Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
A l’été 1961, profitant d’une fenêtre météorologique, deux équipes d’alpinistes chevronnés, l’une italienne, l’autre française, se lancent ensemble dans l’ascension du pilier central du Frêney, dernière paroi encore vierge du Mont Blanc. L’orage qui les frappe près du sommet les contraint à interrompre leur progression, puis, la tempête s’installant durablement, à entamer une retraite dans les conditions les plus extrêmes. L’expédition n’est plus désormais qu’une lutte sans merci pour la survie...
Il y a soixante ans, ce que la presse appela « la grande tragédie du Pilier Central du Frêney » fit grand bruit. Les hommes qui s’engagèrent dans cette première, manquée à quelques dizaines de mètres près, étaient tous expérimentés, pour certains même, comme Walter Bonatti et Pierre Mazeaud, des légendes de l’alpinisme. Personne n’avait vu venir cette tempête dantesque qui, en plein mois de juillet, balaya le pays, tuant à Paris et sur la Côte Atlantique. Coupée du monde, la cordée commença par patienter, attendant l’accalmie qui ne vint jamais. Il fallut bientôt se résoudre à affronter une dangereuse et épuisante descente sur un parcours méconnaissable, couvert de neige et de glace, dans des conditions devenues polaires : un calvaire de cinq jours et cinq nuits dont ne réchappèrent, in extremis, que trois des sept hommes.
Originaire des Alpes et passionnée de montagne, Virginie Troussier nous livre un récit dense et haletant, reconstruisant fidèlement les faits, jour après jour, mais nous donnant aussi à ressentir au plus près ce qu’ont vécu, physiquement et mentalement, ces naufragés du Mont Blanc. Au-delà du drame, son texte se fait aussi une ode vibrante à l’amitié et à ce si ardent désir de vivre, qu’à condition d’une certaine hauteur d’âme, il peut vous faire quitter confort et sécurité pour tutoyer quelques sommets.
Récit vivant, prenant et sans pathos, d’une aventure sportive transformée en tragédie, ce livre dont l’élégance se retrouve jusque dans le titre, joliment détourné de Camus, est aussi une vertigineuse occasion de toucher du doigt le curieux mélange de grandeur et de vulnérabilité humaines, en jeu dans la recherche du dépassement de soi et de la sensation ultime. Un bien bel hommage à ces sept hommes : Walter Bonatti, Robert Gallieni et Pierre Mazeaud pour les survivants, Andrea Oggioni, Antoine Vieille, Robert Guillaume et Pierre Kohlman pour les autres.
Juillet 1961, quatre français et trois italiens se retrouvent à la cabane refuge de La Fourche située sur les parois du toit de l’Europe : Pierre Mazeaud, Pierre Kohlmann, Antoine Vieille, Robert Guillaume, Walter Bonatti, Andrea Oggioni et Roberto Gallieni. Ensemble, le soir du 9 juillet, ils décident d’unir leurs rêves et leurs forces pour conquérir ce qui n’a jamais encore été fait : le pilier central du Fréney, 700 m de roche s’élevant comme une cathédrale vers les cieux savoyards. Ils partirent à sept, ne revinrent que trois.
Même pour les plus jeunes, tous étaient des alpinistes confirmés et prudents, l’union faisant la force, deux figures allaient agir comme un catalyseur de motivation, Pierre Mazeaud et Walter Bonatti . Mais cet été là, une terrible dépression météorologique s’abattit en Europe : immense tempête en Atlantique faisant une soixantaine de morts parmi des marins espagnols et en Bretagne une lutte de tous les instants pour retrouver les disparus. Dans les Alpes, le temps semble au beau fixe, les bulletins météo sont rassurants. Pourtant de terribles orages vont sévir pendant plus de 48 heures sur le massif du Mont-Blanc transformant le rêve en cauchemar.
Malgré ce drame, qui hélas n’est pas unique, ce récit est un hymne à la vie et comme le soulignait Jean d’Ormesson « Il y a quelque chose de plus fort dans la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Virginie Troussier, dans une écriture grimpant sur les cimes de la beauté, met toute son âme pour rendre hommage à ces combattants de l’impossible, à ceux qui ont envoyé leur dernier souffle dans la neige et la glace et à ceux qui ont pu sortir des griffes des intempéries pour ensuite raconter l’inénarrable.
