"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cuba Spleen, ce titre du livre de William Navarette m’a attiré et je l’ai lu parce que je fais partie de ces gens que l’auteur stigmatise : les nostalgiques qui se laissent prendre par le romantisme de la Révolution cubaine, Fidel Castro, le Che…
Or, l’auteur présente un véritable pamphlet, pas drôle du tout comme il est noté dans certaines présentations. La quatrième de couverture parle d’ironie et c’est plus juste.
William Navarette est né à Cuba en 1968, sous la dictature de Fidel Castro. Cinquante-quatre ans après, il nous fait part de son spleen pour son île natale, cette mélancolie teintée de cafard devant ce que Cuba n’a cessé d’être sous la férule des castristes. Il a vécu là-bas jusqu’à l’âge de 23 ans, réussissant à partir grâce à un subterfuge basé sur ses études en histoire de l’art avec une description détaillée de notre Musée du Louvre.
Beaucoup, comme lui, ont réussi à fuir. Beaucoup se sont considérablement enrichi en Floride et alimentent la haine envers la mainmise des castristes sur une île qui pourrait être un paradis mais qui bloque au maximum ses ressortissants voulant tout simplement voyager s’ils en ont les moyens.
Alors, à base d’exemples concrets basés sur son expérience du pays, William Navarrete, Français aujourd’hui, ne trouve aucune circonstance atténuante, aucune excuse aux frères Castro qui n’hésitaient pas à supprimer ceux qui pouvaient leur faire de l’ombre, même leurs camarades de combat.
L’auteur raconte son enfance, sa scolarité. Ce vécu est le plus intéressant car il n’a pas aimé du tout cette école à la campagne obligeant, professeurs et élèves, dès 11 ans, à aller travailler dans les champs durant quarante-cinq jours, chaque année. Quant à l’uniforme pour les élèves, s’il n’a jamais été remis en cause à Cuba, il se profile chez nous…
Petit à petit, il décortique le flicage, la surveillance incessante de tous par tous, mise en place par le pouvoir. Les faits, cités avec précision, ne pourraient pas toujours choquer si la classe dirigeante ne s’appropriait les meilleurs logements, les meilleures distractions, les meilleures carrières, tout en se dispensant des corvées désagréables imposées au peuple.
Cette plongée dans la vie quotidienne des Cubains est, bien sûr, complétée par le déroulé de la vie politique calquée sur un idéal communiste qui a prouvé depuis sa désastreuse illusion. Un moment, j’ai cru que Che Guevara, le Che, serait épargné mais, en une page, son sort est réglé. J’avoue que sa propension à faire exécuter les opposants alors qu’il était au plus haut sommet de l’État, m’a toujours choqué.
Bien sûr, l’auteur ne peut masquer la gratuité de l’éducation jusqu’aux études supérieures mais, lorsqu’il évoque le nombre impressionnant de médecins formés à Cuba, il faut qu’il déprécie, qu’il rabaisse cela alors, qu’en France, nous aimerions bien ne pas être en pénurie de personnel médical. Je me souviens aussi de tous ces médecins cubains débarquant en Italie pour soigner les malades atteints par le Covid 19. C’était sûrement de la propagande…
William Navarrete rappelle la vie à La Havane sous Batista, dictateur comme Fidel Castro. Son prédécesseur se réfugie en République dominicaine, dans une autre dictature, celle de Trujillo. Cela me fait penser au livre de Catherine Bardon : Flor de Oro, la fille de ce dernier. De même, l’allusion aux Ballet russe du colonel Basil me rappelle que ce corps de danse était l’œuvre de René Blum, comme le raconte très bien Aurélien Cressely dans Par-delà l’oubli.
Caustique jusqu’au bout, William Navarrete, de nationalité française maintenant, militant actif anti-dictature cubaine, souligne la désunion des exilés, incapables de s’unir pour ramener une vraie liberté à Cuba. La cause de cette désunion serait les infiltrés !
