situation de tous ces chacun et chacune chez l’auteure italienne.
Dans ce troisième roman traduit et publié chez nous, Ilaria Tuti empreinte encore une fois, et douloureusement, le thème des enfants ; il en était déjà question dans Sur le toit de l’enfer. Les souffrances sont toujours plus amplifiées et affûtées lorsque c’est l’enfance qui se trouve touchée. Et je dois bien concéder, pour ma part, un grand moment d’amertume et de tristesse au dénouement de ce thriller, qui touche à nos racines et à ces enjeux terriblement d’actualité qui ont fini par nous dépasser et qui n’épargne même plus ces enfants.
A la lumière de la nuit est le deuxième polar d’Ilaria Tutti que je lis, après La nymphe endormie. A la lumière de la nuit est le troisième opus des enquêtes de Teresa Battaglia et son équipe (je n’ai pas lu le tout premier, Sur le toit de l’enfer). J’étais impatiente de me plonger dans ce nouveau polar et de retrouver Teresa. Ce tome, contrairement aux précédents, est très court avec moins de 250 pages contre plus de 600 pour les précédents. Il s’agit d’une petite enquête particulière, presque une parenthèse. Teresa est contactée par les parents de Chiara, atteinte d’une maladie rare, la maladie de la Lune, qui interdit à la fillette de huit ans, tout contacte avec la lumière, la condamnant à vivre dans l’obscurité. Chiara est en proie à des cauchemars dans lesquels elle décrit un enfant mort dont le corps repose au pied d’un arbre. Mue par son intuition, Teresa, avec l’aide de son coéquipier Marini, enquête alors. Ce roman singulier m’a beaucoup plu par son côté ésotérique et historique à la fois. Il ne s’agit pas d’un polar traditionnel et c’est ce qui fait que ce titre se démarque. Pour conclure, j’ai aimé ce roman atypique et j’ai pris plaisir à retrouver le duo Battaglia/Marini. Vivement la suite ! Le plus : les droits d’auteur sont reversés à la recherche sur le sarcome d’Ewing.
Une fillette condamnée à fuir la lumière à cause d’une étrange maladie fait des rêves terrifiants. La commissaire Teresa Battiglia prend l’affaire très au sérieux pour découvrir si rêve et réalité ne seraient pas intimement liés...
Je ne lis pas beaucoup de polars mais celui-ci m’a été offert à Noël et le résumé m’intriguait vraiment, j’avais hâte de le lire et je n’ai pas été déçue.
J’ai aimé le style fluide de l’autrice et les premiers chapitres très intrigants m’ont vraiment emportée. Ilaria Tutti parvient à créer une atmosphère oppressante qu’on ne peut pas lâcher. Le duo Battiglia-Marini fonctionne très bien.
Une belle découverte.
Un titre suffisamment ambivalent pour permettre de relire le polar une seconde fois en
s’attachant à un personnage en particulier comme fil rouge. J’aime l’idée d’une héroïne
déglinguée par ses années de service au sein d’un milieu qui ne fait pas de cadeaux
surtout à une femme. Et pourtant c’est son obstination quand elle ne s’arrête pas sur
les doutes qui la grignotent pour suivre une intuition d’une petite fille malade dans un
univers étouffant.
C’est dingue de voir à quels points des indices qui paraissent surnaturels s’emboitent
en fin d’enquête. Une découverte pour moi de cet univers policier italien
Peut-on commencer une enquête après avoir écouté les rêves d'une petite fille : Chiara est une étrange petite fille, c'est une enfant du soleil qui ne peut pas vivre avec la lumière. Elle vit isolée avec ses parents et vient de faire des rêves étranges, sa mère a décidé d'appeler la commissaire Teresa Battiglia. Cette enquêtrice vient d'être médiatisée car elle a résolu une enquête éprouvante, il y a quelques temps (voir les tomes précédents).
Nous sommes pendant les vacances de Noël notre commissaire vieillit et a décidé de passer le relais à un jeune inspecteur Maximo, mais elle va tenter de cacher à tous des symptômes de la maladie de Alzheimer qui la touche. A la veille de Noël, ils vont tous les deux décider de croire en ses rêves de cette petite fille et cela va entraîner plusieurs enquêtes. Nous sommes en Italie à la frontière avec la Croatie sur la route des Balkans le passage des migrants fuyant les guerres et se dirigeant vers un pays d'accueil pour demander l'asile politique.
L'auteure va alors nous parler de la situation sur cette route et ce qui peut se passer dans les villages traversés, la solidarité, la peur..
J'ai apprécié ce texte et le personnage de cette femme qui vieillit, elle est volontaire pugnace, perspicace et a des relations particulières avec ses collègues. Ce texte m'a incité à lire les précédentes enquêtes car j'ai aimé la façon de cette auteure de parler de l’enquête, des paysages du village, des relations humaines. L'auteure en profite aussi pour y inclure quelques références littéraires, elle nous parle du « petit prince » mais aussi « la route » de Cormac McCarthy.