Ce livre est un roc, si intense qu’on en viendrait à en trembler en espérant que chacun arrive sain et sauf à Chamonix bien que l’on sache que la Grande Faucheuse a emporté Antoine Vieille, Robert Guillaume, Pierre Kohlmann et Andrea Oggioni.
L’homme ne peut rien contre les éléments qui se déchainent mais dans cette violence, la journaliste littéraire arrive à glisser des pages oniriques, à accrocher des pitons de poésie et à poser son regard sur chacun des protagonistes comme si elle avait vécu avec eux ce radeau de la Méduse version montagnarde. Virginie ne raconte pas, elle hume, elle ressent, du rayon de soleil qui convertit la glace en joyaux adamantins au foudroyant tonnerre aveuglant toute remontée ou descente.
De longues voies sont consacrées à Walter Bonatti et à Pierre Mazeaud avec une saine explication sur leur comportement irréprochable bien que certains ont tenté au moment des faits de leur trouver une responsabilité, la vox populi ayant parfois une tendance bien amère à honorer les rescapés… Pourtant, cette équipée était soudée, ils regardaient tous dans la même direction dans l’espoir de vaincre l’inaccessibilité. Par ces pages, l’écrivaine donne une victoire aux sept alpinistes : celle d’avoir remporté la cordée de l’amitié.
Blog Le domaine de Squirelito => https://squirelito.blogspot.com/2021/06/une-noisette-un-livre-au-milieu-de-lete.html
"Rien ne me fascine plus, ne me projette réellement hors de moi, que le geste d'un sportif de haut niveau. Quelque chose éclate, tant il y a d'énergie et de beauté mêlées. Une fulguration d'une puissance à vous flanquer par terre, qui n'a nul précédent et ne se répètera jamais plus."
Ainsi débute le récit de Virginie Troussier, par ces mots que j'aurais pu écrire tant ils reflètent très exactement ce qui me pousse à croire que le sport est le plus merveilleux spectacle au monde, celui qui me procure le plus d'émotions, d'étoiles dans les yeux et de frissons dans tout le corps. Non, ces champions n'ont rien d'ordinaire et cette exploration attentive des recoins de leurs esprits vise à tenter de saisir ce qui mène à l'extraordinaire. Supporters du dimanche, commentateurs de café du commerce passez votre chemin. Il est ici question d'amour, d'admiration, de courage, d'abnégation, de résilience. De force physique et de finesse mentale. De victoires et d'échecs. De ressources au-delà d'humaines.
Virginie Troussier est journaliste, écrivaine, sportive pratiquante et passionnée. Pour recueillir la matière de ce livre elle a rencontré longuement 16 athlètes, champions et championnes dans des disciplines très différentes, parfois méconnues du grand public. Antoine Albeau (l'un des plus grands palmarès de la voile), Léonore Baulac (danseuse étoile), Vincent Clerc (67 sélections en équipe de France de rugby), Justine Dupont (multiple championne du monde de surf), François Gabart (record de rapidité du tour du monde en solitaire à la voile), Bernard Hinault (vainqueur de 5 tours de France), Muriel Hurtis (championne d'Europe du 200m et du relais 4 x 400 m), Arnaud Jerald (apnéiste, l'un des meilleurs du monde), Michaël Jeremiasz (tennis en fauteuil, 4 médailles aux Jeux paralympiques), Bixente Lizarazu (international de football, champion du monde en 1998), Aurélie Muller (natation, multiple médaillée en bassin puis en eau libre), Sarah Ourahmoune (boxe, médaillée d'argent à Rio), Isabelle Severino (gymnaste, première médaillée française dans une compétition mondiale), Adrien Théaux (skieur aux multiples podiums en vitesse) et Xavier Thévenard (champion d'ultra-trail). Je tenais à les citer tous car ce qu'ils livrent est riche, précieux, intense et impeccablement mis en valeur par l'écoute, la sensibilité et le travail de Virginie.
