"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1967, pas encore trentenaire, Tiziano Terzani obtient une bourse pour étudier à l’université Columbia. Il s’installe à New York avec sa femme et écrit des articles pour un magazine italien L’Astrolabio.
La période est intense et compliquée pour les États-Unis : la lutte pour les droits civiques, l’assassinat de JFK encore très présent puis ceux de Bob Kennedy alors candidat à l’investiture démocrate, de Martin Luther King, le Black Power… Puis il y a la guerre du Vietnam qui occupe tous les esprits et mobilise toute une génération contre elle.
Tiziano Terzani fait montre d’un instinct de grand reporter. Il explique, dissèque la démocratie américaine, sa constitution, son système d’élection qu’il ne juge pas digne d’un si grand pays : «Cependant onze ans plus tard, au moment de rédiger leur Constitution, la nature élitiste de la société et le maintien de sa structure de pouvoir ne pouvaient être remis en question, et lorsqu’ils ont établi le mécanisme par lequel les différents présidents des États-Unis seraient choisis jusqu’à ce jour, les Pères fondateurs ont renoncé aux idéaux d’égalité et de démocratie.»
C’est troublant de voir que la société a évolué mais qu’il reste encore, presque 60 ans plus tard, des stigmates de ces années-là et que les luttes de l’époque contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, pour l’égalité des droits sont toujours d’actualité et qu’elles risquent de l’être toujours plus avec l’arrivée en masse et partout d’élus populistes, Trump en tête.
Il y a tant à dire sur les écrits de l’auteur, mais surtout qu’ils sont instructifs, qu’ils permettent de mieux comprendre l’actualité et la société, et même lorsqu’ils ont 55 ans ! Si vous ne connaissez pas encore Tiziano Terzani, précipitez-vous chez Intervalles qui publient ses écrits.
J’ai découvert Tiziano Terzani, journaliste italien, dans son livre retraçant son voyage en U.R.S.S lors de la chute du communisme.
Cette découverte se poursuit avec une œuvre de jeunesse, pourrait-on dire. Les premiers pas d’un jeune homme qui décide de quitter son métier dans une entreprise vendant des machines à écrire, pour une bourse d’études de deux ans aux États Unis, qui lui permettra de faire ses armes en tant que journaliste. En effet, Tiziano Terzani enverra chaque semaine à l’Astrolabio, journal italien, un article sur les États-Unis.
Et il faut dire que la période offre matière à analyse : la fin des années soixante sont une période tumultueuse entre guerre au Vietnam, lutte pour les droits civiques, révoltes étudiantes etc
Dans ce livre sont donc regroupés les articles du journaliste, souvent précédés d’un paragraphe de contextualisation.
Il est très intéressant de lire ses chroniques avec le recul qui est le nôtre, de voir si les analyses de ce journaliste en devenir sont toujours pertinentes, de voir ses opinions de gauche se confronter à la réalité politique de ce pays qui sera sa terre pendant deux ans.
Si j’ai trouvé le propos parfois un peu aride à suivre, car la politique américaine de cette époque n’est clairement pas mon fort, j’ai apprécié lire certaines analyses qui demeurent fort actuelles, notamment sur la violence dans les ghettos.
Si vous aimez avoir un éclairage différent sur cette période de l’histoire, je pense que ce livre pourrait vous plaire.
Si au contraire, la politique ne vous passionne guère, je vous conseille de passer votre chemin.
Le nom de Tiziano Terzani ne vous dit peut-être rien. Il s’agit pourtant d’un grand reporter italien, qui semble avoir vécu plusieurs vies en une seule.
En août 1991, le voilà embarqué pour une croisière sur le Fleuve Amour. L’occasion de découvrir ce fleuve légendaire en compagnie de compatriotes russes et chinois.
Seulement, l’Histoire se mêle à leur histoire lorsqu’un putsch éclate à Moscou donnant, ainsi, une nouvelle perspective au voyage.
Terzani souhaite se rendre à Moscou pour observer les événements depuis la capitale, l’œil du cyclone.
Mais les événements vont se jouer de lui. Le putsch est un échec qui sonne le glas du bloc communiste.
Le journaliste décide d’analyser cet événement majeur mais, cette fois-ci, depuis la périphérie, lors d’un périple qui va le conduire au sein des républiques socialistes d’Asie centrale. Avec une question centrale : comment le communisme pouvait-il mourir ?
