"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Elle se dit qu'un de ces quatre un intrépide gentleman viendra la sortir de là. Elle en est encore à croire que quelqu'un va venir se charger de son sauvetage. Que sinon elle restera cloîtrée éternellement dans ce salon en ruines (Nathalie ne lésine jamais sur rien). Le gentleman en question sera désinvolte, peut-être américain, follement beau, très légèrement arrogant, et tout à fait spirituel. Il s'appellera Tunepouvaispas. Elle sera son élue, sa princesse, son aimée, sa parfaite, sa Bonnie. Le nom de famille de son héros sera Mefaireplusplaisir. Ça ne sonne pas très anglo-saxon. Mais c'est un détail. Nathalie se situe encore à l'exact mitan entre Boucle d'or et Anaïs Nin.» Dans ce conte cruel qui revisite l'amour courtois au temps de l'adolescence, l'imaginaire de Véronique Ovaldé fait lui aussi une merveilleuse rencontre, celle de l'univers de Joann Sfar. Ensemble, ils imaginent et mettent en scène une histoire pleine de panache et de malice qu'habitent de drôles et tendres personnages. Une histoire qui leur ressemble, à tous les deux.
[concerne la version poche aux éditions J'ai Lu]
Je suis une fois de plus agréablement surprise de la qualité de ce roman graphique au format poche. Pour moins de 8€, le format est certes semi-poche, mais la couverture est à rabat, et le papier de bonne qualité, évitant les problèmes de transparence qui peuvent gâcher la lecture d’un livre, spécialement au format poche. Ce papier est très blanc, ce qui permet un bon rendu des couleurs de Brigitte Findakly.
D’ailleurs, parlons de ces couleurs… Les tons sont assez doux, et Nathalie / Sucre de pastèque est représentée en camaïeu de bleu, ce qui met en avant sa mélancolie. Les dessins sont caractéristiques de Joann Sfar, avec des personnages aux grands bras, des visages simples mais expressifs, pleins de poésie je trouve...
...Le choix d’alterner les pages de récit et les pages de dessins permet de mettre ces derniers en valeur. Ça donne un effet de miroir très intéressant. D’un côté le texte et en face la planche correspondante…
Nathalie est une ado solitaire, en décalage par rapport à ses camarades de classe. D’ailleurs elle évite autant que possible d’aller en cours… La rencontre avec Eugène va illuminer ses journées, lui donnant l’occasion de jouer avec les sentiments de ce dernier. Elle rêve comme beaucoup du prince charmant, et il faut qu’Eugène sache surmonter les épreuves…
On a deux enfants (oui, les adolescents sont encore des enfants) un peu perdus et solitaires, qui ont du mal à trouver leur place dans la société. Sucre de pastèque vit seule avec sa mère dans un appartement envahi de cartons jamais défaits, quand Eugène se sent isolé dans sa famille… Nathalie créé des épreuves incongrues pour Eugène, dont certaines pourraient se révéler dangereuses… mais le jeune homme est prêt à tout pour être à la hauteur des sentiments de la demoiselle en détresse. Où les mènera cet amour de jeunesse ?
L’histoire se passe au début des années 80, et j’ai adoré les clins d’œil à l’époque, le poste à cassette sur lequel Eugène doit enregistrer son silence, par exemple… Ce sont des références qui me parlent, question de génération ! Quel enfant ou adolescent des années 80 n’a pas enregistré sa voix ou de la musique sur des cassettes ? Et puis il n’y avait pas d’internet, on prenait le temps de rêver, de s’ennuyer… nostalgie, quand tu nous tiens^^ Ce n’est pas un cadeau pour nos ados que de ne pas connaître les temps morts.
J’ai trouvé la plume de Véronique Ovaldé pleine de douceur et de poésie, tout en étant parfois cruelle avec les sentiments des adolescents. Elle se marie à merveille avec les dessins de Joann Sfar. Leurs deux univers se répondent d’une manière qui semble naturelle. Le texte est mis en valeur par les dessins de l’illustrateur. On est vraiment dans un roman graphique, ou texte et images se partagent la place quasiment moitié/moitié.
C’est un joli conte moderne, bien que doux-amer, qui nous est proposé ici. La fin est un peu abrupte à mon goût, mais colle bien avec l’ambiance générale de l’histoire.
https://leslecturesdesophieblog.wordpress.com/2019/01/20/a-cause-de-la-vie-veronique-ovalde-et-joann-sfar/
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