Pour parler de Cuba, une île que j’ai pu découvrir trop brièvement, je préfère de loin lire Leonardo Padura qui, dans un autre registre, n’épargne pas les critiques, sait bien mettre en évidence tout ce qui ne va pas mais a toujours refusé de s’exiler.
Malgré tout, je suis content d’avoir pu éclairer ma lanterne en lisant des avis contradictoires, apprendre les dessous de certains faits historiques souvent présentés de manière partiale et je remercie Babelio et les éditions Emmanuelle Collas, en espérant que, très rapidement, le sort des Cubains s’améliore, que l’embargo obstiné des États-Unis cesse. Lorsque William Navarrete pourra revenir à Cuba sans crainte, ce sera une bonne nouvelle et il faudrait que cela advienne le plus tôt possible.
Comme partout dans le monde, les riches veulent devenir toujours plus riches et l’ensemble de la population s’appauvrit et souffre énormément. C’est le fruit du capitalisme et, hélas, le communisme n’a pas fait mieux, souvent pire.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/william-navarret-cuba-spleen.html
Cuba dans les années 80. Ana Isidora, la cinquantaine, vit seule. Elle apprend par hasard qu'elle est l"héritière de plusieurs millions, amassés par un lointain ancêtre. Il lui faut alors prouver sa généalogie et évidemment, elle n'est pas la seule : beaucoup de gens se réveillent et lui font savoir qu'ils sont cousins... Avant qu'elle n'ait reçu son héritage, on vient la voir pour parler de ses problèmes et espérer un geste de sa part. La ville est complètement chamboulée. Il faut gérer le monde, le carnaval et le mariage d'Ana Isidora qui vient de trouver l'âme soeur. Tout est si rapide et délirant qu'on a des difficultés à s'y retrouver. le seul intérêt que j'y ai trouvé, c'est que ce n'est pas dénué d'humour.
Évoquer Cuba amène souvent des pensées diverses aux gens : une destination de vacances exotique pour certains, une terre où survit le communisme pour d’autres ou encore une île associée aux noms de Castro ou du Che.
Pourtant, nous ignorons, tous, ce que cela représente de vivre à Cuba.
D’être sous surveillance constante. De devoir accomplir des travaux agricoles obligatoires l’été pendant sa scolarité, sauf si on est l’enfant d’une personne haut placée. Car oui, le communisme, l’égalité de tous, n’est qu’une façade, les privilèges sont toujours bien ancrés.
Il faut aussi savoir se taire dès son plus jeune âge pour que les conséquences ne soient pas fâcheuses pour sa famille. Il faut aussi avoir un pedigree révolutionnaire immaculé pour accéder à l’université.
Et oubliez la corne d’abondance. L’embargo imposé par les Etats-Unis étant une excellente excuse pour masquer la corruption, et les manquements du régime engendrant des pénuries pour le commun des camarades.
William Navarrete est né à Cuba en 1968 et a réussi à s’exiler en France en 1991.
Il a cette chance de n’avoir plus aucun proche sur l’île et donc, de pouvoir s’exprimer sans craindre des mesures de rétorsion à leur encontre.
L’idée de ce livre lui est venu lors qu’à l’occasion de la pandémie du Covid, il entendait des gens déclarer que la France se transformait en dictature.
Il a donc pris la plume pour raconter ce qu’est véritablement la dictature.
Pour enlever le glamour dont est auréolé le Che ou la complaisance dont a bénéficié Castro et les siens, même au plus haut sommet de l’état français.
Ce livre est bienvenu, nécessaire et bien écrit. Je l’ai dévoré de bout en bout et constitue une belle découverte.
Un roman passionant, entre l'Espagne, Cuba et les USA. L'auteur m'a fait penser à mon voyage en Californie où j'ai exactement les mêmes impressions que le personnage de son roman. Une fresque historique pleine d'intelligence et de rebondissements.
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