Dans une France mise à mal par le climat poisseux qui règne depuis les attentats du Bataclan, de nombreux citoyens se sont rassemblés, ce samedi, pour se faire entendre. Parmi eux, trois adolescents, Apolline, JB et Harley, soutiennent le mouvement social. D'autres veulent témoigner, comme Samia, une youtubeuse venue filmer et interviewer les participants. Il y a aussi Aurélien, impuissante victime, qui se retrouve malgré lui happé par les violences et le chaos d'une manifestation qui dégénère en bataille rangée.
Très bon roman destiné aux ados sur les violences durant les manifestations. Ce sujet est malheureusement encore d actualite.
Un récit bien ancré dans l’air du temps…
Un samedi après-midi en plein cœur de Paris. La couverture et le titre du livre nous renseignent sur le contexte du récit. Revendications politiques, sociales, économiques : exacerbée par la haine et la rage à la fois des manifestants et des forces de l’ordre, la manifestation dégénère.
On va vivre cet évènement à travers six regards : trois adolescents de 16-17 ans, une jeune youtubeuse, un jeune SDF de 23 ans et un lieutenant. Certains se connaissent, d’autres vont se rencontrer ou ne feront que se croiser. Tour à tour, on suit ce qu’ils sont en train de vivre. Aurélien subit les coups des forces de l’ordre. Harley se fait embarquer, direction le commissariat. Apolline et JB, obligés de se cacher pour ne pas subir les coups de part et d’autre, tentent de secourir le jeune homme tabassé. Samia, venue faire une vidéo pour sa chaîne Youtube, se retrouve le nez sur le pavé. Quant au lieutenant, il essaie de différencier les pacifistes des activistes. Ce qu’ils vivent là, dans cette manifestation, leur rappelle des évènements de leur propre existence, et au fur et à mesure du récit, ils livrent des pans de leur passé, les épreuves qu’ils ont traversées, les souffrances qu’ils ont déjà subies. En découvrant ces bribes d’histoires, je me suis attachée à certains des personnages.
J’ai mis un peu de temps à rentrer complètement dans le récit, mais une fois dedans, j’étais plutôt avide de tourner les pages pour savoir où chacun des six personnages allait m’emmener. Un bémol concernant la typographie et la mise en page qui ne rendent pas la lecture du texte agréable : pas d’interligne, une police d’écriture petite, les mots et les lettres semblent collés, j’ai eu cette impression de manque d’espace, d’oppression déjà présente de par l’ambiance du récit.
Une manifestation qui tourne mal… Pourquoi faut-il toujours que ça dégénère ? « A souiller, détruire, c’est l’essence même de l’action qu’ils salissent », se désole Apolline. Mais dites-moi, cette remarque ne trouverait-elle pas un écho dans les évènements récents de notre réalité ?
De la violence et de la souffrance dans ce roman, des jeunes qui sont perdus, qui se posent des questions quant au pourquoi de la situation et au comment de leur avenir. Des jeunes qui se solidarisent aussi. Avec une note d’optimisme à la fin.
Roman de littérature jeunesse à partir de 15 ans.
Voici un roman d'actualité qui analyse finement la société avec beaucoup d'émotions.
Cette manifestation à laquelle participent Apolline, JB et Harley prend forme dans un contexte post attentat du Bataclan et en plein Etat d'urgence. Les cœurs sont brisés, la peur est au tournant, l'atmosphère pesante mais tous ces hommes sont là pour marcher, témoigner, revendiquer leurs pensées et leurs valeurs. Dans ce rassemblement, on croise aussi Samia, une vlogeuse qui est là pour filmer et transmettre ce qui s'est passé durant la manif', Aurélien un SDF victime malgré lui de la violence du mouvement, et un lieutenant qui doit gérer les gardes à vues. Quatre points de vues différents : manifestants, victime impuissante, force de l'ordre, journaliste.
Le climat déjà pesant, la pression portée sur les CRS, la haine attisée qui déroule sur les manifestants et les casseurs venus pour "tout détruire" amènent à la violence. La manifestation dégénère alors, et durant une journée de cauchemars, nous suivons nos personnages dans un mouvement qui finit par les dépasser, en raison de son chaos et de sa brutalité. Il y a par exemple ceux qui se font arrêter, ceux qui, happés par la foule, tombent à terre, ceux qui perdent de vue leur proche, ceux qui se font tabasser...
C’est un beau texte que nous écrit l’auteur qui parle de notre société, de la solidarité, des problèmes de chômage, du délit de solidarité, de l'état d'urgence, du terrorisme... Mais au-delà du côté éminemment politique, le roman parle aussi de l'adolescence et de ses questionnements, de l'avenir, de l'amour. C’est un roman qui regroupe plusieurs sujets, mais tout se fait dans la vitesse, l'urgence justement. Les histoires et les points de vues des personnages nous happent, et on prend au vol certains destins, on est prisonnier de cette foule avec eux, on cherche un souffle d'air. Tout va très vite et bouillonne. Charlotte Bousquet décrit à la perfection cette ambiance suffocante de manifestation, entre désirs de se rassembler pour les uns, pression des forces de l'ordre de l'autre côté. Justement, le portrait des flics est relativement négatif au début. Ils ont reçus des ordres, se laissent aller à la violence, quitte à faire des victimes innocentes. Puis, on tente de les comprendre. La haine contre le gouvernement exacerbée dans cette foule se retourne les uns contre les autres. Les flics n'agissent plus par humanité mais par des ordres dictés par le pouvoir, pression qui les empêchent de prendre du recul.
Il y a tant de phrases à retenir, à noter, à ressortir.
Je regrette seulement le côté stéréotypés de certains personnages ou situations, à trop vouloir en dire ou dénoncer on tombe dans une espèce de cercle poisseux, dans un climat désenchanté. Pourtant il y a encore de l'espoir puisqu'ils se battent pour la liberté. Ce sont avant tout le portrait d'adolescents courageux et résistants qui veulent se faire entendre sans finir punis pour leurs actes légaux.
Pour finir, c'est un récit qui mérite d'être lu puisqu'il décrit tout simplement le vrai, l'actuel. C’est un roman politisé, qui n'hésite pas à affirmer ce qu'il pense, à franchir des limites, à dire tout haut ce qu'on pense ! C'est un plaidoyer, un appel à tous ceux qui refusent de se soumettre. Et pour cela, un grand oui !
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