Il y a d'abord ces mini-portraits pleins de vie, habiles à saisir l'essentiel, le piquant et le singulier en moins de vingt lignes. Parfaite introduction avant d'entrer dans le vif du sujet où vont s'intercaler au fil des chapitres, mises en perspective de l'auteure et sélection de verbatims des champions. De la genèse de l'athlète à l'accomplissement du champion, des ressources physiques au travail mental, de la concentration à la résilience, de la volonté propre à l'apport de l'entourage, l'alchimie subtile se laisse deviner sans jamais complètement briser le mystère, la magie qui mène parfois à la légende. Ce que le sport exige est extrême ; ce que le spectateur voit en compétition n'est que le millième de ce que produit le sportif au cours de sa vie. Et ce travail autant physique que mental, ces heures passées dans l'ombre sont la condition d'où émergera peut-être l'exploit. Ces quelques minutes où tout est exactement aligné comme il faut, que certains appellent la grâce et qui s'apparentent à une œuvre d'art. Cette sensation si éphémère et voluptueuse de la perfection à l'instant t. Le sport est un art et ceux qui le pratiquent sont des artistes dont on connaît un peu mieux les pensées grâce à ce livre et à la passion contagieuse de son auteure. A mettre entre toutes les mains des amoureux du sport.
"A chaque départ, il y a ces quelques secondes qui perlent sur les tempes, un temps infime suspendu au-dessus du vide et de l'inconnu, des tremblements qui traversent, le sang qui se disperse en rafale, un peu d'âme qui butte contre les dents et la poitrine qui se dilate."
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
On dit que 7 est un chiffre magique. Qu’il est le chiffre de Dieu. Qu’il est un porte-bonheur.
1961, par le pilier central du Frêney, dans la paroi sud du Mont-blanc, ils sont 7 alpinistes. Italiens et français. Passionnés, aguerris. Fous de s’être embarqués ainsi.
Dans la cordée, deux hommes : Mazeaud et Bonatti. Ils sont fils de la montagne. Deux animaux grimpeurs, à sang-froid. Dans cette montée, il y a de la joie. Après tout, on annonce du beau. Dans quelques heures, ils seront à jamais les premiers à escalader ce flan. Dans quelques heures seulement.
1961, par le pilier central du Frêney, dans la paroi sud du Mont-blanc, l’orage éclate. Les cordes se ramassent à la pelle, les déflagrations aussi.
Les Dieux ont dit : “vous ne passerez pas !” Et ils ne passeront pas !
Alors deux voies, qu’ils n’avaient pas imaginées, s’ouvrent à eux : continuer et mourir ou redescendre et mourir.
Virginie Troussier trempe sa plume dans les crevasses des montagnes. Là, où les hommes qui dévissent, se précipice.
La montagne est un tombeau à cœurs ouverts.
Le récit est haletant, palpitant, il nous faut parfois reprendre notre souffle. Nous ne sommes ni Mazeaud, ni Bonatti. Nous n’avons pas l’habitude des hauteurs. De l’air qui se raréfie. Du froid qui s’engouffre sous les pores de la peau. Nous ne savons rien des gelures qui, aux extrémités des membres vous paralysent. Le vent, la faim, la peur, nous ne savons rien, mais, en lisant ces lignes, nous en avons la troublante perception.
C’est ce qui fait la force de cet ouvrage. Nous donner à ressentir ce que les hommes éprouvent. Alors on hésite à lâcher le livre, car cela serait les condamner à une mort certaine. Il faut rester éveiller pour comprendre, pour les accompagner, les encourager. Pour savoir ce qui va bien pouvoir leur arriver.
Ce n’est pas tant l’histoire qui importe, mais comment elle est racontée. Et pour cela, Virginie Troussier est passée maître en la matière. Elle a l’écriture voyageuse. Amoureuse de la montagne et de la mer. Elle a l’âme aventurière.
Les hommes et la montagne, oui, maintes fois racontés. Maintes fois racontées, mais rarement, si joliment écrit.
Alors, munissez-vous de mousquetons, de piolets, de pitons… la voie est libre. Du moins jusqu’au pilier central du Frêney, dans la paroi sud du Mont-Blanc. Après…
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