"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'avantage des challenges des lecteurs de Babelio, et notamment le Challenge Riquiqui, c'est qu'il faut parfois fouiller au plus profond des Billy ou des liseuses pour trouver les titres qui correspondent au thème !
Cette fois, pour avoir un roman de moins de 200 pages répondant au thème 'Faune', j'ai déniché ce roman de Tony Hillerman : "La mouche sur le mur".
Un Hillerman complétement différents de tous ceux que j'ai pu lire jusque là, car on n'y retrouve ni Jim Chee ni Joe Leaphorn, les policiers navajo, mais un journaliste du Nouveau-Mexique (quand même) travaillant à Washington.
Une nuit, alors qu'il boucle un article, un de ses collègues entre bien éméché dans la salle de presse et lui souffle qu'il a mis le doigt sur un énorme scandale, dont, vu l'ampleur, il est prêt à partager la divulgation.
Sur ce il quitte la salle, et quelques instants plus tard bascule de la rotonde du Capitole t s'écrase au sol quelques étages plus bas !
Cotton décide de remonter la piste ... non sans mal, et dérange quelques huiles et leurs hommes de main !
S'en suit une dangereuse partie de pêche sur les hauteurs de Santa Fe, un retour rocambolesque à Washington et la découverte de beaux détournements d'argent public.
Dans une ambiance de film noir, tout droit sorti des années 50 ou 60, ce film met au jour les pratiques douteuses d'avant le scandale du Watergate ... Mais cela a-t-il beaucoup changé depuis.
Un roman cependant inégal où la première partie traîne un peu en longueur avant une accélération très nette dès l'arrivée au Nouveau Mexique puis au retour dans la capitale.
Un roman qui éclaire les autres facettes du talent de l'auteur, qu'il a laissé en sommeil pour se consacrer au peuple et à la police navajo.
A la fin des années 1900, un peu moins de dix ans avant sa mort, Tony Hillerman, célèbre auteur de romans policiers ethnologiques, éprouva le besoin de se raconter. Ainsi est né "Rares furent les déceptions". Hillerman y décrit son enfance, dans une ferme pauvre de l'Oklahoma, puis son adolescence, des périodes dont il conservera de saines valeurs. Puis il s'attarde sur sa guerre, dans l'infanterie américaine participant à la libération de l'est de la France en 1944. Enfin il parcourt sa vie d'adulte : étudiant en journalisme, puis journaliste ; enseignant universitaire bien décidé à devenir auteur de roman. Il nous livre au passage quelques clés de son travail d'écriture. Et surtout, il n'oublie pas sa famille : Marie, son épouse et soutien indéfectible, Anne, sa file de sang, Janet, Tony, Monica, Steve et Dan, ses 5 enfants adoptés.
J'ai envie de retenir quelques mots de cette autobiographie :
- Optimisme : il ne l'a pas écrit, mais Hillerman a du faire sienne la devise "Dans la vie, il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions".
- Empathie : on en sent beaucoup chez Hillerman, pour la famille (frère et soeur, épouse, enfants), les amis, les camarades de guerre, les collègues...
- Courage : Hillerman n'en a pas manqué pendant la guerre, même s'il en parle avec un peu de dérision. Il lui en faudra également pour décider d'abandonner son métier de journaliste afin d'assouvir sa passion pour l'écriture, alors qu'il a en charge 6 enfants.
- Chance : celle d'être revenu de la guerre pas trop amoché, un peu quand même, physiquement et psychologiquement. Celle également d'avoir rencontré Marie.
- Simplicité : Hillerman nous raconte une vie somme toute assez extraordinaire avec une grande simplicité, presque comme si cela était très naturel.
Tony Hillerman a écrit cette autobiographie avec ses talents de conteurs. L'exercice, souvent un peu pesant, devient ici aussi léger qu'un roman, et se lit avec la même envie. Bravo maître !
Les enquêtes de Tony Hillerman sont bien ficelées, d’une trame assez classique. Mais ce qui fait leur intérêt majeur, c’est qu’elles ont aussi une dimension ethnologique, permettant de découvrir la culture des peuples indiens présents au Nouveau-Mexique, navajo, hopie, zuñie, notamment, avec, dans le décor, les mystères anasazis.
Les cérémonies et les coutumes de ces peuples sont fortement présentes et détaillées, en insistant notamment sur la dimension orale de leur culture, sur la place du chant dans les cérémonies, sur la façon dont la mort est perçue. Naturellement, les ravages liées à l’alcool, dans les populations parquées dans des zones « réservées » sont abordés, ainsi que les problèmes récurrents liés à l’intérêt porté par les entreprises aux réserves présentes dans certains sous-sols. On y retrouve également la dimension sacrée donnée par ces peuples aux montagnes, et on y découvre (en tout cas, ce fut mon cas) les « peintures » de sable, acte chamanique sacré destiné à obtenir une guérison. Cette dimension anthropologique, on peut la retrouver, pour les peuples crow et cheyenne, chez Craig Johnson, dans sa série mettant en scène le shérif Walt Longmire, qu’il faudra également traiter ici…
Les enquêtes de Tony Hillerman ne sont jamais menées tambour battant. Il faut savoir attendre, faire preuve de patience, et, surtout, accepter de se plier à des traditions qui nous sont inconnues. Comme le montre la citation donnée au début de cette chronique, il faut savoir décrypter, par delà l’agitation du monde, les vrais ressorts de l’existence… comme les mouvements des bousiers ! Mais le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Alors, si vous voulez en découvrir davantage sur les amérindiens – j’avoue, mes uniques connaissances venaient, avant de lire Hillerman, de westerns dont la précision ethnologique est, pour le dire gentiment, inégale -, pas d’hésitation : rendez-vous dans votre librairie préférée, rayon des policiers, et demandez Là où dansent les morts (et Little Bird, de Craig Johnson, chronique à venir) !
j'aime tous les romans, oui tous les romans policiers navajos de TONY HILLERMANN prenants, dans cette ambiance de réserve, de coutumes chamanes...un inspecteur à l oeil aiguisé!
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