Car oui, si le bloc de l’ouest avait tendance à ne voir en l’URSS qu’un bloc monolithique, les républiques socialistes vont reprendre dans la foulée leur indépendance.
Le journaliste va vite réaliser que souvent, elles vont se trouver confronter aux mêmes difficultés : des communistes au pouvoir qui vont juste changer d’appellation, la montée du fanatisme religieux et des forces démocratiques exsangues.
Le journaliste livre le témoignage, parsemé d’anecdotes, d’un système communiste gris et sombre ayant échoué dans son projet. D’une corruption et d’une manipulation généralisées. D’une spécialisation des productions conduisant à l’interdépendance et l’appauvrissement des états satellites.
Un tel témoignage, avec toute la subjectivité d’un homme, offre un point de vue intéressant sur les événements racontés dans les livres d’histoire. Une vision plutôt critique du monde socialiste, que j’ai eu plaisir à parcourir avec un ordinateur à mes côtés pour voir si les prévisions de l’auteur se sont révélées justes ou non.
Un livre qui se savoure et donne envie de voyager !
Tiziano Terzani (1938-2004) était un journaliste italien qui a travaillé pour Der Spiegel. J'ai lu trois de ces livres, quatre en comptant celui-ci : Lettres contre la guerre et Un devin m'a dit, plus Un autre tour de manège non recensé. A chaque fois, ce fut un coup de cœur. Tiziano Terzani a le don et le talent de nous instruire sans nous lasser, c'est un pédagogue et un raconteur hors pair.
Cette fois-ci c'est son voyage sur le fleuve Amour, frontière entre la Russie et la Chine et donc source d'une tension terrible depuis longtemps, l'URSS ayant annexé des territoires -une habitude sans doute- qui appartenaient à la Chine. Des deux cotés du fleuve, des postes d'observation et des consignes pour ne pas le franchir. Le contexte du voyage est particulier en plein Putsch de Moscou mené par des durs du parti communiste russe refusant l'ouverture de Gorbatchev. Ce qui a fait le pays depuis 1917 vacille, mais loin de Moscou la tension n'est pas si palpable que cela. Il faut que l'information parvienne aux habitants de ces coins reculés et qu'elle les concerne directement dans leur quotidien, ce qui n'est pas flagrant.
Cela fait bizarre de lire ce livre paru en 1993 en Italie en ce moment de tension internationale extrême, de guerre, entre l'Ukraine et la Russie. Ce conflit qui nous voit complètement impuissants face à l'autocrate Poutine et ses délires d'expansion. Sans doute ce livre de Terzani permet de mieux comprendre la situation actuelle : voilà trente ans que la pays est passé du communisme au capitalisme et de l'URSS à la Russie, mais il a toujours cette volonté de puissance et d'unité -c'est un pays qui a toujours eu besoin d'un homme fort, d'un dur, très incarné depuis quelques années. C'est un pays rude, notamment dans les régions que l'auteur visite, la Sibérie peut être hostile. "La Sibérie a été le pays du Goulag. Chaque ville a sa propre collection d'histoires à frissonner d'horreur. Les chemins de fer, les ports, les routes de la région ont été construits par le travail forcé de centaines de milliers de prisonniers. Et bien que les noms officiels des lieux soient, comme partout, "Lénine", "Karl Marx", "Communisme", les gens disent "Rue des Os" ou "Allée des crânes", à cause du nombre de forçats morts pendant leur construction. C'est en Sibérie que Staline a tenté de réaliser son rêve de développement socialiste. C'est ici, afin de réveiller cette "Terre endormie", afin d'extraire les immenses richesses de cette région recouverte la moitié de l'année par une couche de glace, que Staline a envoyé des centaines de milliers de ses victimes." (p.71/72)
C'est un pays à l'histoire dense que Tiziano Terzani raconte au fur et à mesure de son avancée sur le fleuve et de ses rencontres des différents peuples assimilés de force. Pourvu qu'ils n'en soit pas de même avec les Ukrainiens. Les Russes des lointaines contrées sont souvent moins bien informés ce qui, de nos jours est peut-être moins vrai, encore faudrait-il que le pouvoir en place n'enferme pas les opposants, ne règne pas sur les médias voire ferme ceux qu'ils ne peut contrôler. Instructif et éclairant.
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