Une enquête policière qui a des échos de l'actualité proche et qui nous questionne sur nos comportements face à l’actualité, face à des rêves…
Une petite fille égarée dans un décor lugubre, la nuit, une mélopée étrange, les premières lignes de ce roman créent une ambiance mystérieuse et propice à l’angoisse.
Rêve ou réalité, la fillette évoque la présence d’un enfant enterré. Les premières recherches autour de la maison ne donnent rien. Le père est hostile vis à vis des enquêteurs, pour protéger sa fille ou pour éviter d’attirer l’attention sur lui ?
Même si l’inspectrice Battaglia nous confie peu à peu ses difficultés personnelles, qui risquent de mettre à mal ses talents de flic, elle ne peut se résoudre à abandonner et laisser la fillette aux bons soins de ses parents pour apaiser ses peurs d’enfant. D’autant que les appels de Chiara sont de véritables appels au secours.
Pas de personnage banal dans ce polar, inspectrice fragile, enfant atteinte d’une maladie rare, ermites en tout genre, la galerie de portraits contribue à l’ambiance sombre.
En filigrane le thème des migrants dans les années 90 alors que les frontières italiennes étaient en première ligne pour des migrants qui n’avaient d’autres choix que de fuir leur pays d’origine.
Très bon polar, accrocheur et bien structuré.
Ce troisième opus des enquêtes de Teresa Battiglia, peut être lu indépendamment des précédents, ce qui fût mon cas, mais laisse tout de même des zones d’incompréhension notamment quand plusieurs chapitres sont liés à l’enquête de son premier volet.
Il est évoqué ici les thèmes de la différence et de la maladie.
La différence avec Chiara, huit ans, atteinte d’une maladie qui ne lui permet pas de s’exposer à la lumière du jour et qui vit dans la solitude du foyer familial, rejetée par ses camarades et le système éducatif. Avec également la commissaire Teresa Battiglia qui dissimule sa maladie à ses supérieurs et à son équipe et craint chaque matin de se réveiller avec encore un peu de sa mémoire en moins.
L’écriture est fluide, l’intrigue bien maîtrisée offre un suspense qui nous donne envie de connaître la suite. Tous les personnages sont emprunts de beaucoup d’humanité. On s’identifie facilement à cette enfant malade rejetée par ses congénères et à cette commissaire vieillissante atteinte de la maladie d’Alzheimer qui lutte pour continuer.
La commissaire est appelée auprès de Chiara qui voit des choses effrayantes, suivant les indications de la petite, Teresa trouve des indices inquiétants et ouvre une enquête sur la disparition d’un enfant vingt ans plutôt. On plonge alors dans le monde des migrants, de la route des Balkans, des passeurs, des disparitions d’enfants vendus ensuite comme esclaves.
C’est un polar intéressant, toutefois après une enquête bien menée, détaillée, pleine de suspense et de quelques rebondissements, le dénouement arrive brutalement et est résumé en quelques lignes. Par contre le thème de la différence, fil rouge de cette enquête est davantage développé et bénéficie d’une happy end.
D'une qualité exceptionnelle ! La commissaire Battaglia vieillit.. comme tout le monde, elle a même de sérieux problèmes de santé, déjà révélés dans sa précédente enquête, et elle se bat.. pour conserver son autonomie sans en informer quiconque, surtout pas ses supérieurs ni son équipe !
Un coup de téléphone personnel l’entraîne vers une recherche bien particulière d'après les rêves d'une petite fille malade. Outrepassant les autorisations et les autorités décisionnelles, selon son habitude !!, elle s'acharne à trouver la réponse, bousculant son inspecteur préféré !! et ignorant qui elle veut !
Tous les deux, aidés de quelques bonnes volontés vont se mettre en route, au sens propre du terme empruntant des chemins parcourus depuis des années par des migrants venus de Slovénie toute proche, remontant ainsi le cours de l’histoire de l'Europe.
Vraiment passionnant, très bien construit, entre histoire personnelle et Histoire avec un grand H, voilà un polar comme je les aime, oscillant entre petits plaisirs, du genre grignoter des anneaux de calamar à Trieste et dévaler des routes escarpées de montagne, approfondir ses connaissances géopolitiques et éviter les tracasseries administratives.
Une langue riche, de magnifiques descriptions au crépuscule, des détails qui n'en sont pas et une grande finesse dans la psychologie des deux personnages principaux !
Une vraie réussite littéraire, une excellente traduction d'une grande précision, des personnages qui prennent de l’épaisseur pour devenir de vrais protagonistes à suivre dans un prochain roman !
Un bon moment, troublant et émouvant. Du plaisir à l'état brut !
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