"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J.-C. Deveney et Tommy Redolfi nous offrent un récit choral poignant et sensible tout en nous plongeant dans un paysage de fin du monde. Ici pas question de héros qui sauvent l’humanité, mais des vies qui s'entremêlent avec des personnages qui révèlent leurs forces et leurs vulnérabilités face à l’imminence de la fin. Une
galerie de personnages attachants, différents et fascinants. Secrets, traumatismes du passé, fardeaux et culpabilité. Ce livre est dans le même format que The Electric State de Simon Stålenhag. Des histoires souvent sans parole et des tranches de vie émouvantes et éprouvantes.
5h46
La neige , le froid... mais le bus est bien à l'heure, comme tous les matins, pour Floyd et Hollie qui partent travailler. Floyd, son surpoids, ses absences, Hollie, infirmière à domicile, inquiète pour son fils Elijah.. Et un météore, détectée par des astronomes amateurs canadiens, dont la trajectoire semble devoir frôler la Terre, voire même causer un impact majeur. Les messages alarmants se multiplient...
"Dans la vie, il n'y a pas de personnages principaux et de personnages secondaires. On a tous notre rôle à jouer".
Cet album est l'occasion de retrouver le duo Deveney-Redolfi déjà vu dans Empire Falls Building en 2021 chez Noctambule. Le scénariste Jean-Christophe Deveney propose un récit choral surprenant dans une ambiance de fin du monde pesante et sombre. On suit plusieurs personnages, plus ou moins abîmés par la vie, des invisibles du quotidien, qui ne font que passer, un sentiment renforcé par ce météore qui approche....
Dans un très beau format à l'italienne, Tommy Redolfi illustre magnifiquement cette histoire. Dans des pages presque toujours à six cases, il dessine ces personnages dans un rythme lancinant. Le bleu froid de cette belle couverture est très présent, la neige et le vent le sont aussi.
Les météores est une belle surprise de ce mois d'octobre. Un format original et un récit qui l'est tout autant, autant de raisons pour se plonger dans cette "histoire de ceux qui ne font que passer".
Une galerie de personnages touchants dans un monde en perdition.
Dans une ambiance cotonneuse et mélancolique, la fin du monde approche. Mais est-ce bien sûr d'ailleurs ? La vie, elle, continue dans cette attente.
La neige est un des personnages de ce récit, pesante mais aussi réconfortante, elle enveloppe et absorbe des histoires de vie. De nombreuses histoires, chacune face à ses injustices, ses difficultés, la banalité de son quotidien. On y rencontre par exemple un jeune homme ayant régulièrement des absences et qui a besoin d'un tuteur pour veiller sur lui, une mère de famille qui tente de concilier son travail d'infirmière et sa relation avec son adolescent. Pas des supers heros donc. Quoique... leur passage dans l'atmosphère terrestre mérite en tout cas qu'on s'attarde sur eux et qu'on apprenne à les connaître.
Un brin poétique ce scénario de JC Deveney est illustré et colorisé par Tommy Redolfi. Un duo qui n'en est pas à son coup d'essai.
Le trait délicat de Redolfi met en évidence les fêlures des personnages et donne des décors bien construits. Le dessinateur joue habilement du format et des cases qui en découlent.
Un bel album dans un format atypique.
Merci à #NetGalley et aux editions Delcourt pour cette découverte !
Cette bande dessinée s’ouvre sur une rêverie tragique. Un homme en costume cravate se prépare avec nonchalance à sauter du haut d’un immeuble, dont on ne connaîtra le nom et la réputation que plus tard, et se retrouve happé par le ciel. En quelques images, des couleurs sombres et nuancées, les auteurs se jouent de la pesanteur et d’une certaine tragédie. Il y a une pesanteur qui est déjà là et servira de fil rouge sensible à l’histoire. Edgard se retrouve dans cet immeuble qui le lieu, le territoire et, d’une certaine manière, le temps de toute la narration. On voyage complètement dans ce bâtiment dont les frontières restent floues et fascinantes, d’autant plus que le point de vue est celui d’un artiste en herbe, peu confiant, porté par ses émotions et ses rêves. Edgard n’a pas conscience de la réalité et une fois dans l’immeuble, il perd pied entièrement.
La bande dessinée se déploie au coeur d’un lieu clos tout en poussant les murs. La narration colle bien à la puissante ambition de l’homme d’affaires et aux espoirs de l’architecte. Les calques reprenant les dessins de l’artiste viennent se coller aux pages de la bd, apportant un niveau supérieur de projection. Et c’est l’une des forces du récit, laisser de l’espace à ce que les personnages imaginent. Rien n’est jamais vraiment dit, vraiment fait. Tout est rêvé, ça donne autant d’espoir que de déceptions. Les personnages avancent donc sur le fil de cet équilibre émotionnel, la chute n’étant jamais bien loin.
Pour éviter d’entretenir trop de flou et ainsi perdre le·la lecteur·rice, les dessins donnent de la matière faisant des personnages et surtout leurs visages des territoires marqués par le temps et les émotions. Edgard nous apparaît d’abord comme un enfant, un visage lisse sur lequel tout glisse. Au fur et à mesure, il est plus à l’épreuve, se perdant dans ce projet architectural. La fatigue se fait sentir, ses nuits sont troublées par divers bruits et il vieillit. Le temps passe et alourdit chacun. L’épouse de l’homme d’affaires présente un visage figé dans le temps et un regard très inquiet. Elle est autant une source de joie que de peur. Elle est mise en scène comme une figure antique distillant une certaine magie. Les autres personnages, l’homme d’affaires et le régisseur, ont des visages marqués, dont la chair prend le dessus sur la vie. Ce sont des statues de viande. Ils en imposent tout en étant effrayant. Ce travail graphique marque chaque apparition et donne l’impression d’une vitalité sanguine qui se serait évanouie. A contrario, un client de l’hôtel aux cheveux longs est plus souriant, encore animé par une vie, moins absorbé par l’immeuble. Il y a une véritable relation charnelle entre certains personnages et le bâtiment. Celui-ci, oeuvre de plusieurs vies d’architectes, semble avoir vampirisé ses créateurs, captant leur énergie pour mieux atteindre le sommet et les cieux.
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